Marie Tétrel - Publié le 30 décembre 2020
RÉNOVATION - Tout quitter et voyager à la seule force du vent, Emilie l'a fait. Et elle nous raconte son expérience de vie hors du commun.
Emilie a 23 ans, et jusqu'à il y a peu, elle n'avait jamais bricolé de sa vie. Pourtant, cette année, pendant le premier confinement, elle s'est lancée dans un projet de taille : rénover un voilier pour y vivre.
Belge expatriée en Australie, elle a connu une période professionnelle creuse quand la pandémie s'est abattue sur le pays. Le moment parfait pour avoir du temps libre et commencer son chantier. “Je n'avais pas un gros budget, alors il me fallait un bateau à rénover, moins cher. Et puis j'ai visité Dr. Feelgood, un Spacesailor 27 de 1986, j'ai craqué”, nous raconte la jeune fille.
Le voilier ne nécessitait pas de gros travaux de rénovation, mais surtout un relooking total. Emilie en devient alors propriétaire pour 13 000 dollars, soit 8 000 euros environ.
Devenir propriétaire d'un voilier pour voyager
"Selon moi, il y a deux types de personnes dans la vie. Celles qui vont respecter les règles, aller à l'école, trouver un travail, se marier, avoir des enfants. Moi je n'ai pas trouvé ma place dans ce modèle, j'ai essayé de faire un an d'université mais je n'étais pas motivée."
Emilie
Comme beaucoup de jeunes qui débarquent en Australie, Emilie est d'abord bercée par l'idée de faire le tour du pays en van ou en autostop. Mais sa conscience écolo la rattrape : “Je trouve que ça abîme un peu la planète de consommer autant d'essence pour se déplacer”. Elle tombe alors sur la vidéo Youtube d'un couple qui vit sur un voilier. “C'est génial, on voyage gratuitement, juste avec la force du vent, avec sa maison sur l'eau”.
"Je me suis dit que j'allais voyager, au moins je m'ouvre l'esprit et j'apprends des langues. C'est comme ça que je suis arrivée en Australie. Ma famille ne me comprend pas toujours, mais quand elle voit que je suis heureuse comme ça, elle accepte."
Emilie
L'aventure commence pour elle en mars 2020, lorsqu'elle trouve le bateau de ses rêves à Perth, une ville à l'ouest de l'Australie. Elle va y rester tout le long de sa rénovation.
Entre-temps, il a aussi fallu qu'Emilie passe le permis bateau… en anglais. “J'ai dû bosser à fond, c'était dur, mais j'étais très motivée !”. Mais surtout, la jeune femme, qui n'y connait rien en travaux, qui n'a jamais vécu sur l'eau, doit apprendre, vite et seule. Sur Youtube, elle trouve son bonheur, des milliers de vidéos qui vont lui permettre de mener à terme son chantier. Aussi, son compagnon Tim l'aide le week-end, et quelques amis mettent la main à la pâte. Au total, elle débourse environ 7 000 euros pour rénover son bateau.
Une rénovation de 7 mois pour un bateau à son goût
Car si Emilie a eu un coup de cœur pour Dr. Feelgood, ça n'est surement pas pour la déco ni l'aménagement de l'intérieur de la cabine. Par exemple, la cuisine est minuscule et inadaptée pour servir au quotidien : l'ancien propriétaire ne se servait du bateau que ponctuellement. “Je l'ai complètement démontée et reconstruite, avec des meubles que j'ai fabriqués moi-même”, explique la jeune femme.
Aujourd'hui, elle dispose d'un coin cuisine fonctionnel, et même d'un frigo ! Dans la cabine, tout est pensé pour avoir un endroit agréable à vivre, même les murs sont décorés et la coque a été repeinte. Seul hic : Emilie n'a pas de vraie douche à bord, seulement une douche solaire de 20 L, qui n'est autre qu'une réserve d'eau qui se réchauffe au soleil. “Mais si j'ai besoin, je peux me laver dans le club de la marina”, nous rassure-t-elle.
Emilie a aussi installé un panneau solaire : “ça n'était pas dans mes plans à la base mais c'est quand même plus pratique pour être autonome.” Concernant l'eau, elle utilise beaucoup celle de la mer, pour les toilettes ou faire la vaisselle, et remplit des réserves d'eau potable pour sa consommation personnelle.
Vivre sur un voilier, la liberté
7 mois plus tard, Emilie vit sur son bateau. Quand nous l'avons contactée en cette fin décembre, elle était en robe, sous 30°, en plein milieu de l'océan, le rêve. Un choix de vie qu'elle ne regrette absolument pas.
"Mon idéal n'est pas d'avoir une grande et jolie maison. Je me sens très heureuse dans mon petit espace, plein d'amour, avec une vue sur l'océan pour rien du tout."
Emilie
Au début, Emilie l'avoue, les premières nuits sur son bateau n'étaient pas des plus faciles, surtout en pleine mer, où les vagues sont parfois conséquentes. Le corps n'est pas habitué aux remous de la mer, elle avait peur du naufrage à tout instant. Mais elle a appris à faire confiance à son navire.
Pour le futur, elle envisage, pourquoi pas, de faire le tour du monde, avec un plus gros bateau. En attendant, elle longe les côtes australiennes, pour maîtriser l'art de la navigation.
Et s'il y a bien une leçon qu'elle a tirée de cette expérience, et qu'elle souhaite partager au plus grand nombre :
“J'avais ce rêve là, mais je pensais que c'était impossible, que c'était trop pour moi. Et puis finalement on y va petit à petit, on arrive au résultat final, on apprend beaucoup de choses et ça nous fait de magnifiques souvenirs”.
Emilie
Pour suivre ses aventures, retrouvez Emilie sur sa chaîne Youtube A-vent-ure.