Adèle Ponticelli - Publié le 1 mars 2017
ARCHITECTURE - Le Pavillon de l'Arsenal à Paris met en lumière les avantages du modèle haussmannien et son intérêt pour penser la capitale durable de demain.
Le Baron Haussmann a révolutionné Paris, imposant un plan d'urbanisme qui a transformé la capitale de fond en comble. Préfet de la Seine de 1853 à 1870, il a, en 17 ans, construit 600 km d'égouts et 175 km de voirie, édifié mairies et écoles, aménagé squares, parcs et bois...
Et, bien sûr, Haussmann a rebâti de nombreux quartiers (75% du bâti fut concerné par son plan), traçant de grandes artères de part et d'autre desquelles ont été érigé les célèbres immeubles auxquels on appose aujourd'hui encore le nom du baron.
C'est tout cela que raconte l'exposition consacrée au Paris d'Haussmann, qui rassemble plus de 100 dessins, plans, archives et photographies, au Pavillon de l'Arsenal, jusqu'au 7 mai 2017.
Mais les commissaires de l'exposition ne se sont pas contentés d'un tel rappel historique. Ils explorent les apports du modèle haussmannien, relu selon les enjeux de l'architecture contemporaine.
Une architecture durable ?
Haussmann reste avant tout synonyme d'un style architectural, avec des façades reconnaissable par le rythme de leurs étages, les ferronneries et les pierres, issues des carrières de Saint-Maximin dans l'Oise et du Petit Montrouge au sud de Paris.
Si ces constructions dataient d'aujourd'hui, on ne manquerait pas de vanter le caractère local des matériaux de construction.
Vous apprendrez également que Paris est “l'une des villes les plus “marchées” d'Europe”. Autrement dit, la marche est le système de transport le plus utilisé à Paris.
Avec plus de 20 000 habitants au km2, c'est aussi l'une des villes les plus denses du monde, grâce à une construction d'immeubles agencés en îlots.
Un Paris qui mise sur la mixité sociale et une forte densité de population
Une densité “acceptable et appréciée”, selon les commissaires de l'exposition. Umberto Napolitano et Franck Boutté soulignent que “nombre d'opérations, en particulier celles des tours et barres de la modernité, d'une moindre densité d'habitants, génèrent une densité vécue bien plus oppressante et souvent rejetée.”
Cela tient peut-être au fait que les immeubles haussmanniens intégraient une certaine mixité sociale. Ils étaient destinés “à un groupe de locataires issus de classes sociales différentes”.
Il est vrai que les chambres de bonnes avaient bien moins de confort (et d'ascenseurs) que les étages bourgeois, et que les locataires des uns et les autres se croisaient peu. Mais on ne peut nier que cela favoriser une mixité que Paris a petit à petit perdu, la repoussant parfois au-delà du périphérique.
Haussmann, un modèle de ville pour l'avenir
Aujourd'hui, constatent les commissaires, les expérimentations architecturales manquent d'une vision d'ensemble. C'est pourquoi, en plus de l'exposition, est organisé un hackathon pour réfléchir à la ville de demain.
Vingt étudiant-es auront 48h pour répondre à la question suivant : Si Haussmann transformait Paris aujourd'hui, que ferait-il ? On a hâte de découvrir le résultat.
Car plus qu'une simple refonte architecturale, c'est un mode de vivre la ville qu'ont imposé le Baron Haussmann et ses successeurs. À (re) découvrir, jusqu'au 7 mai.