Jessica Parquet - Publié le 2 août 2024
MAISON PASSIVE - Une maison individuelle dont les performances et le style en font une prouesse à la fois écologique et architecturale. Ce bien atypique, Didier, son propriétaire, nous en parle et nous raconte son histoire exemplaire.
Bessancourt, petite commune du Val-d'Oise aux grandes ambitions. En son centre se cache une bâtisse à l'ossature particulière qui détonne parmi les pavillons traditionnels. L'une de ses particularités ? Elle détient le label européen Passivhauss, qui certifie les bâtiments à très haute efficacité énergétique, assurant un confort optimal avec une consommation minimale.
Pensée et conçue en 2009 par l'agence d'architecture Karawitz, on la surnomme la "Bamboo House". Ce n'est qu'en 2013 que Didier, après être tombé sous son charme, en fait l'acquisition avant de la réhabiliter quatre ans plus tard. Lorsqu'il nous reçoit, c'est avec chaleur et fierté qu'il nous raconte son cheminement écologique pour la rendre encore plus vertueuse et durable.
Fiche de chantier
Ouvriers
Artisans
Durée des travaux
3 ans
Budget
150K
Une maison au design écologique dans laquelle rayonne un mode de vie engagé
Une maison passive, qu'est-ce que ça veut dire ?
Une maison passive sur le papier, ça veut dire quoi ? Il s'agit d'une habitation ultra-efficace énergétiquement, conçue pour minimiser sa consommation d'énergie grâce à une isolation exceptionnelle, une ventilation intelligente et une conception architecturale optimisée. En exploitant la chaleur du soleil et des occupants, elle assure un confort optimal toute l'année, tout en réduisant l'empreinte écologique. Ne serait-ce pas là, l'avenir du logement durable ?
En fait passif, ça veut dire qu'elle a une forte inertie. Une forte inertie au froid quand il fait froid, et au chaud quand il fait chaud. C'est un peu comme une bouteille Thermos.
Didier, le propriétaire
Une maison sans chauffage, c'est possible ?
C'est né d'un désir de se consacrer à la construction d'habitations bioclimatiques que le cabinet d'architecture Karawitz donne vie à la première maison passive d'architectes de France. Elle répond ainsi aux caractéristiques de la certification Passivhaus, avec "une performance énergétique qui est exceptionnelle grâce à l'isolation - ici isolé par de la ouate de cellulose - on est ici sur du triple vitrage avec du gaz argon, et l'élément essentiel : la centrale double flux. On garde le meilleur des deux mondes, on renouvelle l'air bien sûr, mais les calories de l'air vicié sont remises sur l'air neuf", nous explique Didier. À cela s'ajoutent des panneaux photovoltaïques (pour chauffer) et thermiques (pour l'eau chaude) qui ont été implantés à fleur de toiture. Résultat, cette maison ne possède pas de radiateurs, hormis dans les salles de bains. Elle produit 2,5 fois plus que sa consommation, et obtient 90% de rendement en volume. Un résultat proche de l'autonomie qui fait de cette maison passive, une résidence positive en énergie.
De l'ambition d'un habitat passif en bambou, à une transformation durable et locale
Lorsque Didier fait l'acquisition de sa maison en 2013, l'habillage qui l'enveloppe est en bambou, ce qui lui vaut, dans les livres et autres revues, le surnom de "Bamboo House". Sauf que le bambou est une herbe et non une essence de bois, posant ainsi le problème de sa durabilité. Moins d'une décennie après sa pose, la plante asiatique s'émousse puis finit par éclater lors d'une tempête de grêle en 2014. Didier décide alors de la remplacer par un nouvel habillage en ganivelle de châtaignier. Un choix poussé par la volonté de faire plus local et de "faire écho à la plus grande forêt de châtaignier d'Ile-de-France, en face ! La forêt de Montmorency", nous explique-t-il.
Elle présente aujourd'hui une nouvelle peau en ganivelle de châtaignier français, une essence de bois naturellement répulsive pour les insectes. Si la performance énergétique a séduit Didier, c'est aussi sa façade habillée de persiennes coulissantes qui a confirmé son coup de cœur pour cette maison étonnante. Les volets, ces panneaux mobiles de ganivelles fendues, au-delà de leur aspect esthétique ludique et homogène, se plient au gré des envies, et permettent "de se protéger du soleil en été et d'avoir un apport en soleil et en lumière en hiver", nous explique-t-il.
Intérieur néo-californien où le minimalisme fonctionnel prend tout son sens
Implantée sur un terrain de 600 m², la maison dispose d'une surface globale de 160 m², le tout réparti sur deux plateaux. Son enveloppe interne a été préfabriquée en épicéa de Bavière, en Allemagne. Au sol, le béton ciré apporte une touche de contemporanéité dans ce repère minimaliste. Pour évoluer de pair avec ses habitants, la conception de la maison a été pensée de manière évolutive. Au rez-de-chaussée, la pièce à vivre généreuse comprenant cuisine, salon, salle à manger, peut être refermée à l'aide d'une cloison en accordéon. Si les ouvertures permettent de jouir pleinement de l'espace et du jardin, elles agissent également en faveur de la performance énergétique avec une orientation au sud. À ce niveau se trouve également une buanderie, qui accueille toute la technique, avec notamment la centrale double flux et thermique, et sa pompe à chaleur.
À l'étage, un palier dessert un magnifique bureau cathédrale de 5,5m sous plafond habillé d'une bibliothèque sur-mesure, trois chambres disposant chacune d'une mezzanine, ainsi que deux espaces d'eau à chaque extrémité du couloir. Comme au rez-de-chaussée, des ganivelles permettent de fermer les ouvertures, sur une passerelle en caillebotis qui embrasse la vue "sur les érables du jardin et la forêt de Montmorency en face", nous décrit fièrement Didier.
Une maison dans l'ère du temps, au cœur d'une ville en plein développement durable
Une maison passive dans une ville pro-active. À Bessancourt, on agit en faveur du développement durable, écologique et social. Pour donner vie à ses nobles ambitions, la commune entame la construction d'un éco-quartier qui place les interactions sociales et la nature au cœur du projet. Le bourg quant à lui, se voit offrir une "désartificialisation" qui verra naître terrasses, restaurants, espaces verts et une mare ! Mais le plus gros défi à relever consiste surtout à replanter une forêt, la forêt de Maubuisson qui s'étendra sur 1300 hectares. Une grande première depuis 4 siècles en France.
Et si cette maison passive a fait la fierté et le bonheur de Didier, il n'en rêve pas moins d'une nouvelle, plus en adéquation avec son cheminement écologique. Son prochain projet ? Une maison autonome en lisière des Cévennes. C'est tout ce qu'on lui souhaite.