Matthieu M. - Publié le 6 avril 2018
DOMOTIQUE - Kashmir Hill est une journaliste américaine qui a voulu tester la vie dans une maison intelligente. L'expérience n'a pas été concluante : sa maison l'espionnait.
Kashmir Hill vit aux États-Unis, à San Francisco, le berceau des start-up et capitale internationale des nouvelles technologies. La tech, c'est son domaine, puisqu'elle est journaliste spécialisé sur ce sujet au sein du média en ligne Gizmodo.
Comme nous le faisons sur 18h39, elle décrypte les tendances autour de la maison connectée, et tâche d'expliquer comment le développement de la tech risque de bouleverser notre quotidien.
Elle a franchi un cap supplémentaire en se lançant un drôle de pari : transformer son appartement en maison intelligente et l'équiper avec le plus d'objets connectés possibles.
Le but ? Se confronter pour de vrai à son sujet de prédilection : la domotique. Mais aussi “découvrir à quel point cette technologie allait surveiller ma famille”, nous explique-t-elle. Car la sécurité est la question qui préoccupe le plus les citoyen-nes et les entreprises innovantes.
Hurler sur les enceintes connectées pour faire fonctionner la machine à café
C'est en décembre 2017 qu'a commencé l'expérimentation. Kashmir qui n'est pas une novice en objets connectés avait déjà partiellement équipé l'appartement dans lequel elle vit avec son mari et son enfant d'un an : “nous avions déjà l'enceinte connectée Echo ainsi qu'une télévision intelligente”, précise-t-elle.
Pour mener à bien son défi, ces deux appareils ne suffisent pas pour faire de son appartement une vraie smart home. En tout, ce sont 18 appareils que Kashmir va installer dans son intérieur : “brosse à dent connectée, machine à café connectée, capteur dans le matelas pour analyser le sommeil, lumières intelligentes, un système de surveillance (connecté vous vous en doutez) pour leur bébé d'un an”.
La journaliste reconnaît qu'elle a déboursé plus de 1 000 dollars pour équiper son intérieur à la perfection, le reste ayant été pris en charge par son travail. “L'élément qui a été le plus cher à acheter c'est le robot-aspirateur connecté Roomba qui coûte plus de 500 euros”, nous indique Kashmir.
Petit à petit, la petite famille tente d'apprivoiser ce nouveau mode de vie. La journaliste témoigne : “il faut reconnaître que l'aspirateur c'est vraiment génial, en revanche hurler sur les enceintes connectées pour faire fonctionner la machine à café, c'était la pire des choses”. Et d'ajouter : “c'était parfois très frustrant.”
C'est une des raisons qui oriente l'innovation vers des systèmes domotiques qui se contrôle autrement que par la voix, mais c'est une autre histoire à lire ici.
Se sentir épié par ses objets connectés
Deuxième étape : l'investigation. Pour vérifier si toutes ces installations intelligentes et connectées présentent un risque pour la protection des données de la famille, les collègues de Kashmir ont installé un petit radar “capable de vérifier l'ensemble des données que mes appareils envoient ou partagent”, souligne-t-elle.
Grâce à ce boitier, Kashmir et son mari apprennent, sans grande surprise, que l'ensemble des objets connectés dont ils disposent transmettent “en permanence” des informations aux entreprises auxquelles elles appartiennent.
Elle explique : “Ce n'était pas des informations que je souhaitais garder secret à tout prix, mais c'était vraiment étrange de se sentir épiée à ce point là, dans un endroit aussi intime que notre maison.”
Une vidéo nue à son insu !
Le vrai déclic a lieu le jour où Kashmir installe une caméra de surveillance connectée dans son salon. "Là j'ai vraiment où le sentiment que l'on m'espionnait", nous raconte-t-elle. Parfait si on craint pour sa sécurité, plus dérangeant quand on parle d'intimité ou de vie privée. Le jour après son installation, "la caméra m'a enregistrée à mon insu, alors que je traversais la pièce nue", raconte Kashmir.
La vidéo se retrouve alors instantanément stockée sur le cloud et enregistrée sur l'application mobile de la caméra, sur le téléphone de la journaliste.
Après deux mois de maison intelligente, la petite famille met un terme à l'expérimentation. Bien que Kashmir insiste sur le plaisir d'avoir un robot aspirateur, l'expérience n'a pas été concluante.
Selon elle, la protection des données n'est pas le facteur qui l'a poussé à abandonner ce quotidien connecté. Mais le fait que ces nouvelles technologies ne tiennent pas encore leurs promesses. Elle affirme : "je vous mets en garde contre la maison intelligente car c'est terriblement agaçant !"
À vous de vous faire votre opinion, et si vous tentez l'expérience, racontez-nous !