Lisa Hör - Publié le 7 septembre 2015
LIBERTÉ - Laëtitia a construit elle-même sa maison : un tout petit chalet... sur roues. Tout le confort condensé dans 14 mètres carrés.
"Baluchon". Le nom de sa maison s'affiche fièrement sur la façade, en grandes lettres peintes sur une planche en bois. Juste en dessous, comme un leitmotiv, "Petite maison, grande aventure." Ce chalet de 14 mètres carrés, posé sur une remorque, et donc transportable, c'est la nouvelle demeure de Laëtitia, près de Nantes. Et c'est la première tiny house construite en France par un particulier.
Faire son baluchon, c'est partir sur les routes, avec juste le nécessaire. Une expression qui résume parfaitement l'état d'esprit de la jeune femme de 28 ans et le concept des tiny houses, né aux Etats-Unis.
Rien à voir avec les caravanes, mal isolées. Rien à voir non plus avec les mobil'homes, qui ne peuvent être transportés qu'en convoi exceptionnel.
Les tiny houses sont conçues pour y vivre toute l'année et par tous les temps, comme dans une maison à ossature bois traditionnelle, et peuvent être transportées facilement, sur une remorque.
L'indépendance à petit prix
Quand elle découvre un reportage sur le sujet il y a un an et demi, Laëtitia est conquise. À ce moment-là, aucune société ne les commercialise en France. Elle se lance le défi de construire sa propre tiny house.
Ses études en design industriel lui sont utiles pour dessiner les plans. Quelques amis bénévoles, à qui elle rend hommage sur son site, viennent lui prêter main forte. Certains sont charpentiers ou menuisiers.
Le chantier en lui-même dure huit mois. Tout compris, sa maison lui aura coûté 16 000 euros.
"Le plus difficile était de bien en calculer les dimensions et le poids", raconte Laëtitia. "J'ai eu de la chance car je ne l'ai pesée qu'à la fin." Résultat : 3,130 tonnes, une belle marge de 370 kilos en dessous de la limite autorisée pour pouvoir la transporter sur les routes.
Tout le confort, en miniature
Laëtitia a dû renoncer à installer une machine à laver, qui aurait pesé bien trop lourd. Elle devra laver son linge dans une laverie automatique. En dépannage, elle a prévu une petite baignoire qui servira de bac.
Pour le reste, la maison correspond aux besoins de Laëtitia, pas plus, pas moins. "Ce n'est pas très grand, mais tout est optimisé. Chaque espace a une fonction pour qu'il n'y ait pas de place perdue."
Du bois, du sol au plafond
La construction de cette tiny house est aussi un engagement écologique : "Les maisons classiques consomment vraiment beaucoup d'énergie, et elles sont de plus en grandes pour des foyers pourtant de plus en plus petits."
Son choix se porte sur des matériaux renouvelables et sur le bois. À commencer par le bardage extérieur, en bois de cèdre rouge : un arbre qui pousse vite et se renouvelle très bien.
Plus tard, la maison sera rendue autonome en énergie grâce à des panneaux solaires indépendants. "Comme elle est mobile, je pourrais la placer à l'ombre pour garder la fraîcheur à l'intérieur, et laisser les panneaux au soleil", imagine Laëtitia.
La nature s'invite aussi à l'intérieur. La bibliothèque est construite avec des branches d'arbres du terrain de ses grands-parents, où la maison a été fabriquée.
Micro maison pour tous
Pour le moment, "Baluchon" est posée sur le terrain que lui ont prêté ses parents. Mais elle compte bien se mettre en quête de son propre carré d'herbe. "Ma maison est semi-nomade, précise-t-elle, avec un point d'attache". Et pour pouvoir la transporter elle-même le moment venu, elle prépare le permis remorque.
Autre projet, professionnel cette fois : transmettre ce qu'elle a appris et conseiller les particuliers qui voudraient se lancer à leur tour. Les 10 et 11 octobre, elle ouvre la porte de sa maison aux visiteurs. Tout le monde a droit à sa tiny house, elle en est convaincue. Même Apex, son fidèle compagnon, qui lui habite dans une "tiniche".