Lisa Hör - Publié le 10 novembre 2019
TÉMOIGNAGE - Véronique et son mari ont acheté le château de Fougeret il y a 10 ans. Sur le chantier, ils ont vécu des phénomènes paranormaux. Plutôt que fuir, ils ont décidé d'ouvrir les lieux aux curieux.
Il n'y a pas de hasard. Si Véronique, 55 ans, a acheté deux châteaux dans sa vie, ce n'est pas seulement parce qu'elle poursuit un rêve de petite fille. “Honnêtement, je pense que lorsque nos goûts sont très accentués ça répond à quelque chose de l'ordre de la vie antérieure, d'un passé pas entièrement terminé”, déclare prudemment l'ancienne professeure d'histoire.
Toujours enjouée et dynamique - il en faut de l'énergie pour rénover deux bâtisses médiévales, la voix de l'ancienne professeure d'histoire se fait plus ténue à l'autre bout du fil : “J'ai travaillé sur une vie précisément, au Moyen-Âge, durant laquelle j'ai vécu dans un château en tant qu'homme. Ce besoin de retourner dans un château correspond à un besoin de reconstruction.”
Si Véronique est aussi sensible au sujet de la réincarnation, c'est qu'elle a vécu de nombreuses expériences paranormales au château de Fougeret, dans la Vienne. Celui-ci est aujourd'hui connu comme “l'un des lieux les plus hantés de France” ! Mais quand elle s'est endettée sur 25 ans avec son mari en 2009, elle ignorait ce que cet édifice aux trois tours rondes leur réservait…
“On peut y croire ou pas, mais on a vécu des trucs bizarres”
Véronique et François-Joseph, agriculteur, avaient déjà sauvé de la ruine un château acheté un franc symbolique en Corrèze, quand elle découvre par hasard le château de Fougeret, à vendre sur un site spécialisé, en 2009. “Totalement subjugués” lors de la visite, malgré “son état catastrophique”, ils se lancent à nouveau dans l'aventure, cette fois “pour le prix d'un T2 à Paris”.
Ils se lancent dans la rénovation, dans l'idée d'y habiter rapidement. Ils sont parfois aidés par des professionnels, mais mettent beaucoup la main à la pâte avec leurs trois enfants alors âgés de 16 à 21 ans.
Le chantier prend du retard. “On s'est rendus compte qu'il y avait beaucoup plus de travaux qu'on ne le pensait, il a fallu arracher je ne sais pas combien de mètres carrés de plancher en chêne vermoulu”, se souvient Véronique.
Mais surtout, la famille ne se sent pas la bienvenue. Des bruits de pas, des coups étranges, la sensation d'être épiés… “L'une des mes filles a carrément vu des silhouettes, elle ne voulait plus y aller !”, raconte Véronique. Même son fils, “qui n'y croit absolument pas”, a assisté à des déplacements d'objets. “Il a vécu un truc vachement marrant ! Il a dormi dans une chambre où il y a eu un crime, un huissier qui s'est pris un coup de hache, et il a entendu une voix masculine qui lui a dit « je ne fais pas partie du cercle des meurtriers »”, poursuit-elle.
Si la mère de famille en rigole aujourd'hui, à l'époque, elle veut tout abandonner et revendre le château. Mais son mari la convainc qu'il serait dommage de s'en séparer, que cela reste une belle demeure. Alors le couple fait venir des médiums : “Ils m'ont expliqué qu'il ne fallait pas avoir peur, qu'il y avait des gens qui n'étaient pas encore partis de chez eux mais qu'il fallait les accepter et que ça allait s'améliorer.”
Des chambres d'hôtes avec un petit plus
Et si ce n'était pas une malédiction après tout ? Des habitants de la région, qui ont entendu parler de ces manifestations paranormales, demandent à venir passer la nuit au château. Au fil du temps, l'expérience attire de plus en plus les curieux, les convaincus comme les sceptiques.
La recette des nuitées insolites, avec ou sans atelier accompagné d'un-e médium, commencent à financer les travaux, même si ça ne suffit évidemment pas. “C'est des sommes monumentales, raconte Véronique. Mon mari a vendu une partie de l'exploitation agricole pour sauver le château. J'ai mis deux ans à trouver les fonds pour restaurer une tour, on en a eu pour 100 000 euros.”
Aujourd'hui, le château de Fougeret est devenu une référence pour les enquêteurs sur le surnaturel. Deux journalistes de la rédaction y ont d'ailleurs séjourné et la nuit n'a pas été de tout repos :
Les salamandres, les chauve-souris et les portraits un peu lugubres suffiraient à faire sursauter n'importe qui. Même si on a un peu du mal à y croire, Véronique se défend d'avoir voulu créer une ambiance effrayante : “Ce n'est pas le musée des horreurs ! J'ai respecté le lieu, c'est comme si la vie s'y était arrêtée entre les deux guerres. À l'époque, les gens ne souriaient pas sur les photos, c'est tout.”
Si la famille ne s'est finalement jamais installée au château - elle a continué à habiter la ferme à quelques kilomètres de là - Véronique, y passe la plupart de ses soirées du printemps à l'automne, parfois jusqu'à trois heures du matin. Mais pour rien au monde elle n'y passerait la nuit seule ! “Sincèrement, c'est difficile de s'habituer. On pense à autre chose et, chlac ! Quelque chose se produit !”
Si vous voulez aller vérifier par vous-même, prévoyez votre duvet, le chauffage central n'est pas compris dans l'expérience.