Emmanuel Chirache - Publié le 24 juillet 2021
DANSER LE SLOW - Changer de vie en famille, c'est possible ! Chloé, Nicolas et leurs deux enfants ont quitté leur grande maison pour voyager sur les routes de France.
"Il a dit oui !" s'enthousiasme Chloé quand elle parle de sa demande à Nicolas. Pas une demande en mariage, non, mais une demande pour tout quitter et partir en voyage sur les routes de France en famille, du mois de mai au mois d'octobre. Le projet ? Déconnecter de la vie numérique, écouter ses propres envies, être plus libre, et rencontrer des gens qui, comme eux, ont décidé de changer de vie pour ne plus subir leur quotidien.
Il faut dire que Chloé et Nicolas sont tous les deux coachs en slow life, ce mouvement qui veut ralentir le rythme de nos vies et nous recentrer sur nos relations fondamentales. Depuis 2018, ils pratiquent également l'instruction en famille (IEF) avec le premier enfant de Chloé, Marin d'eau douce, qui a 8 ans et demi aujourd'hui. Nous les avions rencontrés en 2019 lors d'un reportage pour mieux comprendre "l'école à la maison".
"On est vraiment calés sur le rythme des saisons"
"La crise sanitaire et le projet de loi sur l'IEF, qui vise à contrôler davantage son usage, nous ont affectés, nous explique Chloé, alors on a ressenti le besoin de se recentrer. L'hiver dernier, nous avons fait 4 mois d'hibernation, on a revu notre façon de communiquer sur les réseaux sociaux, on a pris conscience qu'on ne voulait plus dépendre d'un algorithme ! On a voulu pousser les curseurs plus loin dans le côté liberté de notre mode de vie."
Pourtant, la famille disposait déjà d'une grande liberté dans l'organisation de son mode de vie ! Grâce au télétravail, elle avait pu centrer ses activités autour du rythme de ses deux enfants, notamment depuis l'arrivée de "Petite Déesse" il y a 16 mois. "Maintenant, on est vraiment calés sur le rythme des saisons, détaille Chloé, on fait de vraies retraites d'hiver, de plus en plus longues, depuis trois années. Et dès le printemps, on a reçu des tas de propositions de travail ou de projets, le vide hivernal a créé une forme de capacité à accueillir les propositions. Et l'été, on peut voyager."
A l'origine, la famille rêvait de vivre en camping-car ou en van aménagé, mais les événements se sont précipités : "Tout s'est fait plus vite que prévu et du coup nous n'avons pas eu le temps de sponsoriser le voyage. On ne regrette pas, car c'est plus facile de rencontrer des gens quand on ne dort pas dans son véhicule !" Pour les bagages, Chloé a acheté un coffre de toit et tout le monde dort alternativement chez l'habitant, la famille ou les amis, parfois aussi en camping chez les locaux.
Un tour de France des acteurs de la Slow Life
Sur la route, Chloé et Nicolas partent à la rencontre des acteurs de la Slow Life en France, même s'ils ne connaissent pas tous le nom anglo-saxon de ce concept. L'idée, c'est de donner la parole à tous ceux qui réinventent leur vie pour se reconnecter à leurs besoins, à travers un futur podcast que le couple mettra en ligne sur son blog Une Vie Slow. Parmi eux, on trouve des profils aussi variés qu'un producteur de lait, un éducateur du Tarn, un sophrologue, ou encore des acteurs de la slow food dans le pays basque...
"On vient aussi de lancer un nouveau projet, qui s'appelle le slow day, toujours dans cette idée de sortir du numérique, nous raconte Chloé. C'est une journée où on s'occupe de tout pour vous, on vous libère de votre charge mentale. Vous recevez à votre adresse une enveloppe avec à l'intérieur une proposition pour ralentir, seul, en couple, ou en famille." Je réclame un exemple pour m'en inspirer avec mes enfants, et Chloé me propose de faire une petite réunion de famille le matin. "On se retrouve tous dans la chambre des parents pour se réveiller ensemble, poser les souhaits de la journée en fonction du programme qu'on vous envoie."
Si papa et maman travaillent tour à tour depuis leur hébergement itinérant, comment les enfants, eux, vivent-ils cette expérience ? "Très bien ! nous rassure Chloé. Ils ont déjà leurs codes, et on a fait bien attention à leur donner des repères immuables pour qu'ils se sentent chez eux partout. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, on ne se décale pas sur la route, on ne se couche pas plus tard, on a besoin d'horaires réguliers !"
D'ailleurs, l'aventure n'est pas destinée à durer tout la vie. Dès la fin septembre, la famille cherchera un nouvel hébergement, stable, cette fois. "On veut plus de montagne et de nature, s'enthousiasme Chloé. L'idéal serait une communauté avec des familles, pour que nos enfants aient davantage d'adultes qui puissent s'occuper d'eux, ou même un village avec des réseaux de solidarité fondés sur des modèles anciens et résilients." En attendant, la petite caravane de la slow life va poursuivre son chemin vers les Cévennes, Toulouse, et le Pays Basque.