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ENVIRONNEMENT - Cultiver la terre pour réduire l'empreinte carbone, retrouver la qualité des produits et le goût de vivre ensemble. Tels sont les objectifs d'Albi pour les années à venir.

Albi entend mettre ses habitants au vert. Au milieu des rues, aromates, poireaux et choux envahissent le moindre carré de terre. On ratisse, on plante, on cueille. Un savant ballet orchestré par les Incroyables comestibles, ces jardiniers d'un nouveau genre qui veulent réimplanter le jardinage en ville. 

Nous y plantons des herbes aromatiques mais aussi des légumes et des arbres fruitiers. Le tout en permaculture (Un système qui vise une production agricole durable, très économe en énergie et respectueuse des êtres vivants et de leurs interactions. Ce qui implique pour l'Homme d'être le moins interventionniste possible, ndlr). On jardine sur ces parcelles et on essaie d'initier la population urbaine au jardinage”, lance Gérard Cassar, co-président des Incroyables comestibles d'Albi.

Une nouvelle mode qui n'a rien d'anecdotique ni d'éphémère puisque la municipalité s'est lancé un objectif : en 2020, ses 52 000 habitants se nourriront avec des denrées provenant, au maximum, d'un rayon de 60 km autour de leur commune. Une première en France.

Promouvoir le vivre ensemble

Cela doit permettre de réduire l'empreinte carbone liée au transport de marchandises, de sécuriser la ville en cas de pénurie alimentaire, mais aussi d'assurer une meilleure qualité des produits consommés.

Mais si l'objectif avoué est l'atteinte de l'autosuffisance alimentaire, on peut lire en filigrane une volonté de revitaliser le vivre ensemble. “On n'y arrivera pas les uns sans les autres. C'est un travail collectif. Qui lie tant les habitants d'Albi, que les associations, les maraîchers et la municipalité”, explique Jean-Michel Bouat, adjoint au maire délégué au développement durable.

La municipalité a ainsi mis des parcelles de terrains communaux afin que ses derniers y plantent fruits et légumes pouvant être consommés directement par les habitants des quartiers. 

Susciter la curiosité des Albigeois

Une initiation à jardiner qui tarde encore à porter ses fruits, le nombre de personnes venant donner un coup de binette dans les parcelles se comptant encore sur les doigts d'une main. “Nous sommes encore peu, mais on va y arriver. On fait beaucoup de pédagogie avec les enfants, c'est un bon moyen d'attirer les parents”, explique Gérard Cassar.

Alors, pour prêcher la pertinence du retour des choux, poireaux et autres légumes dans le coeur de la cité, les Incroyables comestibles organisent des petits évènements à chaque nouvelle plantation.

On partage un repas, on discute, la curiosité des gens est piquée. S'ils ne viennent pas jardiner dès la fois suivante, c'est généralement pour la prochaine”, poursuit cet ancien paysagiste désormais à la retraite. 

Des travaux ouverts à tous

Il insiste, avec son doux accent chantant, sur le fait que tout le monde est capable de planter des fruits et légumes, même les moins habiles d'entre nous. “On accepte tout le monde, on a envie de partager des moments et de transmettre ce que l'on sait !

Quand je les ai vu jardiner sous mes fenêtres, je me suis d'abord demandé qui étaient ses gens qui avaient pris la ville pour leur potager. Je suis descendu voir un peu qui ils étaient et on a sympathisé. Depuis je viens jardiner avec eux. Ça me permet de rencontrer des gens et de discuter. Ça change d'un bonjour / au revoir, échangé dans la cage d'escalier”, explique Maxime, arrivé dans le Tarn il y a deux ans.

Implanter des activités maraîchères en ville

Parallèlement à ces actions citoyennes, la municipalité a mis en place un vaste programme d'investissements. Elle s'est lancée dans la création d'une ZAD, zone à aménagement différé, d'un périmètre de 73 hectares, sur le site de Canavières. Les terres sont préemptées par la ville, qui les achète au fur et à mesure, pour y implanter des activités maraîchères. 

Nous avons déjà acheté 9 hectares sur lesquels 4 maraîchers se sont installés. Les deux premières années, l'occupation est gratuite, puis elle leur coûtera ensuite 80 € par an et par hectare. Avec, en contrepartie, l'obligation de cultiver bio et de destiner leur récolte au marché local”, indique le maire adjoint. 

Modifier ses habitudes de consommation

Ce travail d'équipe doit également englober la grande distribution, avec qui les discussions ont débuté pour établir des partenariats avec les producteurs qui s'inscrivent dans la démarche d'autosuffisance.

À terme, il ne restera plus qu'à modifier les habitudes bien ancrées des consommateurs. “Ils retrouveront des prix justes de production, mais aussi la saisonnalité avec un production relocalisée. Il faudra perdre certaines pratique comme manger des tomates en plein hiver. Mais j'ai confiance dans nos administrés”, conclu l'adjoint. Rendez-vous en 2020.