Lisa Hör - Publié le 7 décembre 2015
IMMOBILIER - Et si la bonne idée pour acheter moins cher sa résidence secondaire, était d'investir avec des amis... Et pourquoi pas avec des inconnus ?
La France a beau être championne du monde du nombre de résidences secondaires (on en compte plus de 3 millions sur le territoire), seul un ménage sur dix en possède une. Ce rêve reste hors de prix pour une écrasante majorité. Et si la solution pour pouvoir se l'offrir était d'investir à plusieurs ?
C'est une pratique qui pourrait s'imposer dans les années à venir. Elle a déjà convaincu Guillaume, 51 ans, qui a acheté le quart d'un appartement à La Ciotat, dans les Bouches-du-Rhône. Seul, il n'aurait jamais craqué pour ce F3, estimé à 380 000 euros, pour n'y passer que quelques jours chaque année. "Ça aurait été de la folie", s'exclame-t-il.
À quatre copropriétaires, l'investissement devient raisonnable. Comment cela fonctionne ? Ils se connaissent alors le partage des semaines de vacances se fait naturellement, en fonction des préférences des uns et des autres.
Tout repose sur une bonne entente, et un minimum de logistique. "Chacun paie un quart des charges, et on pourrait même mettre l'appartement en location, quand personne n'y va, pour faire baisser la note", ajoute Guillaume.
Demain, investir avec des inconnus ?
Encore faut-il rencontrer les bonnes personnes avec qui se lancer. Se mettre d'accord sur le choix de la région, craquer sur la même maison, définir un budget. Pas si évident...
Un créneau sur lequel ont voulu se positionner Stéphane Buthaud et son associé. Il y a deux ans, ils ont lancé le site Je rêve d'une maison. "Au début, on pensait devenir le Meetic de l'achat à plusieurs", explique-t-il. L'idée de départ : renseigner ses critères pour dénicher sa maison de vacances idéale et rencontrer des personnes qui recherchent la même chose.
Cette idée n'a pas encore trouvé son public. Seuls 5% des clients du site, soit une centaine de personnes, ont investi en groupe, et la plupart se connaissaient déjà. Les deux associés ont dû réorienter leur offre vers les résidences principales... à acheter seul.
Ne pas confondre avec le timeshare
Pourtant, dans les années 80 et 90, beaucoup de Français étaient prêts à investir avec des inconnus dans des résidences de vacances. Il faut dire que les promesses du timeshare, ou "temps partagé", étaient séduisantes.
On achetait auprès un promoteur le droit d'occuper un appartement au soleil ou à la montagne, une semaine fixe par an, à vie, moyennant 15 ou 20 000 euros. Bien sûr, au moment du démarchage, on ne parlait pas des charges annuelles très lourdes. La multiplication des arnaques et la quasi-impossibilité de revendre sa semaine ont signé la mort de ce système.
Lire les conseils de l'association APAF-VTP, qui soutient les victimes des arnaques au timeshare.
Ce qui n'empêche pas Stéphane Buthaud de croire à une renaissance de l'achat à plusieurs. D'autant que la formule n'a plus rien à voir avec le timeshare. Il s'agit bien de devenir copropriétaire à part entière, et d'investir dans un bien que l'on pourra revendre sur le marché classique. À condition, de bien préparer son contrat.
La SCI plutôt que l'indivision
Pour se lancer dans la copropriété, il vaut mieux monter une SCI, ou société civile immobilière, que de faire un simple achat en indivision. C'est le conseil de Hubert Mroz, diplômé notaire à Roubaix.
"Le principal inconvénient de l'achat en indivision, c'est que le jour où un copropriétaire veut partir, si les autres n'ont pas les moyens de racheter sa part, il peut les forcer à tout vendre, explique-t-il. Cela termine souvent devant le tribunal."
Une SCI permet de définir ses propres règles contractuelles. Par exemple, on peut décider que la valeur du bien restera stable pendant huit ans. Si une personne décide de revendre ses parts avant cette date, les autres ne sont pas soumis aux aléas du marché. On peut ensuite fixer comme règle de racheter la part du sortant par tranche de 30% tous les trois ans.
La possibilité de se constituer un beau patrimoine à moindres frais, et de manière encadrée, pourrait bien décider les nouvelles générations à investir à plusieurs. Et Stéphane Buthaud de conclure avec optimisme : "demain, peut-être qu'une personne sur dix sera en copropriété pour sa résidence secondaire."
Beaucoup de Français qui ont investi dans le timeshare sont encore contraints de payer chaque année des charges, alors qu'ils ne partent plus en vacances et ne profitent plus de leur résidence.
Voici les conseils de Lise Nicolle, présidente de l'association APAF-VTP, si, comme eux, vous souhaitez sortir du système :
- Ne jamais se fier aux appels de sociétés qui proposent de racheter une semaine de timeshare. Ce sont des arnaques.
- Si la résidence se trouve à l'étranger, arrêtez simplement de payer les charges. Vous perdez la mise de départ. Attention, si la résidence est en France, cela vous conduirait devant les tribunaux.
- Si la résidence est en France, prenez un avocat pour demander une sortie pour juste motif. Cela se fera à l'appréciation du juge. Il faut alors prouver que l'on a cherché un repreneur.
- Malheureusement la seule solution est bien souvent de donner gratuitement sa semaine sur un forum.