Clémence Leleu - Publié le 15 septembre 2016
JARDIN - Azumi San, heureuse propriétaire de ce jardin, nous le fait visiter. Une merveille de délicatesse dans l'ancienne capitale du Japon.
Lorsque l'on évoque la nature au Japon, la première chose qui nous vient à l'esprit est le jardin japonais. Écrin de verdure dans des villes aux tours impressionnantes et à la densité de population plus qu'importante.
Pourtant, les jardins japonais privés appartiennent majoritairement à une élite. Ces îlots de verdure que nous connaissons, étant pour la plupart, des jardins publics.
Azumi San mesure ainsi la chance qu'elle a de pouvoir regarder tous les jours son jardin japonais. Véritable oasis de fraîcheur, dans un Kyoto terrassé par la chaleur estivale, il entoure sa vaste maison traditionnelle et le temple bouddhiste vieux de 350 ans, appartenant à la famille de son mari, moine, depuis plusieurs décennies.
“Représenter le monde” et ses couleurs
L'essence du jardin japonais est la reconstitution de la nature. “Le jardin japonais montre le monde, un peu comme un tableau. L'eau représente les rivières, les cailloux, les reliefs. Ils peuvent même parfois être disposés de telles sortes qu'ils représentent des animaux”, explique délicatement Azumi en dégustant son thé.
Plus de 50 espèces d'arbres le composent, même s'il est principalement orné de Satzuki, petits buissons verdoyants, et de Momiji, arbres aux feuilles délicates se parant d'un rouge flamboyant une fois l'automne venue.
“Les quatre saisons sont très marquées au Japon. Le jardin est donc organisé de telle façon qu'il y ait toujours des touches de couleurs, peu importe les saisons. Il évolue avec la nature”, explique la discrète Azumi San, qui n'a pas souhaité apparaître sur les photos, préférant laisser la vedette à son jardin.
Ces touches de couleurs sont assurées au printemps par le cerisier qui orne le jardin d'un joli rose tendre. On l'appelle “cerisier en robe de princesse” à cause de son feuillage tombant, un peu à l'image d'un saule pleureur, une fois que les fleurs ont éclos.
Le règne de la mousse
Enfin, dernier point crucial du jardin japonais : la mousse. “En été, comme maintenant, elle est marron à cause de la chaleur. Pourtant, il suffit qu'il pleuve quelques gouttes pour qu'elle retrouve sa belle couleur verte”, lance Azumi.
Un jardin à contempler
Afin de pouvoir circuler dans ce jardin d'environ 3 000 mètres carrés, des petits chemins de pierres serpentent entre les différents espaces et un petit pont de bois fait la passerelle entre la maison et le temple. Pourtant, le jardin japonais n'est pas conçu pour que l'on s'y promène.
En effet, à l'inverse de nos sociétés occidentales, on ne joue pas à l'intérieur d'un jardin japonais, pas plus que l'on n'y dîne ou n'y organise des fêtes. “Le jardin japonais est fait pour être observé de l'intérieur de la maison. Le bâtiment est construit pour avoir la vue sur le jardin la plus esthétique et la plus magnifique”, explique Azumi.
Finalement, Azumi et sa famille ne le parcourent que pour l'entretenir. “Tous les jours, il faut venir enlever les mauvaises herbes, veiller à tailler çà et là des petites branches. Le jardin japonais demande beaucoup d'entretien !”, lance Azumi dans un sourire, tout en arrachant des petites pousses indésirables s'étant logées au milieu des galets.
“Pour les gros travaux, comme la taille des arbres par exemple, c'est un jardinier qui s'en charge, car ce sont des espèces très fragiles et centenaires dont il faut prendre soin, cela nécessite un véritable savoir-faire”, ajoute-t-elle.
Enfin, afin de conclure la visite, Azumi San explique, tout en caressant d'une main les feuilles d'un de ses arbres : “il n'y a pas de choses interdites dans le jardin japonais. Chacun peut l'agrémenter comme bon lui semble, tant qu'il le trouve joli.” Le seul impératif : qu'il soit suffisamment à notre goût pour pouvoir passer des heures à l'observer.