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SMARTCITY - Gestion du trafic en temps réel, collecte pneumatique des déchets, et multiples caméras de surveillance. Bienvenue à Songdo, ville ultra connectée.

Au commencement, il n'y avait rien, juste la mer Jaune et ses marais. Des territoires qui ont été artificialisés, permettant aux humains de gagner 610 hectares de terre depuis 2003.

610 hectares sur lesquels se dresse aujourd'hui Songdo, ville nouvelle bardée de gratte-ciel rutilants, sortie tout droit d'un partenariat public-privé qui a un objectif ambitieux : faire de Songdo un modèle de ville du futur, exportable dans toute l'Asie, à l'horizon 2018.

© Arthur Lecoeur

Gale International, un fond d'investissement immobilier américain, Posco, un groupe coréen, quatrième producteur d'acier mondial et la banque américaine Morgan Stanley ont ainsi mis sur pied un laboratoire d'expérimentation à l'échelle de la ville. Le tout, pour un budget de 35 milliards de dollars.

Pourtant, lorsque l'on parcourt les larges allées de Songdo, rien ne semble la différencier de de Sydney, New-York, ces villes aux skylines impressionnantes. Avec ses larges avenues et son immense poumon vert aux faux airs de Central Park, Songdo cache bien son jeu.

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Songdo, ville verte ?

Cette ville nouvelle dissimule aux regards son ultra modernité technologique et logistique : “99 % des stationnements de la ville sont souterrains, les déchets domestiques sont directement captés des logements pour être envoyés via des canalisations, vers l'usine de recyclage”, énumère Lee Ui-Hwan, responsable de la communication d'Ifez, la zone économique spéciale d'Incheon dont Songdo est l'épicentre.

Le système de collecte et de filtration de l'eau de pluie est situé sous le terrain de golf et tous les immeubles sont dotés de panneaux solaires.”

Car en plus de viser l'étiquette de la ville ultra connectée, Songdo se veut une ville verte. “Ce qui peut être discutable”, estime Kim Hwanyong, vice-directeur de l'Université Nationale d'Incheon.

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Il a fallu assécher des marais avant de pouvoir commencer à la construire. Ce qui n'est pas tout à fait écologique”, poursuit celui dont le père a travaillé à la création de Songdo, il y a une dizaine d'années.

Un quotidien optimisé par le numérique

Mais, ce qui fait la fierté de ces concepteurs est davantage son côté ville ubiquitaire. Une ville connectée qui met son intelligence au service des citoyens.

Ici, pas un mètre carré n'échappe au numérique. Vous sortez de votre immeuble ? Votre plaque d'immatriculation est scannée, et le scanner envoie à la base l'information qu'une nouvelle voiture se rend sur le réseau routier. De quoi éviter la formation de bouchon, en informant, en temps réel, les automobilistes du trafic.

Le matin, lorsque je sors de chez moi, je sais que je ne risque pas de tomber dans les bouchons”, confirme Seon Kim, une jeune maman de deux enfants, venue s'installer à Sondgo il y a un an.

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Ici, il n'y a jamais de problème. Tout semble être arrangé pour que les habitants ne soient dérangés.” Les 500 caméras installées à travers la ville sont également là pour renforcer ce sentiment de sécurité. 

La municipalité connaît aussi la consommation énergétique de chaque bâtiment, afin de mieux gérer les flux d'énergie et donc de faire des économies.

Une ville au service des citoyens

Et le mobilier urbain, lui aussi connecté, transmet de nombreuses données au système central comme par exemple densifier ou non, le nombre de bus aux heures des migrations pendulaires. Toujours, dans le but de rendre la vie des 120 000 habitants de Songdo plus confortable.

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Il peut être difficile de faire accepter aux gens que leurs données vont être prélevées. S'ils ne savent pas ce que la ville va en faire, ils peuvent être réticents et cela peut bloquer l'envie de s'installer ici”, explique Kim Hwanyong, vice-directeur de l'Université Nationale d'Incheon. 

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Mais si ces données peuvent servir leur vie personnelle, leur éviter de rester bloquer dans des bouchons, ou de ne pas avoir à attendre des heures un rendez-vous médical à l'hôpital, l'appréhension se dissipe.

Une ville qui peine à se remplir

Seule ombre au tableau de cette smartcity ultra développée, pour ses créateurs : son faible niveau d'occupation. Lorsque l'on traverse la ville, les rues semblent vides, seule une poignée de personnes semble profiter du soleil dans le parc. Pourtant, des grues s'affairent encore dans des terrains en friche pour faire sortir de terre des immeubles derniers cri.

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La ville, aux loyers moins chers que ceux de Séoul, peine à séduire. Elle compte 120 000 habitants, un chiffre assez éloigné des 250 000 espérés par les promoteurs à l'horizon 2018, dans moins d'un an donc.

Séduire les habitants est peut-être le vrai challenge de ces villes nouvelles du futur.