Emmanuel Chirache - Publié le 15 janvier 2024
AVANT-APRÈS - Au cœur de la Marne, ce couple nous présente une rénovation exceptionnelle dans un bâtiment qui fait partie de l'histoire du village.
Tribunal, école, mairie, salle de danse... La maison de Sophie et Jérôme a connu plusieurs vies sur plusieurs siècles. "C'est une maison qui a une place dans le village, vraiment", confirme Jérôme, qui se dédouble professionnellement entre son entreprise de bois de chauffage et son atelier de sérigraphie, qu'il a d'ailleurs installé dans l'ancienne salle des fêtes attenante à la mairie.
Abandonnée pendant plus de 8 ans, la maison était devenue le refuge des jeunes du village qui voulaient s'amuser loin du regard des parents, d'où l'état dégradé du bâtiment quand Sophie et Jérôme l'ont acheté, même si les murs tenaient encore debout. Surtout, le couple s'est tout de suite projeté dans cette maison, dont les volumes s'adaptaient parfaitement à leurs projets professionnels : atelier pour Jérôme, institut esthétique pour Sophie. Le charme imposant de la cheminée et la fière allure de l'escalier, tous deux classés aux monuments historiques, ont achevé de les convaincre qu'ils tenaient là une opportunité unique.
Le prix aussi était très intéressant : 150 000 euros pour 550 m2, car la mairie n'arrivait pas à vendre au prix qu'elle souhaitait à l'origine. Côté travaux et ameublement, le couple disposait d'un budget de 300 000 € qu'il a réussi à ne pas dépasser. Parmi les postes de dépense les plus exigeants, on trouve sans surprise la rénovation de parties classées du bâtiment (comme le respect de la hauteur des fenêtres et des crémones), mais aussi la restauration des parquets et la construction de la cuisine et des salles de bain.
Au final, la rénovation de la mairie n'a toutefois pas demandé d'énormes transformations architecturales, à tel point que Sophie et Jérôme n'ont même pas fait appel à un architecte ! En revanche, compliqué pour eux d'obtenir des aides ou des subventions pour la rénovation énergétique, faute de connaissance ou de temps, alors qu'ils ont installé une pompe à chaleur qui aurait pu bénéficier d'un coup de pouce de Ma Prime Rénov'. Le couple regrette aujourd'hui, mais n'exclue pas de faire d'autres travaux de rénovation énergétique.
Pour l'aménagement et la déco des pièces, Sophie savait exactement ce qu'elle voulait : chiner des meubles et des objets dans les débarras, sur Le Bon Coin ou encore à Emmaüs. "Beaucoup de gens nous donnent des meubles, ajoute-t-elle, car ils pensent qu'ils iront mieux chez nous". Dans le couloir qui mène aux chambres et passe devant la cuisine, elle a imaginé un mur de cadres avec des illustrations originales, notamment des images dévotes comme une représentation psychédélique de la Cène !
"Vivre dans cette maison correspond à ce qu'on imaginait, conclue Jérôme, au niveau esthétique et de la fonctionnalité du lieu, on peut y travailler, on est à l'aise et parfois même on se cherche dans la maison, bref ça correspond à notre mode de vie." Et la taille démesurée du lieu avec ses deux bâtiments et ses 550 m2 ? Non seulement, ça permet à Sophie d'avoir son institut d'esthétique et à Jérôme son atelier de sérigraphie, mais c'est aussi un bon plan pour recevoir du monde. "On a fait de sacrés soirées ici, que ce soit pour Noël ou fêter la fin du confinement", se souvient Jérôme.
Dans la région, la tradition d'hospitalité n'est d'ailleurs pas un vain mot, puisque beaucoup de vignerons possédaient de grands vendangeoirs pour recevoir du monde. Force est de constater que nous avons été accueillis comme des rois par nos nouveaux amis de Champagne, à tel point qu'on a promis de revenir pour voir l'escalier rénové... Oui, c'est juste un prétexte.