Matthieu M. - Publié le 18 décembre 2019
SORORITÉ - Sur SuperShe Island en Finlande, des femmes d'influence peuvent passer une semaine loin des hommes, dans des petites cabanes en bois.
Les pays scandinaves ont une longueur d'avance quand il s'agit de l'égalité femme-homme. Parmi leurs meilleurs ambassadeurs, La Finlande, connue pour son congé paternité de 54 jours payés. Initiative moins connue : le pays a inauguré en 2017 une île exclusivement réservée aux femmes.
Alors que nous nous attendions à une communauté amazone autogérée, SuperShe Island, ou l'île SuperElle en français, sur laquelle seules les femmes ont le droit de séjourner, est finalement une destination de vacances.
Nous avons interrogé Audrey, entrepreneuse de 37 ans, naviguant entre la tech, le design et les neurosciences, qui a été invitée par la fondatrice à passer quelques jours sur cette île au large de la mer Baltique en juillet 2018. Elle nous a raconté cette expérience non mixte, en compagnie d'un petit groupe de femmes triées sur le volet, qui contraste avec son entourage professionnel quasi exclusivement masculin.
Visite guidée en vidéo :
Cultiver l'empouvoirement des femmes libérées de la présence des hommes
À l'origine de ce projet, Kristina Roth, une femme d'affaire germano-américaine qui a fait l'acquisition de cette île finlandaise après avoir fait fortune dans la tech.
Mais contrairement à ce que le concept peut laisser penser, l'île SuperShe n'est pas une expérimentation sociétale dans laquelle les hommes n'existent pas. Non ici, le but est de mettre en relation des femmes d'influence pour qu'elles cultivent leur empouvoirement pendant une semaine, libérées de la présence masculine.
Sur son site internet on peut lire : “Lorsqu'il y a des hommes, les femmes peuvent se laisser distraire, être tentées de se remettre un coup de rouge à lèvres ou de se couvrir. SuperShe est un refuge où elles peuvent se réinventer, un endroit où elles peuvent se recalibrer sans distractions.” Une vision des femmes assez réductrice.
Au programme : activités sportives, repas sains et conférences. Côté logement, les femmes disposent d'une cabane en bois individuelle typiquement scandinave. Et pour être parfaitement connectées à la nature, les habitations disposent d'une grande baie vitrée ouverte sur la mer. “Des cabanes simples et humbles, mais il y a tout ce qu'il faut”, souligne Audrey.
Mais attention, simplicité ne signifie pas manque de raffinement. La Française confirme : “Le niveau de confort est incroyable : les draps de lit étaient d'une douceur, vous vous endormiez tout de suite !”. Une ambiance cocooning typiquement finlandaise. Audrey n'a rien payé car elle était invitée par la fondatrice, mais normalement la semaine coûte environ 4000 euros.
Le prix à payer pour évoluer dans une zone “safe”, une zone sûre en français, pour reprendre les mots de l'entrepreneuse, qui jongle entre le français et l'anglais. “On se balade sans téléphone, sans moyen de paiement, il y a une forme de liberté vis-à-vis du système”, se souvient Audrey. Et d'ajouter : “mais aussi une liberté de se sentir bien, il n'y a pas de problèmes d'insécurité. Pas de drague lourde qui vient interrompre une conversation, comme dans un bar.”
Au programme : yoga, déjeuner sain et conférence Skype
Sur SuperShe island, la journée commence par une session de yoga suivi d'un petit-déjeuner. Ensuite une activité sportive était proposée, du canoë par exemple. Puis un déjeuner, “que des choses de saison et locales”, souligne-t-elle, des activités, du temps libre, un dîner et pour terminer la soirée l'intervention d'un expert, femme ou homme, mais par Skype. Un agenda sain (où l'alcool est proscrit).
“Le groupe avec lequel j'étais n'était pas gnangnan on se fait les ongles. J'étais entourée de gens passionnés”, précise Audrey. Féminisme d'accord, mais pas “hardcore” s'empresse-t-elle de souligner. “On ne veut pas de personnes enragées qui disent, les hommes c'est mal, ce n'est pas l'endroit. L'idée c'est d'explorer l'énergie féminine”, précise-t-elle. Un féminisme d'élite donc, bien loin des revendications militantes.
Cette parenthèse sans homme et hors du temps a été une expérience enrichissante pour Audrey. “Le mode de vie sur l'île me questionne sur notre société”, confie-t-elle, mais ne pense pas pour autant que cela va permettre de résoudre les problèmes auxquels les femmes font face, au quotidien ou dans la sphère professionnelle.
Bonne nouvelle pour celles qui n'ont pas 4000 euros à investir pour une semaine de vacances, SuperShe sort une application mobile qui permettra à davantage de personnes de se rendre sur l'île pour moins cher. Plus d'information à venir !