Adèle Ponticelli - Publié le 24 janvier 2016
CONSO - Gérard Bellet a créé l'entreprise Jean Bouteille pour permettre d'acheter facilement des produits liquides en vrac, sans produire de déchets.
Mise à jour du 11 janvier 2021 - Depuis la publication de cette interview, en 2016, le réseau Jean Bouteille s'est agrandi, avec plus de 1000 points de vente partenaires, et propose de nouveaux produits liquides ou semi-liquides en vrac, pour toutes les pièces de la maison. Huiles, confitures, vin, bière, shampoing, lessive, produit ménager multi-usage... et bientôt même des yaourts.
Gérard Bellet compte bien révolutionner la consommation des produits liquides en France et en Belgique. Cet entrepreneur de 31 ans, doté d'une formation commerciale, a fondé Jean Bouteille pour permettre à chacun de consommer, facilement et sans produire de déchets, des produits liquides.
Pour cela, il remet au goût du jour l'usage de la consigne, disparue en France dans les années 80, fragilisée par le label point vert, préféré par les industriels.
Jean Bouteille existe depuis bientôt deux ans et a installé ses fontaines de distribution dans 25 magasins. Son concepteur Gérard Bellet revient sur sa démarche et le fonctionnement de Jean Bouteille.
Le vrac liquide, pour pousser jusqu'au bout la démarche zéro déchet
18h39 : Comment est né le projet Jean Bouteille ?
Gérard Bellet : Au départ, en 2012, il y a eu l'idée de permettre une consommation sans déchet des produits liquides, qui soit à la fois facile et pratique. Il n'existait rien de satisfaisant et cela relevait du challenge. Le livre de Bea Johnson sur le zéro déchet était un carton en librairie et la vente en vrac avait alors commencé à émerger. Pour le liquide, la solution trouvée a été d'associer le vrac à la consigne des bouteilles.
Comment réintroduisez-vous la consigne ?
Je vais démarcher des producteurs bio, qui comprennent la démarche, ensuite je vais voir des magasins. J'y installe des corners : des fontaines pour vendre les produits et des laveuses de bouteilles pour les laver. Dans les grandes villes, les laveuses sont externalisées : nous récupérons les bouteilles et les rassemblons dans un centre, qui est généralement un centre d'insertion.
La consigne existe encore en Belgique, en Allemagne, en Suisse, au Québec... Ce sont plus les pays latins qui l'ont abandonnée. Celle-ci a beaucoup d'avantages quand le circuit est assez court et que les bouteilles sont en verre. Par exemple en Allemagne, il y a des producteurs d'eau locaux. Or, en France, on a de très gros producteurs d'eau qui distribuent dans toute la France (sur de longues distances donc, ndlr), dans des bouteilles en plastique.
Comment cela fonctionne ?
On achète une bouteille et on la remplit de ce que l'on veut. Ce sont des bouteilles standardisées : jolies, sériegraphiées, avec bouchon mécanique, comme les limonades, car cela fait un déchet en moins.
Quels sont les produits distribués en vrac ?
Huile, vin, vinaigre, jus, principalement. Il peut y avoir de la lessive. Certains produits sont plus compliqués à vendre en vrac, par exemple le lait et les jus de longue conservation, car vendus en vrac, on passe sur de la courte conservation. Ainsi, le jus qu'on propose à la vente en vrac est du jus pressé sur place. Ce n'est pas un jus pasteurisé ou chauffé.
Nos produits sont ceux qu'on achetait historiquement en vrac. On essaie de rafraîchir une idée ancienne et logique. Le verre se relave quasiment à l'infini, contrairement au plastique.
Où peut-on trouver vos corners ?
Nous en avons un peu partout en France, cinq en Rhône-Alpes, bientôt six, et un autre va s'ouvrir à la Réunion. Il y en a aussi beaucoup dans le Nord et en Belgique. Nous comptons ouvrir une unité de laveuses externalisées à Paris. Avant fin 2016, j'espère que nous aurons au moins une vingtaine de magasins équipés à Paris. D'autres projets sont en cours de financement à Bordeaux, Rennes et Bruxelles.
Avez-vous des conseils pour les personnes qui voudraient acheter en vrac ?
Il faut commencer petit, puis on se prend au jeu. Acheter en vrac est entre 5 et 20 % moins cher. De plus en plus de magasins s'y mettent. On y trouve une ambiance particulière car les personnes qui y vont s'intéressent davantage au produit. Ce ne sont pas des magasins faits pour les gens qui font les courses en 2 minutes. Les produits vendus sont bruts, on va devoir faire plus de cuisine. On ne pourra jamais acheter en vrac des produits transformés. Cela va avec un mode de vie : n'acheter que l'essentiel.