Clémence Leleu - Publié le 21 février 2016
MONTAGNE - François et Christine Mazurelle ont emménagé il y a dix ans dans un village perché dans la montagne. La famille savoure ce changement de vie.
Pour accéder au chalet de la famille Mazurelle, il faut quitter l'urbaine Albertville, traverser sa voisine Ugine et serpenter pendant quelques minutes entre les montagnes partiellement enneigées. Après 10 minutes de route, voici Soney. Petit village de quelques âmes, où les chalets en bois sont légions.
Ici, si les noms des voies sont indiquées, la numération des habitations se fait encore désirer. “Les numéros n'ont pas encore été installés mais nous devrions être le 256”, avait prévenu François Mazurelle, dans un sourire. Pour trouver la maison de François et sa compagne, la meilleure manière est encore d'ouvrir grands les yeux et de chercher “le chalet qui grignote un peu la route.”
Effectivement, après avoir longé la petite église et bifurqué sur la gauche, on tombe nez à nez avec ce chalet, un peu imposant, aux larges baies vitrées. Une transformation radicale pour cette ancienne grange jamais habitée, qui abritait il y a encore dix ans, une écurie au sous-sol.
“Nous l'avons dénichée par hasard. Nous habitions alors à Soney-le-Bas, (car oui, ici, les puristres vous diront qu'il y a Soney-le-Bas et Soney-le-Haut) et lors d'une balade nous sommes tombés sur ce bâtiment. Ça a été le début de la grande aventure”, lance François Mazurelle, confortablement installé dans son canapé qui offre une vue imprenable sur les montagnes.
Changement de vie
Une grande aventure qui entérine encore un peu plus leur volonté de changer de vie. Car François et Christine ne sont pas originaire de Savoie. Originaire de Paris, ils travaillent tous les deux pour le théâtre, lassés de la vie parisienne, ils transitent un an par Rouen avant de s'installer en Savoie.
Les travaux débutent en février 2006. “Hormis la toiture, que nous avons confiée à un professionnel, tout est fait par nos soins”, lance fièrement celui qui s'est désormais reconverti dans l'infographisme. Comme la majorité des chalets des environs, le toit est un mélange d'ardoise et de tuile. Quant à la charpente, elle est en mélèze. “Elle est vieille de 150 ans et pourtant les mesures ont été faites au millimètre près. Le charpentier a fait poser des poutres de 13 mètres de long sans aucun souci”, confie François, qui n'envisageait pas de s'installer dans une construction moderne.
En août 2006, ils aménagent dans un premier temps une chambre pour eux et leurs deux enfants au sous-sol, et bricolent un petit coin bureau au rez-de-chaussée pour que Christine, devenue institutrice, puisse travailler à son aise. La cuisine se limite à des meubles en aggloméré et une table de pique-nique. Le reste, pas encore totalement isolé, est encore recouvert par une grande bâche bleue.
La clé : l'isolation
Mais alors comment agence-t-on une ancienne grange en chalet, quand on a vécu la plus grande partie de sa vie dans une grande ville, bien loin du climat parfois hostile des montagnes ?
“On s'est beaucoup inspirés des magazines. On s'était fait un cahier que l'on connaissait par cœur et on s'est laissé pousser par nos envies”, raconte Christine, une tassé de thé fumant à la main.
En effet, l'intégralité du chalet oscille uniquement entre pierres et bois brut. Les poutres ont d'ailleurs été laissées apparentes. “Notre seule petite originalité aura été d'intégrer du métal pour les plans de travail de la cuisine et la structure de l'escalier.”
L'élément primordial d'un tel chantier ? L'isolation, qu'il ne faut pas négliger. “On voit très vite ici si une maison est bien isolée. Si la neige font sur le toit, c'est qu'il y a un souci”, explique François. Un faux plafond pour laisser circuler l'air, “le meilleur isolant du monde”, entre le toit et la structure, une grosse quantité de laine de verre et le tour est joué.
La famille, très attachée à une consommation responsable s'est tournée pour les extérieurs, vers le cèdre et de mélèze, deux essences naturellement fongicides, “Nous n'avions pas envie de passer une couche de vernis tous les ans. Le bois ne respire que d'un côté et ce n'est pas très bon pour la planète. Là, notre façade s'entretient d'elle-même, elle foncera juste avec les années, mais comme tous les chalets traditionnels en bois de ce genre !” détaille François.
La maison est aujourd'hui entièrement terminée. Mais François et Christine ont déjà d'autres envies d'ailleurs. La famille devrait s'envoler l'année prochaine, pour un an aux États-Unis et se documente déjà pour construire une maison passive à leur retour. “On aime bien le changement”, confirme le couple de concert. Il y a fort à parier que les cahiers d'inspiration de maisons passives remplaceront rapidement ceux des chalets traditionnels.