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SOLIDARITÉ - Soutenus par la Fondation Castorama, les Compagnons Bâtisseurs déploient leurs plateformes Soli'Bât pour réemployer les matériaux du bâtiment. Retour sur leur projet situé en Nouvelle-Aquitaine qui conjugue économie circulaire et solidarité.

Une initiative originale donne un nouveau souffle aux matériaux du bâtiment… et aux parcours de vie ! Située dans les Landes, la plateforme Soli'Bât 40 propose une solution concrète pour lutter contre le gaspillage des matériaux du bâtiment, tout en favorisant l'insertion professionnelle et l'accès à la rénovation pour tous.

Porté par l'association Compagnons Bâtisseurs Nouvelle-Aquitaine, ce projet possède ainsi un volet écologique où le réemploi des matériaux est le maître-mot. “Mais c'est aussi un soutien important dans l'ensemble des activités des Compagnons Bâtisseurs, car il permet d'alimenter nos chantiers solidaires en matériel !”, nous expose Charlie Urrutiaguer, des plateformes Soli'Bât en Nouvelle-Aquitaine.

Un projet né de l'anti-gaspillage et de la solidarité

L'histoire débute en Centre-Val de Loire, sous l'impulsion des Compagnons Bâtisseurs présents dans la région. Mouvement d'entraide implanté en France depuis 1957, ce réseau regroupe aujourd'hui dix associations régionales, autonomes mais fédérées au sein d'une même structure nationale, que la Fondation Castorama soutient depuis maintenant 5 ans. Leur but ? “Faire de l'insertion sociale par l'habitat, en proposant des chantiers d'insertion, en organisant des accompagnements à l'auto-réhabilitation, des ateliers de bricolage et des formations. L'idée c'est de transmettre des savoir-faire et ainsi renforcer le pouvoir d'agir des personnes en difficulté”, explique Charlie Urrutiaguer.

La première plateforme Soli'Bât voit le jour en 2010 avec un objectif clair : récupérer des matériaux neufs (de construction, d'isolation thermique, des équipements de chauffage, de ventilation, et d'économie d'eau) auprès d'entreprises pour les redistribuer à des personnes à faibles revenus vivant dans un habitat dégradé et mal isolé, lorsqu'aucune autre aide ne permet de financer les travaux. 

Créée en 2022, à Saint-Martin-de-Seignanx, en Nouvelle-Aquitaine, Soli'Bât 40 s'inscrit dans la continuité de cette démarche.

© Soli'Bât 40

Une plateforme, plusieurs missions

Toutefois, Soli'Bât 40 ne se contente pas de vendre des matériaux. “On garde le volet anti-gaspi et mobilisation de dons comme en Centre-Val de Loire, mais on a aussi mobilisé nos chantiers d'insertion de manière à les intégrer dans les activités de la plateforme”, ajoute le responsable. Ainsi, les Compagnons Bâtisseurs interviennent eux-mêmes sur les chantiers de clients pour effectuer des déconstructions et déposes soignées, souvent avant la démolition d'un bâtiment, afin de récupérer les matériaux réemployables.

Ensuite, ces matériaux sont soit réutilisés sur le chantier même, soit revendus sur la plateforme Soli'Bât. Ils peuvent aussi être réutilisés pour d'autres projets de réhabilitation menés par l'association : “Le fait d'utiliser ces matériaux nous permet premièrement de les remettre en circulation, et deuxièmement d'avoir des produits à bas coût pour pouvoir en faire plus sur les chantiers sur lesquels on intervient”, confirme Charlie. Une partie des matériaux est également collectée via des zones dédiées dans les déchèteries.

© Soli'Bât 40

Équipements sanitaires (WC, éviers, robinetterie), équipements électriques
(prises et interrupteurs, radiateurs, chauffe-eaux, luminaires), cuisines, matériaux isolants, carrelage, faïence, menuiseries, quincaillerie... Neufs ou d'occasion encore utilisables, issus de dons, de chantiers ou de déchèteries, pour donner une seconde vie à ces matériaux de réemploi, la plateforme propose de les vendre à des tarifs solidaires : les produits neufs issus de dons sont réservés aux publics modestes et très modestes, à un prix compris entre 20 à 25% du prix neuf ; les matériaux de réemploi sont eux vendus à tout public, avec une tarification solidaire pour les plus modestes.

© Soli'Bât 40

L'insertion par l'activité économique

Ainsi, la plateforme située dans les Landes implique activement des personnes en difficulté dans la collecte, le tri et la réutilisation des matériaux. Ce projet repose sur un autre pilier essentiel : l'insertion par l'activité économique. Au total, l'association Nouvelle-Aquitaine compte 120 salariés, dont 60 en insertion. Et ici, pas de traitement "au rabais". Les exigences en termes de qualité de réalisation et de garanties sont identiques à celles d'une entreprise classique.“Quand on intervient directement avec nos équipes, qui sont d'ailleurs encadrées par des professionnels du bâtiment, c'est bien entendu une prestation rémunérée. On pratique les mêmes tarifs, que l'on récupère les matériaux et qu'on les achemine sur notre plateforme ou qu'on les laisse sur site au bénéfice de la maîtrise d'ouvrage”, indique le responsable de la plateforme.

© Soli'Bât 40

Ce modèle vertueux s'appuie toutefois sur un équilibre économique précaire. “Le seul volet gestion de plateforme ne nous permet pas de tenir à long terme”, admet Charlie Urrutiaguer. Le réemploi de matériaux reste une activité exigeante : les volumes collectés et remis en circulation sont encore insuffisants, les matériaux prennent de la place et nécessitent des infrastructures adaptées.

Aujourd'hui, les deux plateformes implantées en Nouvelle-Aquitaine (Soli'Bât 40 et Soli'Bât 33) parviennent à remettre en circulation environ 25 tonnes de matériaux par an et par plateforme. Un chiffre que l'association espère tripler d'ici trois ans, pour atteindre 80 tonnes par an et par site. Mais cela suppose de pouvoir augmenter les capacités de stockage, actuellement limitées à 450 m² par site. Des espaces trop réduits, compte tenu des volumes et de la diversité des matériaux gérés. “L'idéal serait que nos plateformes deviennent des vitrines, et que nous puissions développer à côté de véritables zones de stockage logistiques, plus adaptées à notre activité”, conclut Charlie Urrutiaguer.

© Soli'Bât 40