Adèle Ponticelli - Publié le 6 juillet 2015
MATÉRIAU - Le béton fera bel et bien partie de notre futur. Tactile, translucide ou connecté, il a encore de l'avenir dans nos maisons.
Il fut un temps où il ne rimait qu'avec poussière, grisaille et barres HLM délabrées. Ce temps-là est révolu. Le béton est roi. Et son règne n'est pas près de s'achever tellement il suscite d'innovations dans son sillon. Il s'étale, il s'élève, il s'éclaire. Voyons comment le béton est un matériau de notre futur.
Imaginez. Demain vous touchez votre mur, tapez trois fois et la lumière de la pièce s'allume. Cela pourrait bien devenir possible grâce aux recherches de l'artiste Heike Klussman et l'architecte Thorsten Klooster qui développent des bétons conducteurs. Les deux Allemands ont déjà à leur actif une innovation primée : un béton luminescent (lien en anglais).
"Les nouvelles technologies arrivent au niveau du béton, on en est au début", explique Patrick Rougeau, directeur de la division matériaux et technologie du béton au Cerib (Centre d'études et de recherches de l'industrie du béton). "Les structures en béton vont gagner en fonctionnalités et en capacité d'échanges avec leur environnement."
L'utilisation des nouvelles technologies, tels que les capteurs de présence, de température, d'humidité... transforme le béton en un matériau interactif. Ces innovations vont contribuer notamment de l'essor de la domotique, cet ensemble de technologies qui permet d'automatiser et de piloter l'énergie, la communication et la sécurité de nos maisons. Incontestablement, l'association d'un matériau de très haute durabilité et de technologies high-tech constitue un atout dont bénéficieront chacun d'entre nous.
Là où il était nécessaire d'installer des capteurs à l'extérieur, la technologie fera partie intégrante du béton. "Le béton sert de récepteur, de média et d'émetteur de données pouvant être réutilisées", précise Patrick Rougeau. Par exemple, des seuils de porte qui deviennent des capteurs, des façades interactives qui s'illuminent quand une personne passe le long, des escaliers qui détectent la présence, etc.
Vous connaissez peut-être les bétons translucides. Un béton de construction, dans lequel sont incorporées des fibres optiques, qui laisse passer la lumière. La recherche dans le secteur est en train de développer des versions numériques capables de laisser ou non passer la lumière, comme des sortes de persiennes numériques. On espère les voir bientôt dans nos chaumières !
Un béton léger est lui déjà accessible. Réalisé à base de roche volcanique ou d'argile expansé, il est à haute performance thermique et permet une meilleure isolation. On peut aussi compter sur le béton autoplaçant, un béton qui se coule tout seul, sans toupie donc sans bruit qui pourrait gêner les voisins.
Béton bientôt écolo ?
Pour réduire l'empreinte carbone du béton, les industriels développent de plus en plus du béton fabriqué avec moins de ciment pur. Pourquoi ? Car la production de ciment est à l'origine de 2,7% des émissions de CO2 en France (Le Moniteur n° 5603). Ce composant du béton est alors remplacé par exemple par des cendres volantes récupérées dans les cheminées des centrales à charbon ou encore par du calcaire finement broyé.
Recycler le béton permet aussi de limiter son impact environnemental. Ainsi, un projet national, recybéton, travaille sur la réintroduction dans la production de granulats de béton usagé.
Bientôt, le béton pourrait même rééquilibrer sa balance énergétique. Comment ? En produisant de l'énergie. En effet, une équipe de recherche de l'Université de Kassel en Allemagne développe un béton qui fonctionne comme un panneau photovoltaïque.
Il recueille l'énergie solaire, notamment grâce à du jus de fruit (voir la vidéo ci-dessus), pour, à terme, produire de l'électricité. La lumière viendra du béton, n'en doutons plus.