Amélie Clère - Publié le 20 mai 2022
VIVRE ENSEMBLE - L'Association Simon de Cyrène crée des maisons partagées entre personnes valides et handicapées pour leur redonner le goût à la vie.
L'habitat partagé séduit de plus en plus de personnes. Et pour cause ! Il répond à un nouveau besoin : avoir un vrai chez soi, mais sans être isolé des autres. Dans un précédent article, nous avions d'ailleurs rencontré des mamies qui souhaitaient vivre en colocation afin de prolonger leur autonomie et éviter l'exclusion sociale.
Mais ces logements partagés et inclusifs ne sont pas seulement bénéfiques pour les personnes âgées. "Nous, on cible des personnes en situation de handicap. On leur propose un vrai logement individuel dans une maison commune et partagée avec des personnes valides qui les aident aux quotidien", nous explique Armelle Pagès, cheffe de projet pour la fondation de l'Association Simon de Cyrène. Celle-ci possède 25 maisons partagées dans toute la France.
La Fondation Castorama soutient d'ailleurs cette association depuis 2021 avec une aide de 10 000 euros par an, afin de financer la construction d'une nouvelle maison à Pibrac (Occitanie).
La solitude : un deuxième handicap
L'objectif premier des maisons Simon de Cyrène : que les personnes en situation de handicap ne se sentent plus seules. "La solitude est très forte pour ces personnes. C'est vraiment un deuxième handicap pour elles", insiste Armelle.
Les résidents sont, pour la plupart, des personnes qui ont eu un accident de la vie. "Ils avaient un quotidien comme tout le monde, et, du jour au lendemain, elles se retrouvent dans le handicap" dit-elle. La maison partagée est là pour les aider à retrouver un peu goût à la vie. "Nous sommes vraiment dans un esprit de colocation, on vit ensemble. On est là aussi bien pour passer des bons moments que pour surmonter des moments difficiles."
Et tout le monde a une forte envie d'aider. Une personne qui a un handicap mais qui n'est pas en fauteuil va pouvoir apporter son aide à d'autres colocataires : "Elle peut aider à pousser le fauteuil roulant de son voisin, et l'emmener acheter sa baguette de pain", illustre Armelle. L'entraide mutuelle est très importante chez Simon de Cyrène, et le fait que chacun s'implique permet de se sentir utile et entouré.
De plus, l'inclusion se fait aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de la maison : "Il y a des évènements qui s'organisent avec des personnes du quartiers, ou des associations par exemple". Les maisons sont au cœur des villes afin de faciliter l'autonomie et limiter l'exclusion. "Le centre ville est un endroit stratégique, c'est là où il y a toutes les manifestations sportives et culturelles, et les commerces sont proches", expose Armelle.
Des logements adaptés pour retrouver sa dignité
Dans une maison Simon de Cyrène, on retrouve 3 habitations. Dans chaque habitation, 6 personnes en situation de handicap et 5 personnes valides vivent ensemble. Ces maisons accueillent des personnes devenues cérébrolésées suite à un accident de la vie ou un un AVC. "Cela peut aussi être une personne qui a été victime cérébrale à la naissance", ajoute Armelle Pagès. Les personnes valides sont des salariés de l'association, des services civiques ou bien des jeunes professionnels de la santé.
Tous les habitants ont leur propre studio composé d'un coin nuit, d'une kitchenette et d'une salle d'eau. Les logements sont adaptés aux normes PMR et peuvent accueillir tout type de handicap, qu'il soit moteur, mental ou cognitif. Au niveau des espaces partagés, il y a 80 m2 de salle commune pour préparer des repas et manger ensemble, faire des soirées, regarder la télé… Il y a aussi d'autres espaces communs comme une buanderie et un bureau partagé.
Tout au long de la journée les personnes handicapées sont accompagnées par les personnes valides pour se lever, se coucher, aller faire des courses, aller chez le médecin etc… "Cependant, l'idée n'est pas de tout faire pour la personne, mais plus de l'accompagner pour lui redonner le goût d'agir. On peut, par exemple, simplement l'aider à faire son repas en l'impliquant", affirme Armelle.
Ces maisons partagées ne sont pas qu'un simple service d'aide à la personne. Une vraie relation de réciprocité se créée entre les locataires. "On accueille des jeunes services civiques qui découvrent le monde professionnel. Les personnes handicapées ont aussi une vie, avant et après leur accident, et ont beaucoup de choses à apporter à ces jeunes. C'est ça aussi qui va faire que les personnes vont retrouver confiance en elles".
"Nous mettons un point d'honneur à les accompagner pour qu'ils puissent retrouver la dignité qu'ils peuvent avoir perdu après leur accident". La dignité passe aussi par payer ses factures. Une personne en situation de handicap perçoit des aides de l'État et des APL, et donc a des sources de revenu pour pouvoir payer un loyer à la maison Simon de Cyrène. "Alors bien sûr c'est un loyer peu onéreux mais ça reste un loyer. L'idée c'est de développer leur auto-détermination, pour que chacun soit acteur de sa vie !", conclut Armelle.