Matthieu M. - Publié le 2 janvier 2021
SOLIDARITÉ - L'association Gamelles Pleines soigne, accueille et éduque les animaux des sans-abri depuis 12 ans.
En France, les personnes sans-abri accompagnées d'animaux subissent une double peine : celle de la précarité bien sûr, mais aussi celle de ne pas pouvoir accéder aux centres d'hébergement qui n'acceptent pas leur compagnon.
C'est contre cette discrimination qui porte préjudice aussi bien à l'animal qu'à son maître que se bat l'association caennaise Gamelles Pleines. Son but ? “Aider les personnes en précarité à garder le lien avec leur animal et à tous ses bienfaits pour se réinsérer”, nous explique Yohann Severe, président de l'association.
Aider l'animal c'est aussi venir en aide à son maître
Gamelles Pleines organise des maraudes quotidiennes pour créer un lien de confiance avec les personnes sans-abri et leur animal. En tenant compte du lien qui les unit, les bénévoles de l'association parviennent à valoriser des individus qui ont perdu toute forme d'estime d'eux-même. “L'animal est un outil de dignité quand on fait comprendre à la personne que son chien est bien entretenu”, précise Yohann Severe.
Au cours de ces visites, les bénévoles tentent de combler les besoins primaires de l'animal, souvent un chien. “On va nourrir l'animal, aider à le soigner, venir en aide pour les problèmes d'éducation”, précise le président. Un travail d'éducation utile pour la rue, mais aussi pour la réinsertion. “Un chien qui a toujours vécu dehors, quand son maître trouve un appartement, il faut l'aider à s'adapter à cette nouvelle vie.”
Grâce au travail des éducateurs canins de l'association, les personnes sans-abri travaillent sur le lien affectif, “parfois excessif” qui peut les freiner lorsqu'elles trouvent un travail. “Cet hyper attachement qui avait du sens dans la rue devient un problème, il faut les aider à se détacher, à remettre l'animal à sa place”, précise Yohann Severe.
“Des gens qui dorment sur le trottoir, il n'y en a pas à Caen”
Mais la problématique principale, c'est que la plupart des structures d'accueil pour personnes sans-abri refusent d'accueillir leurs animaux. Par conséquent, certains hommes et certaines femmes sans-abri préfèrent dormir dehors en compagnie de leur chien plutôt que de devoir les abandonner pour passer une nuit au chaud. Un vrai drame.
En cause, de vieux préjugés autour des chiens, qui seraient sales et dangereux. Faux répond l'association, “les animaux sont très bien intégrés. Ce discours sert les structures pour se simplifier la vie”, ajoute Yohann Severe. L'association qui a fait de ce combat son fer de lance nous apprend qu'aujourd'hui toutes les structures pour sans-abri de Caen accueillent désormais des animaux. Gamelles Pleines leur fournit le matériel nécessaire, les tapis, les anti-puces ou même les muselières. Conséquence : “des gens qui dorment sur le trottoir, il n'y en a pas à Caen”, nous assure Yohann Severe.
Créée il y a douze ans, l'association de Yohann Severe n'est pas présente qu'à Caen, mais s'est déployée dans de nombreuses villes françaises comme Paris, Lyon, Strasbourg, La Rochelle ou Rennes. Avec ses 250 bénévoles, Gamelles Pleines vient en aide à 1500 chiens et à 1200 personnes sans-abri. Une initiative importante à l'heure où la Fondation Abbé Pierre recense 300 000 personnes sans domicile en France.