Matthieu M. - Publié le 18 mai 2020
TÉMOIGNAGE - Malgré la joie de se retrouver, la peur du virus reste présente. Notre journaliste a fait son premier dîner post-confinement. Voici ses conseils.
Depuis le 11 mai, la France se déconfine et certaines activités de la vie d'avant reprennent peu à peu. Parmi elles, l'autorisation de pouvoir recevoir ou rendre visite à ses proches, dans un rayon de 100 kilomètres et dans le respect d'un certain protocole sanitaire si possible. Car le virus peut lui aussi s'inviter à la fête.
Alors comment faire pour que l'excitation et la joie de retrouver une vie sociale ne laisse place à l'angoisse ? Mardi 12 mai, après deux mois passés sans interaction sociale, je suis allé chez des amis pour dîner. Voici ce que j'ai retenu et observé pour que tout se passe au mieux : sans stress et en limitant les risques.
Entre proches, respect de la distanciation sociale et des gestes barrières
Première chose : malgré le plaisir de se retrouver, ce n'est pas le moment de baisser la garde. Pour cela, le respect des gestes barrières et de la distanciation sociale sont essentiels. Si vous êtes invité-e chez quelqu'un et ne savez pas comment cette personne envisage de respecter ces nouvelles règles, n'hésitez pas à rappeler en amont qu'il est important pour vous qu'elles le soient. Vous passerez peut-être pour le ou la rabat-joie de service, mais tant pis, au moins vous réduisez les risques et les mauvaises surprises.
Quand la porte s'ouvre : pas d'embrassade, ni de câlin, c'est difficile, mais c'est l'occasion d'être créatif et d'imaginer d'autres manières de se saluer. Pourquoi ne pas s'inspirer des chorégraphies de ce médecin américain surnommé Tik Tok Doc qui a fait danser son hôpital malgré le virus ?
Chacun son fauteuil à un mètre de distance
Bien que les rassemblements de plus de 10 personnes soient autorisés chez les particuliers, il est préférable d'organiser un repas ou un apéritif en petit comité. Les grandes réunions familiales ou les fêtes attendront un peu, surtout si vous vivez en appartement. Mardi dernier, nous étions six. Afin de respecter le mètre de distanciation sociale recommandé par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), chacun s'est vu attribuer un fauteuil ou une chaise, pas question de se serrer les uns aux autres sur un canapé.
Certes, la distance entre convives jette un petit froid au départ, on se regarde dans les blancs des yeux, sans trop oser bouger, ni parler. Mais cette petite gêne s'estompe vite, et après quelques minutes l'ambiance devient normale.
Un casse-tête logistique : faut-il manger des chips ?
Enfin “normale”... tout est relatif. Car les gestes que l'on faisait inconsciemment avant le confinement sont potentiellement vecteurs de transmission du virus. Cette nouvelle organisation peut devenir un vrai casse-tête ! Nous nous sommes vite rendu compte que les chips et cacahuètes n'étaient peut-être pas les mets les plus adaptés à la situation. Si tout le monde glisse ses doigts dans le bol, bonjour l'échange de germes.
Et comment faire pour la bouteille ? Si chacun attrape tour à tour, sans se laver les mains, le vin ou autre réjouissance, c'est comme pour les chips. Nous avons donc nommé l'un d'entre nous serveur officiel de l'apéritif, ou sommelier domestique, bref une personne en charge de remplir les verres.
Si jamais vous avez prévu de dîner, même logique avec les couverts, on ne mélange rien. On évite aussi le pot de moutarde dans lequel chacun trempe son couteau, ou encore de lécher la cuillère avant de la remettre dans le plat, mais j'espère ne rien vous apprendre de ce côté-là.
Si voulez voir comment le virus peut se cacher sur à peu près toutes les surfaces lors d'un repas entre ami-es, jetez un œil à cette expérience menée par des Japonais pour mettre en évidence les moyens de transmission. De la peinture fluorescente a été appliquée sur les mains d'un seul convive au début :
Apprendre à vivre avec le virus
Sachez-le, à l'occasion de cette réunion, il y a de fortes probabilités de vous frôler dans un couloir ou que vous vous retrouviez nez à nez dans la cuisine avec un proche. Pas de panique, ce n'est pas le moment de quitter la fête en courant en cherchant à vous faire dépister.
Des petites entorses au protocole, nous en feront toutes et tous ! Le but est d'en faire le moins possible pour “apprendre à vivre avec le virus”, comme l'a rappelé le Premier Ministre Edouard Philippe.
Au Japon toujours, on innove en prenant l'apéro à l'aide d'une visière. Ou en glissant son verre de saké sous le masque... Mais pas sûr que cette technique soit homologuée par l'OMS.
Évidemment, pensez à vous laver les mains en arrivant et à porter un masque en présence des personnes fragiles. Bien que ces règles nouvelles ôtent une part de spontanéité aux rencontres, le plaisir de se retrouver les surpasse. Vous ne regretterez plus vos apéros en visioconférence !