Marie Tétrel - Publié le 4 février 2021
INNOVATION - Quand l'argile, matériau de construction utilisé depuis la nuit des temps, rencontre les dernières technologies de pointe.
Et si pour sauver la Terre, on utilisait la terre ? C'est la ligne directrice qu'a suivi le cabinet d'architecture MC A en développant son nouveau projet d'éco-logements. Il faut savoir qu'aujourd'hui, le BTP est le champion toutes catégories de la pollution et des émissions de gaz à effet de serre. Alors comment atteindre la sobriété énergétique, sans pour autant retourner vivre dans des cavernes ? En s'inspirant des techniques de construction traditionnelle, et en utilisant un matériau toujours à portée de main : l'argile. Mais en l'associant à une nouvelle technologie. L'impression 3D qui permet de construire vite et à moindre coût.
Pour mener le chantier à bien, MC A s'est associé à l'entreprise italienne WASP, pionnière, qui a déjà mis au point la première maison terre-paille imprimée que nous vous avions présenté dans cet autre article.
Construire des cocons de terre
La maison, dont le design s'inspire des cocons de guêpes, est composée de deux dômes. Des bras robotisés ont superposé des couches d'argile pour créer le bâti. Les murs épais ont une structure creuse constituée de plusieurs "vagues" de terre, ce qui les rend à la fois relativement légers, résistants et très isolants. Environ 200 heures d'impression sont nécessaires pour construire chaque unité, qui se compose de 350 couches d'argile, chacune de 12 mm d'épaisseur.
"Un rapport des Nations Unies publié en 2017 démontre que la population mondiale actuelle de 7,6 milliards de personnes devrait atteindre 11,2 milliards en 2100 et qu'en 2030, près de 5 milliards de personnes devraient vivre dans les villes. Par conséquent, les gouvernements sont confrontés à des défis importants liés aux solutions de logement. Avec de plus en plus de zones rurales intégrées aux villes, c'est l'idée de ville elle-même qui doit être remise en question."
Mario Cucinella, architecte
Si l'utilisation de la terre comme matière première est justifiée par la dimension écologique du projet, l'impression 3D peut encore poser question. Pourtant, cette nouvelle technologie tend vers un horizon plus vert. À ses débuts, on utilisait des liquides constitués de plastique pour façonner des objets, ou du béton pour bâtir des murs. Aujourd'hui, on imprime aussi avec des bio-plastiques ou des matières naturelles, comme pour cette maison. Et surtout, l'impression 3D permet de tout concevoir au millimètre près. Ainsi, plus de déchets en fin de chantier, quand 25 % des matériaux seront jetés sur une construction traditionnelle.
Créer un système utilisable partout
À terme, les nouvelles imprimantes Crane WASP utilisées pour ce projet pourront être installées partout, et les maisons construites dans tout type d'environnement, notamment dans les endroits où il est difficile de s'approvisionner en matériaux tels que le béton ou l'acier. Les architectes veulent aussi rendre accessible ce mode de construction, avec des kits d'autoconstruction.
Le projet sera présenté au public au printemps prochain. Il s'agira de la première maison éco-durable fabriquée en terre et imprimée en 3D, qui plus est, grâce à l'utilisation de plusieurs imprimantes simultanément.