Clémence Leleu - Publié le 11 février 2017
SOLIDARITÉ - Policiers, aides maternelle, médecins, chacun affiche son rôle sur sa porte pour venir en aide aux habitants et passants du quartier.
“Ma fille a été malade il y a deux nuits. Il était tard et c'était difficile de l'emmener chez le médecin. Je suis donc allé sonner chez mon voisin médecin et il a pu la soulager un peu et nous dire que ça ne valait pas la peine de se déplacer à l'hôpital”, explique Zhongyao Sheng, habitant de Nakameguro, un quartier résidentiel de Tokyo.
Si Zhongyao Sheng a pu se rendre chez ce voisin, ce n'est pas parce qu'il entretient des liens d'amitié avec lui, mais parce que celui-ci a affiché sur sa porte une petite plaque, appelée Yamacho. Sur celle-ci s'affiche sa compétence, et par là même, sa volonté d'aider ses voisins, mais aussi n'importe quel passant qui serait dans le besoin.
Ainsi, si vous veniez à vous faire agresser, vous pouvez immédiatement sonner chez le policier du quartier, ou si vous votre enfant avait le moindre souci, l'assistante maternelle vous ouvrira sa porte. Même si vous habitez à l'autre bout de la ville.
Un chef par quartier
“Cela participe à la construction du Cho, la communauté de quartier en japonais. Comme les villes japonaises sont très étendues, chaque quartier recrée son propre système, avec son chef, désigné par vote des habitants. Chaque habitant peut ensuite, s'il le souhaite, s'attribuer un rôle dans cette organisation”, détaille Oussouby Sako, doyen à l'université de Kyoto et professeur d'architecture et d'urbanisme.
La participation à la vie du quartier peut se concrétiser sous différentes formes. Certains vont prendre en charge la gestion des différentes fêtes et cérémonies quand d'autres mettront leurs compétences professionnelles à disposition, comme les médecins, policiers ou aides maternelles par exemple.
Donner des repères aux habitants
Une contribution qui s'affiche donc sur la porte d'entrée ou sur la façade. Un bon moyen de se souvenir du rôle de chacun, d'autant qu'une seule personne peut avoir plusieurs attributions. “Le chef de quartier, par exemple, peut très bien être médecin. Deux Yamacho borderont donc sa porte”, explique Oussouby Sacko.
Les communautés de quartier comprennent une trentaine de personnes et sont équilibrées. Mais ces dernières années, l'augmentation croissante d'immeubles, plutôt que de maisons individuelles, dans les quartiers des grandes villes, fragilise cet équilibre.
“Plus le nombre de familles est élevé plus il devient difficile de s'organiser. Il arrive alors que les habitants des appartements organisent leur propre communauté au sein de leur bâtiment. Ce qui brise une intégration avec les habitants alentours”, précise Oussouby Sacko.
Tout l'enjeu des prochaines années sera donc de réussir à intégrer les habitants de ces appartements au reste du voisinage, pour pouvoir revenir au sel de ces communautés de quartier : le vivre ensemble.