Clémence Leleu - Publié le 12 avril 2017
JARDINAGE - Vous souhaitez vous lancer dans un potager en permaculture, sans trop savoir comment vous y prendre ? Voici quelques conseils qui vous aideront à franchir le pas.
La permaculture est mot tendance du moment. Alors que des documentaires lui sont consacrés, et que cette pratique fait de plus en plus d'adeptes, il peut parfois être impressionnant de se lancer dans ce courant, qui relève autant du jardinage que du mode de vie.
En effet, la permaculture est un terme issu de la contraction de permanent et agriculture. Et qui vise une agriculture permanente qui n'épuise pas la terre. Avec trois piliers : prendre soin de la terre, des hommes et partager les ressources équitablement.
“La permaculture peut sembler très codée, alors qu'elle prône un retour à la terre et à son respect. Des valeurs que tout le monde peut porter”, décrit Adrien Bellay, réalisateur du film L'éveil de la permaculture.
Pour se lancer, il faut avant tout faire un travail d'évaluation : de ses besoins en nourriture, de son budget et du temps que l'on peut consacrer à l'entretien de son potager.
“Il faut prendre le temps d'observer ses capacités, afin de ne pas être dépassé”, explique Nelly Pons, auteure de l'ouvrage Débuter son potager en permaculture.
Observer son terrain
Ensuite, il faut observer son terrain afin de le connaître et ainsi savoir ce qui fonctionnera le mieux dessus. “La phase d'observation fondamentale”, détaille Joris Danthon, co-coordinateur de l'association Permaculture 44.
“Il s'agit de prendre note du relief, d'analyser le sol, de repérer la faune et la flore existantes, les zones plus ou moins exposées au soleil et à la pluie, les éléments et les chemins d'accès déjà présents sur le terrain.”
Ainsi, avant de vous lancer, vous dessinerez votre potager, cette phase de conception s'appelle “le design permaculturel”. On commence par tracer la forme du terrain, les arbres et arbustes, les micro climats, etc. Puis vous choisissez la forme que vous voulez donner à votre potager, et vous y positionnez les éléments que vous voulez y installer (espaces cultivés, arbres, allées, point de compost)
Ne pas laisser la terre de son potager à nu
Ensuite, il n'y aura plus qu'à reproduire votre dessin dans votre jardin ! Puis de préparer le sol pour les semis et plantations. “Toujours avec cette idée en tête qu'en permaculture, le sol est cultivé de manière ininterrompue. Et que la terre ne doit jamais être laissée à nu, car d'innombrables habitants y vivent comme les vers, les insectes ou encore les champignons. Ils aèrent le sol et décomposent les matières organiques”, explique Nelly Pons.
On utilise donc ses résidus de tonte, les écorces ou encore de la paille pour couvrir le sol du potager.
Ensuite, on évite de trop retourner le sol, ce qui perturbe la vie des organismes vivants à des niveaux de profondeur différents.
Enfin, les engrais chimiques n'ont pas leur place dans les potagers en permaculture. On leur privilégie l'apport régulier de compost.
Ne pas avoir peur de se tromper
Pour autant, il ne faut pas oublier que le jardinage est un art par nature incertain. La météo peut jouer des tours, les graines éprouver des difficultés à germer... De quoi désarçonner les jardiniers débutants, qui, lorsqu'ils se lancent, ont envie de constater rapidement les fruits de leur travail.
“Il faut tenter des choses, mélanger les plants de légumes et de fleurs, attendre et voir si cela fonctionne. La permaculture doit être liée au plaisir et non au stress. Il est important de savoir que l'on a le droit de se tromper. Que cela fait partie de l'apprentissage”, explique Nelly Pons.
Elle estime qu'il faut entre deux et trois ans pour voir les premiers résultats sur la qualité de sa terre, qui a retrouvé toute sa richesse.
Bien choisir ses outils de jardin
Côté outils justement, pas besoin de trop s'équiper. “On fait avec ce que l'on a. Il n'est pas nécessaire d'investir à part peut-être dans un râteau et une grelinette (un outil qui aère le sol, sans le déstructurer). Et si l'on ne peut pas investir, ce n'est pas grave, on demande à ses voisins. La permaculture, c'est aussi le partage et le vivre ensemble”, explique Agathe, co-présidente de l'Université Populaire de Permaculture.
“Aujourd'hui, je n'ai plus besoin d'outils pour manier ma terre. Je fais tout à la main, ce qui aurait été impensable avec un mode de jardinage traditionnel”, indique l'auteur, qui a été assistante de Pierre Rabhi puis directrice de l'association Terre & Humanisme.
Quid des stages en permaculture, qui peuvent permettre d'acquérir des notions en la matière et de se perfectionner ? “Je conseille plutôt de les faire une fois que l'on a commencé. Cela permet de poser des questions sur ce qui a marché ou pas dans son jardin. Et de retourner chez soi avec des nouvelles connaissances très ciblées. Car si l'on y va avant, on peut se retrouver devant une montagne de connaissances et ne pas trop savoir par où commencer”, estime Nelly Pons.
Mais rien ne vous empêche de vous inscrire à un stage avant de vous lancer. Car on ne le répétera jamais assez, ce qui compte en permaculture, c'est bien évidemment de respecter la nature, mais aussi d'y prendre du plaisir.