Stéphane Sorhaindo - Publié le 18 septembre 2022
CROIRE EN SES RÉVERSIBLES - De plus en plus d'architectes se sont penchés sur la question de l'immeuble réversible. Ces bâtiments peuvent se réorganiser de logements en bureaux et vice-versa.
En France, on dénombre 4,1 millions de Français mal-logés. Un chiffre qui choque, surtout quand on sait qu'en parallèle, il existe 3 millions de m2 de bureaux vides recensés rien qu'en Ile-de-France ! Hélas, les immeubles de bureaux vides nécessitent de lourds travaux pour les mettre en conformité et les rendre habitables.
C'est pourquoi les architectes ont innové en créant le concept des “immeubles réversibles”, en espérant répondre durablement à la problématique du logement vacant. A Strasbourg ou à Bordeaux, des projets ont d'ores et déjà été montés pour mettre cette idée en pratique.
Concrètement, qu'est-ce qu'un immeuble réversible ?
Un immeuble réversible est construit de telle sorte que son agencement intérieur permette la création d'appartements ou de bureaux, sans avoir à changer sa structure. Un immeuble de logements sociaux peut se réorganiser de l'intérieur en un immeuble de bureaux composé d'open spaces, et vice-versa.
Le but ? Éviter la destruction de bâtiments à usage unique, ce qui permet une économie de ressources à moyen et long terme. Ainsi, un chef d'entreprise peut investir sur une bâtisse de bureaux et le revendre plus tard à un promoteur immobilier qui n'a plus qu'à créer des cloisons pour proposer de véritables appartements habitables !
Quels sont les critères importants pour construire un immeuble réversible ?
La construction doit assurer un ouvrage durable dans le temps en comprenant le moins de gaspillage de ressources possible. Cela passe par des conditions particulièrement strictes. Premier élément visuel, on distingue un ilot central permettant la circulation entre l'espace professionnel et les logements. Dans le détail, l'épaisseur du bâtiment doit être de 13m minimum, contre 15 à 18m pour des immeubles sociaux classiques.
A l'intérieur, la structure constituée de poteaux et de dalles permet de supprimer les faux plafonds et faux planchers. La hauteur sous plafond est de 2,70m, pour les logements et les bureaux. Un juste milieu qui se classe entre les 2,50m pour les logements et les 3,30m pour les bureaux et qui impose l'absence de faux plafond. Tout est fait pour laisser passer la lumière naturelle. Enfin, un double niveau au rez-de-chaussée et sous le toit habité permet d'organiser des réunions professionnelles ou une exploitation pour un commerce.
L'immeuble réversible le plus connu se trouve à Strasbourg, avec les tours Black Swans sorties de terre cette année. A Bordeaux, un projet similaire prendra forme l'an prochain.
Une ville entièrement constituée de logements réversibles, mythe ou réalité ?
Si le projet semble intéressant sur le plan éco-responsable et durable, il reste la question juridique à élucider, afin d'éviter d'éventuels abus. Qui dit "réversibilité" ne doit pas dire "liberté à tout prix". Tout le monde doit se mettre d'accord sur la réversibilité du logement, du promoteur au locataire, qu'il soit personnel ou professionnel.
Rien ne dit que cette idée sera développée à grande échelle. Les immeubles servent de tests pour donner une réponse à la crise du logement. A l'heure où les économies de ressources diverses sont plus qu'indispensables, ce nouveau type de construction permettrait de proposer un nouvel élément de réponse à la crise du logement en France.