Clémence Leleu - Publié le 6 décembre 2015
RECUP' - L'association Initiatives Solidaires permet à 16 personnes de se réinsérer en créant des objets du quotidien à partir de déchets industriels.
Créée en 2013, l'association Initiatives Solidaires, basée à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) est née de la volonté de mettre en ?uvre des actions de développement durable, couplée à une mécanique de solidarité.
Ce chantier d'insertion d'un nouveau genre, en place depuis février 2009, a attiré l'?il de la rédaction. Pour lutter contre la précarité et l'exclusion, les salariés intégrés au dispositif d'insertion par l'activité économique (IAE), sous contrat à durée déterminée d'insertion (CCDI) d'un an créent des objets. Et pas n'importe comment !
Dans la veine de l'upcycling, les objets sont réalisés à partir de déchets industriels. Ils sont ensuite mis en vente lors d'expositions. Marie-Lucie Sciarli, la directrice de l'association, nous présente ce projet encadré par l'artiste Christian Grisinger.
Comment est né ce chantier ?
Le chantier a été crée en partenariat avec Christian Grisinger, sculpteur sur métal. Cet artiste avait déjà mené des expériences de création dans des bidonvilles et voulait donner une nouvelle dimension à son travail.
En plus de la transmission de savoir-faire, il voulait également développer l'accompagnement. Nous nous sommes donc rencontrés et avons mis sur pied ce chantier d'insertion.
Quel est votre objectif au travers de cet atelier ?
Nous souhaitons avant toute chose faire avancer la situation des personnes que nous accueillons. Elles rencontrent généralement des difficultés qui ne leur permettent pas d'avoir un emploi dit “classique” pour le moment. Parce qu'elles sont éloignées de l'emploi, ou vivent dans une précarité sociale, voire sont dans une situation de handicap. Nous accueillons aussi de réfugiés ou encore des personnes sous la main de la justice.
Nous avons également fait le choix de la mixité : sur les 16 salariés, deux sont des femmes (malheureusement les stéréotypes ont parfois encore la vie dure) et ils sont âgés de 19 à 60 ans.
Depuis la création de cet atelier, trois personnes ont continué leur projet à la fin de leur contrat : deux se sont engagés dans une formation qualifiante et un autre s'est lancé en tant qu'auto-entrepreneur.
Qu'en est-il de l'aspect développement durable ?
Nous sommes en partenariat avec des déchetteries pour le métal. Nous travaillons essentiellement avec des entreprises, dont nous récupérons les chutes de découpes laser par exemple, ou des bouts de carcasse.
Pour le bois, nous avons plus de mal à en trouver. Nous récupérons majoritairement des panneaux de stands, des panneaux d'aggloméré dont personne ne veut, en veillant toujours à ne pas avoir des chutes trop petites. Sinon il nous est impossible d'en faire quelque chose !
Comment s'organise cet atelier ?
Il est encadré par deux personnes, dont Christian qui donne aussi l'impulsion créative et conçoit le dessin des pièces. Dans un premier temps, les personnes apprennent à travailler le métal : soudure, reconnaissance des différents métaux, techniques de fonctionnement des machines.
Avec les chutes que nous récupérons, ils confectionnent des lampes. Ensuite, ils se lancent dans la création de mobilier comme des tables, des chaises, bref toute la gamme de mobilier d'intérieur.
Une fois que les objets sont terminés, que deviennent-ils ?
Nous disposons dans nos locaux d'un showroom où les acheteurs peuvent venir découvrir les créations. Nous organisons aussi des journées portes ouvertes des ateliers. Nous sommes actuellement en train de plancher sur une stratégie de commercialisation.
Pour le moment nous n'avons pas d'e-shop sur notre site car nous estimons qu'il est important que les gens viennent voir le travail de nos salariés pour comprendre qu'au-delà des belles pièces uniques que nous leur proposons à la vente, il y a toute une démarche de réinsertion.