Marie Tétrel - Publié le 19 février 2021
PATRIMOINE - Des masques origami, des listes d'activité, des inventions un peu loufoques... Plus de 540 éléments ont été récoltés par le musée, en mémoire d'une période si particulière.
"Quel objet incarne votre quotidien confiné ?" Le 20 avril dernier, le musée du Mucem à Marseille lançait une grande opération participative pour collecter des objets témoins de la période de confinement que nous traversions alors.
Et quel succès ! Plus de 540 éléments ont été récupérés par le musée, envoyés par des Français et même de l'étranger. Le Mucem a ensuite classé les objets en catégories. L'ensemble dépeint à merveille les craintes, la peur, mais aussi l'ingéniosité, la patience et la persévérance que nous avons rencontrés lors du premier confinement. Petit inventaire :
Des objets de protection et de soutien des soignants
Il est à peu près sûr que le masque est devenu le symbole le plus connoté de cette crise sanitaire. Certains participants l'ont détourné, le pliant façon origami, le personnalisant pour l'assortir à leur tenue ou créant des déguisements pour les enfants, en les transformant en masque de cow-boy. Ceux-ci se trouvent accompagnés d'attestations de sortie faites maison, de visières et d'objets pour ouvrir les portes sans les mains, imprimés en 3D.
On compte aussi des banderoles fixées aux fenêtres pour remercier le personnel soignant, des casseroles, cuillères en bois ou autres ustensiles bricolés servant à manifester ce soutien lors des “réunions” de 20 heures aux balcons ou encore un enregistrement sonore de ces applaudissements quotidiens.
Des objets pour passer le temps
Les témoignages exposés révèlent à quel point les Français-es ont été créatifs et créatives pour s'occuper pendant le premier confinement. Dans la collection, on retrouve beaucoup de réalisations artistiques, dont des œuvres mettant en scène des bouteilles de bière "Corona" ou de rouleaux de papier toilette, … D'autres objets exposés racontent les activités pratiquées pendant le confinement : un tapis de yoga, un puzzle, un drôle d'équipement sportif bricolé à partir d'une brouette...
Et puis il y a aussi tous ces objets, fruits d'inventeurs fous, comme une tyrolienne reliant deux immeubles se faisant face et permettant d'envoyer des objets entre voisons, une tondeuse à cheveux reliée à l'aspirateur pour éviter la dispersion des cheveux coupés ou encore un fil à désembuer les lunettes...
Vivre autrement, respecter les règles
Un ensemble d'objets marquant le temps qui passe et incarnant la durée se dessine également. Calendriers où les jours sont barrés, plannings d'activités réalisées, journaux de confinement, carnet de menus, pages de punition ("je dois rester à la maison"copié des dizaines de fois par un élève dissipé) ... Dans ce monde incertain, tout inscrire et décompter aide à rester ancré-e dans le présent.
Les habitudes et les routines ont été chamboulées. Citons encore ces pantoufles, cette carte représentant le rayon de 1 km autour de chez soi, ces plans d'appartement réaménagés par leurs occupants, ces photos d'animaux vus par la fenêtre, et même ces copies d'écrans de réunions virtuelles.
Découvrez sur le site du Mucem les petites histoires de quelques objets cette collection hétéroclite. Pour l'instant stockée dans les réserves du musée, cette mémoire du confinement va maintenant être étudiée par des sociologues et certains éléments seront intégrés dans les collections du Mucem. Comme de véritables œuvres d'art !