Lisa Hör - Publié le 17 janvier 2018
MAKER - Mo2 donne des couleurs à la ville avec ses fresques réalisées avec des moulins découpés à la découpeuse laser. Il distribue ensuite ses œuvres éphémères aux passants.
Si vous vous promenez dans Paris, peut-être entendrez-vous un drôle de vrombissement, comme le bruit d'une cascade, au détour d'une rue. En vous approchant, vous vous apercevrez qu'il s'agit du bruit du vent dans les ailes de dizaines de petits moulins en papier, accrochés sur une bouche d'aération du métro.
Ces minuscules hélicoptères sont l'oeuvre de Mo2. Lorsque l'envie lui prend, cet artiste de rue parisien de 41 ans, passe des heures à les fixer sur ces grilles qui soufflent de l'air en continu. “C'est une énergie inutilisée et une surface un peu morte, autant en tirer parti”, explique-t-il.
Avec ses moulins de toutes les couleurs, Mo2 insuffle aussi plus de vie au quartier dans lequel il s'installe, et favoriser le vivre-ensemble, puisque les passants s'arrêtent et discutent entre eux, curieux de découvrir ces fresques tourbillonnantes.
Ses moulins de toutes les couleurs animent les trottoirs gris, comme dans cette vidéo, où ils reproduisent la Jeune Fille à la Perle du peintre Vermeer (une œuvre réalisée en collaboration avec l'artiste coréen Joo Jaebum) :
Entre street artiste et maker
Pour ses plus grandes créations, Mo2 travaille toute la journée de 7h à 17h. Une fois terminées, ses oeuvre reste exposées telles quelles pendant 2 heures, puis l'artiste laisse s'éparpiller les moulins. Les passants les cueillent sur la grille et il les attache, pour leur offrir sous forme de bouquets.
Avec ses œuvres éphémères, Mo2 se considère aussi comme un maker, un bricoleur 2.0 qui emploie aussi les machines numériques. Il utilise parfois la découpeuse laser pour découper plus rapidement les ailes des moulins et fréquente le FabLab du Carrefour du Numérique de la Cité des Sciences depuis 3 ans.
Mais nul besoin de savoir utiliser des machines sophistiquées pour parsemer la ville de moulins en papiers. “Je serai ravi de voir d'autres personnes le faire, je les invite à créer leur propre technique”, glisse Mo2.
Provoquer les rencontres et la discussion
Mo2, qui a commencé une carrière solo après avoir co-organisé le festival de street art Underground Effect à la Défense il y a 3 ans, cherche avant tout à provoquer les rencontres.
Tandis qu'il se concentre sur ses créations, penché sur la grille, un masque de protection sur le nez, il garde une oreille attentive aux réactions des passants.
“Ça arrive souvent que les gens passent le matin et reviennent plusieurs fois dans la journée pour voir l'avancement, raconte-t-il. Ou alors qu'un conducteur de bus vienne me voir pour me dire que les gens en ont parlé tout l'après-midi dans son bus.”
Son travail rappelle cette plasticienne anonyme qui attache des rubans rouge et blanc sur les bouches du métro pendant les manifestations, pour habiller les rues “au vent de la révolte” comme le racontait joliment Le Monde.
Mais ici, pas de colère, seulement le plaisir de redécouvrir la ville avec les yeux d'un enfant émerveillé par le mouvement des moulins en papier.