Clémence Leleu - Publié le 5 août 2016
PROJET - Martin Morgeneyer s'est lancé depuis deux ans dans le projet de construire une maison passive. L'emménagement est prévu pour l'automne.
Lorsque l'on emprunte la rue de la République à Margny-les-Compiègne, petite ville de l'Oise, on est loin de s'imaginer tomber nez à nez avec une maison aussi imposante que celle de la famille Morgeneyer. Pourtant, après quelques minutes de marche, il suffit de tourner un peu la tête pour tomber sur cette impressionnante bâtisse de 16 mètres de haut, soit la taille d'un petit immeuble.
Pour autant, la prouesse ne tient pas qu'à la hauteur de l'édifice. En effet, sa maison familiale, toujours en chantier, Martin Morgeneyer l'a construite selon des normes strictes qui font d'elle une maison passive. Comprendre une maison dans laquelle il est agréable de vivre sans consommer d'énergie.
Vivre dans une maison saine
Ce n'est pourtant pas dans une telle construction que voulait se lancer Martin Morgeneyer il y a deux ans. Habitant depuis quelques années dans une maison sujette à l'humidité et donc aux moisissures, l'ingénieur de formation souhaitait surtout construire sain, pour permettre à ses trois enfants de grandir dans un environnement le moins impacté par la pollution intérieure.
C'est seulement dans un second temps que l'idée de construire passif lui est venue à l'esprit. Et c'est ici que les ennuis ont commencé. “C'est très difficile de trouver des entreprises qui font réellement des constructions passives. Il s'agit plutôt d'un mode de communication pour attirer le client”, explique Martin Morgeneyer.
Alors l'ingénieur s'est lancé lui-même dans l'élaboration des plans de sa maison et, pendant un an, il est parti à la pêche aux informations sur le passif.
“Il est nécessaire de quantifier les choses, comme la déperdition thermique par exemple. Cela éviterait que les gens achètent sur des promesses de standing”, lâche le père de famille.
Une consommation énergétique très basse
À l'intérieur, Martin Morgeneyer a exclu tout matériau chimique ou composant volatile. Les murs sont construits en monomur, des briques alvéolées, conçues pour éviter les ponts thermiques. Et l'eau chaude sera produite grâce à des capteurs thermiques solaires. “La consommation énergétique doit être de 15 KWh par mètre carré pour une maison passive, la nôtre sera 9”, indique fièrement Martin Morgeneyer.
Pour les fenêtres, Martin Morgeneyer, a opté pour du triple vitrage.
L'élément clé de la maison ? La toiture qui a une excellente résistance thermique. “Elle est beaucoup plus isolante que les murs car c'est par le toit que l'on a le plus de déperdition”, précise le propriétaire.
Construire une maison passive dans l'Oise est-il plus compliqué qu'ailleurs, en raison du climat particulièrement humide ? "Absolument pas" indique Martin Morgeneyer. “Il faut construire en fonction des caractéristiques climatiques régionales mais il y a des solutions pour tout. Ici, j'ai pris le pari d'installer une VMC double flux. Un bon moyen d'assécher l'air.”
Une maison durable
Dans cette grande maison encore en chantier, une trentaine d'ouvriers se succèdent, sous les yeux de Martin qui y passe tous les jours pour prendre le pouls et parfois mettre la main à la pâte. “J'ai posé l'isolation du dernier étage dans l'atelier et c'est aussi moi qui m'occupe de la VLC”, confie-t-il.
Une fierté pour celui qui a construit cette maison avant tout pour ses enfants. “Je voulais les faire grandir dans un environnement sain. Mais aussi pour créer une valeur durable, une maison que l'on peut garder.”
Martin Morgeneyer n'a donc laissé aucun détail au hasard. Sa future maison sera aux normes handicapées, afin qu'elle soit accessible aux personnes de tous âges. Enfin, les 170 mètres carrés de sa maison seront complétés par un atelier d'artiste, situé au dernier étage du bâtiment, dans lequel sa femme, artiste peintre, pourra exercer. Dans le jardin, le couple a déjà décidé de se lancer dans la permaculture.
De quoi donner des idées à ses amis et à ses lecteurs, puisque Martin a créé un blog sur lequel il relate son aventure. “Mon rêve est de me lancer à temps plein dans la construction de ce genre de maison. De démocratiser l'idée qu'il est possible de vivre dans du durable sans pour autant y sacrifier son budget”, lance Martin.
Et de poursuivre : “Faire construire sa maison par un constructeur de maison individuelle, coûte en réalité 50 % plus cher que ce que cela devrait coûter ! Cela influe totalement sur le style de vie des gens. Ils pourraient travailler à mi-temps ou se consacrer davantage de temps à leur enfant avec ce budget non sacrifié.”
Un beau projet qui dépasse largement le cadre d'une maison passive, et vise à construire, aussi, les contours d'une nouvelle société.