Matthieu M. - Publié le 14 novembre 2019
PÉDAGOGIE - Produits toxiques, risques de brûlures ou de chutes : interdire ne suffit pas, l'important est d'enseigner la culture de la prévention aux plus jeunes.
Les accidents domestiques sont la première cause de décès chez les enfants de 1 à 14 ans, selon une étude de 2018 de l'association Attitude Prévention.
Fort heureusement ces drames peuvent être évités ! Alors que 90 % des parents ont déjà eu un comportement à risque, il est important d'inculquer une culture préventive à l'enfant, pour l'aider à contourner les dangers.
C'est l'une des missions de l'Association de Prévention des Accidents de la Vie Courante (APAVC) dont nous avons interrogé le président, Olivier Chanjou.
Ne pas interdire mais expliquer : le principe de base de la culture préventive
“Le problème de la France, par rapport aux Anglo-saxons, c'est qu'on n'est pas du tout dans la culture de la prévention. Chez nous, on élève les enfants dans l'interdit, alors que dans ces pays-là, on transforme l'interdit en prudence”, prévient Olivier Chanjou.
Enseigner la prudence plutôt que d'interdire, c'est faire l'apprentissage du danger et de ne pas créer chez l'enfant une frustration qu'il tentera par tous les moyens de transgresser. Surtout qu'un enfant en bas âge est sujet au mimétisme, il veut faire comme les adultes. “Pour l'escalier, l'adulte va grimper les marches deux par deux. Plutôt que de lui en interdire l'accès, il faut l'amener jusqu'aux escaliers, le prendre par la main et lui apprendre à se tenir à la rampe”, conseille-t-il.
Sachant que les jeunes enfants sont très réceptifs et apprennent vite, profitons-en ! Sur le site de l'association, on peut lire : “De 1 an à 8 ans, les enfants peuvent emmagasiner jusqu'à 80 % de leur conditionnement existentiel préventif, c'est dire l'importance de cette tranche d'âge dans le processus éducatif.”
Voici des exemples d'exercices pour leur enseigner l'art de la prudence.
Des gommettes de couleur pour intégrer les différents niveaux de danger
“Une fois par semaine, on fait visiter la cuisine à un enfant pour lui apprendre quels sont les objets dangereux”, explique Olivier Chanjou. Le concept est simple : coller des gommettes de couleur sur ce que l'on trouve dans la cuisine.
Les objets sur lesquels on colle une gommette verte peuvent être touchés sans crainte, les objets avec une gommette orange requièrent d'être vigilant-e et la gommette rouge alerte sur un danger certain ! Un torchon ? Gommette verte. Une bouilloire ? Gommette orange ? Les plaques de la gazinière ? Gommette rouge !
Enseigner les bons réflexes lors d'une fuite de gaz
Dans le gaz se trouve un additif pour qu'il ait la même odeur reconnaissable partout dans le monde. Au Japon, pour que les enfants sachent quoi faire en cas de fuite de gaz, on leur apprend à reconnaître l'odeur et à évacuer le logement lors qu'elle a été identifiée.
“On ouvre les boutons de gaz et on fait valider aux enfants l'odeur du gaz. En 10 secondes, on les prend par la main et on les emmène dehors sur le trottoir. Au bout de la troisième, sixième fois, les enfants vont vous amener dehors instinctivement”, nous apprend Olivier Chanjou. Bien sûr, cet exercice doit être réalisé dans de bonnes conditions : pas de flamme à proximité, les fenêtres doivent être ouvertes et il faut éteindre le gaz très rapidement, dès que l'enfant a reconnu l'odeur.
Apprendre à grimper sur une chaise pour éviter la chute
En France, 80 enfants se tuent chaque année en tombant d'une chaise, selon Olivier Chanjou. Quand un enfant commence à marcher, il s'agrippe partout, à tout ce qui lui fait face, au dossier des chaises notamment.
“On a tendance à ranger les chaises sous les tables. L'enfant ne va pas monter par le devant de la chaise, mais par le dossier. Et quand le poids de l'enfant dépasse celui de la chaise, il chute”, rappelle le président de l'association.
Pour éviter cela, Olivier Chanjou propose d'apprendre aux enfants à grimper sur les chaises par devant, et surtout de décaler les chaises pour que les plus jeunes ne tentent pas d'escalader le dossier !
Sécuriser sa maison pour vivre plus sereinement
Bien que la prévention et l'éducation des enfants soient des éléments essentiel de la sécurité à la maison, pas question de négliger les équipements de base pour vivre sereinement. Et le prix de la tranquillité est accessible selon le président de l'association : “il faut compter 150 euros pour sécuriser une maison de type F3.”
Entrebâilleurs de fenêtres pour éviter la défenestration, fermoir en haut de la porte du frigo ou encore coins de marche antidérapants, il ne suffit pas de grands choses pour mettre les jeunes enfants en sécurité.
Pour en savoir plus, découvrez ici 18 conseils pour sécuriser la maison quand on a un bébé.