Adèle Ponticelli - Publié le 6 octobre 2015
MOBILITÉ - La journée sans voiture à Paris en a donné un avant-goût, et si c'était l'avenir de la ville ? À côté du rêve, des innovations existent.
Peut-être faites-vous partie des milliers de personnes qui ont foulé, sous un beau soleil automnal, les Champs-Élysées, dimanche 27 septembre, sans être dérangé par l'ombre d'un klaxon...
Il y a un peu plus d'une semaine, une partie de la capitale était interdite à la circulation (sauf taxis et bus). Paris expérimentait sa première journée sans voiture. Un succès selon la maire de Paris, Anne Hidalgo (PS).
"La préfecture de police a enregistré une baisse de la circulation de 42% dans le centre de Paris et de 25% sur l'ensemble du territoire parisien", détail le communiqué de presse. Résultat : un niveau de dioxyde d'azote en moyenne 20 à 40% moins élevé que d'ordinaire, selon Airparif et une baisse de 3 décibels recensée par Bruitparif.
Seule ombre au tableau, la présence trop nombreuse de taxis, qui ont occupé l'espace libéré par les autres voitures. Un effet d'aubaine que la mairie de Paris tendra à corriger lors de la prochaine édition de cette journée.
Car oui, cette journée est vouée à se répéter. Et si c'était là une piste pour l'avenir des villes ? Une cité intelligente serait-elle débarrassée de ses voitures ? Entendons-nous, il s'agit des voitures personnelles, pas de tous les véhicules motorisés.
"Tout est à inventer"
C'est ce que confiait à 18h39 Bruno Bonnell, un des leaders de la robotique en France. D'ici à 2050, nous pourrions vivre dans des villes où les voitures personnelles seront des objets de collection, où les taxis seront robotisés, où “30% de l'espace public sera rendu aux citoyens".
"Tout est à inventer", indique-t-on du côté du cabinet de Christophe Najdovski, adjoint au maire de Paris chargé des transports et de l'espace public, et de la journée sans voiture. "Les bandes de stationnement pourront être occupées par de la végétation, les rues fermées à la circulation pourront être investies par des associations proposant des activités avec les enfants ou encore transformées en aires sportives."
Mais l'hypothèse fait sourire, tant l'horizon d'une ville sans voiture particulière semble lointain. "Aujourd'hui on a besoin de routes", continue-t-on du côté de l'adjoint au maire, avant d'insister, "on en aura toujours besoin".
Autopartage et taxis collectifs intelligents
À court terme, l'enjeu est de privilégier les nouvelles formes de mobilités. Le co-voiturage, par exemple. Mais surtout l'autopartage, en version électrique à Paris (Autolib') ou Lyon (Bluely et d'autres), en version essence dans des dizaines de villes françaises.
Selon une étude réalisée en partenariat avec l'Ademe, "le nombre de ménages qui ne possèdent pas de voiture augmente de 40% avec l'adhésion à un service d'autopartage." Même si les voitures ne vont pas disparaîtrent, leur nombre peut bel et bien nettement diminuer, si une politique allant dans ce sens est mise en place.
Helsinki s'y est engagée. La capitale de la Finlande a installé un réseau de minibus auto-conduits, Kutsuplus, orchestré par un système informatique. Les abonnés entrent leur lieu de départ et leur destination sur une interface (une application smartphone par exemple), un algorithme calcule le prix en fonction du minibus le plus proche. Le bus vient alors chercher l'abonné pour le déposer à destination.
Le service, comparé à Uber (lien en anglais), coûte plus cher que le bus mais moins qu'une course en taxi. Mieux encore, l'application pourrait fonctionner aussi avec les bus, vélos et ferries, indiquant les différentes options qui s'offrent à l'abonné.
Une demande citoyenne
Pour que la donne change réellement, il faut que chacun y trouve son avantage. Qu'est-ce qui pourrait dissuader les particuliers de posséder leur propre voiture ? Comme le montre l'exemple de la capitale nordique, la réponse se trouve dans un maillage efficace des réseaux de transports.
L'amélioration du système de transports collectifs n'est cependant pas suffisant à la réduction de l'usage des voitures en France, soulignait une étude du CNRS et de l'INRETS à l'aube des années 2000. Une approche globale intégrant l'aménagement urbain est primordiale.
Les habitants parisiens l'ont bien compris. La demande est là : les deux projets qui ont reçu le plus de voix, lors du vote du budget participatif, sont ceux demandant l'installation de davantage de pistes cyclables et de quartiers piétonniers. De quoi écarter un peu plus les voitures de la ville.