Amélie Clère - Publié le 3 avril 2022
POULETTES & CIE - Quelle est la relation des Français avec leurs poules domestiques ? C'est ce que cherche à découvrir ce chercheur de l'Université du Mans.
Joëlle, une passionnée du jardinage nous avait fait visiter son petit paradis où vivent de nombreux animaux, dont plusieurs poules qu'elle surnomme ses Primprenelles. Pour d'autres c'est Cocotte, Brunette, Gertrude, ou même Gauvin le coq... Comme elle, de plus en plus de Français se prennent d'affection pour ces petites bêtes dodues à plumes. Il n'y a qu'à voir les recherches sur Google : "Quelles sont les poules les plus gentilles ?", "Est-ce que les poules aiment les câlins ?", "Est-ce qu'une poule reconnait son maître ?"... Seraient-elles devenues le nouvel animal de compagnie, détrônant nos chats et nos chiens ?
"Pas tout à fait. Même si on peut en retrouver dans des appartements et que certaines personnes les affectionnent, je pense que cela concerne plutôt les enfants. À leur âge, ils considèrent la poule comme un animal de compagnie. Mais pour les adultes, on n'en est pas encore là. La poule reste dans l'esprit d'un animal de basse cour, qui produit des œufs avant tout", explique pourtant Fédéric Fortunel, enseignant-chercheur à l'université du Mans (Sarthe), qui a lancé une enquête nationale sur la relation entre les poules et leur propriétaire.
Des poules dans son jardin pour une autonomie alimentaire
Géographe social, il s'est longtemps intéressé aux paysans et aux agriculteurs. Avec sa nouvelle étude, Frédéric Fortunel a voulu élargir ses recherches sur l'agriculture et l'élevage qui ne seraient plus réservés qu'aux professionnels. "Aujourd'hui, on se retrouve de plus en plus avec des gens, en tant que citoyens et consommateurs, qui élèvent des animaux pour l'auto-consommation". D'où son questionnement sur la poule domestique.
La transition écologique étant l'un des enjeux majeurs de notre société, l'élevage fait ainsi partie de nos préoccupations, changeant le statut de l'animal. "Il est passé de “machine à produire du muscle” à un “animal à aimer” ". Preuve avec l'apparition de produits de soins et d'accessoires pour poules "comme des laisses ou des couches-culottes", ajoute-il.
Sans aller jusqu'aux couches, de plus en plus de personnes souhaitent installer un poulailler dans le jardin pour y accueillir des poulettes et récolter quelques œufs au passage. "Généralement toute la famille est engagée autour du poulailler, car il y a aussi un côté ludique pour les enfants".
D'ailleurs, nous aussi, nous avions déjà proposé un tutoriel pour leur construire un abri confortable qui peut rester ouvert la journée, et être déplacé pour que les poules aient tout le temps de l'herbe fraîche.
Vous aussi vous avez des poules ?
Quelle fonctionnalité donne-t-on à la poule aujourd'hui ? "Dans mon enquête je m'intéresse à toutes les dimensions du rapport à l'animal : du producteur, jusqu'à la personne qui a sa poule dans son appartement", expose le chercheur.
Pour comprendre comment sont utilisés ces gallinacés, Frédéric Fortunel classe les propriétaires en plusieurs catégories : les producteurs pour l'utilité de l'animal de basse cour ; les affectifs qui considèrent leurs poules comme un animal de compagnie ; les amateurs qui élèvent des poules pour les faire concourir (si si, ça existe !) ; les sauveurs qui recueillent des poules de réforme utilisées dans l'élevage industriel ; ainsi que les jardineurs qui possèdent quelques poules pour occuper leur jardin.
Avec déjà plus de 2 000 réponses à son enquête, le chercheur souhaite recueillir un maximum de témoignages afin d'avoir suffisamment de matière pour sortir un ouvrage sur le sujet.
Vous avez, ou avez eu, une poule dans votre jardin ou votre appartement ? Vous pouvez vous aussi participer à l'enquête du chercheur ! Le questionnaire est accessible en ligne.
Si vous souhaitez apporter un témoignage plus approfondi et qualitatif, vous pouvez envoyer par SMS "POULE" au 06 95 12 77 34 ou contacter le chercheur sur frederic.fortunel@univ-lemans.fr.
Le saviez-vous ? Si la poule est appréciée pour ses œufs, elle peut aussi vous permettre de recycler jusqu'à 150 kilos de déchets alimentaires par an !