Adèle Ponticelli - Publié le 13 juillet 2015
TUTORIEL - Apprenez à faire un kokedama suspendu et découvrez l'origine de ce bonsaï un peu particulier.
On dirait une petite planète de mousse d'où s'élève un arbre immense. C'est un kokedama. Une sphère de terreau d'une douzaine de centimètres, entourée de mousse, dans laquelle prend racine une plante.
Autrement dit, cette plante pousse sans avoir besoin d'un pot, selon une méthode japonaise héritée du bonsaï. Elle peut se suspendre, s'accrocher au mur, se poser sur une pierre... Et donner ainsi à la pièce une touche esthétique japonisante des plus poétiques.
Petit à petit, l'art du kokedama gagne des adeptes en France. "J'aime bien faire gambader mon esprit sur le kokedama", raconte Gwendoline Chaudet qui vient de monter son site web. Sa boutique sur Etsy, le site de vente où elle propose ses créations, a rejoint la poignée d'autres qui se lancent depuis un an. Ainsi que quelques sites web spécialisés, comme l'art du kokedama.
La rondeur de l'objet est, pour la jeune Rennaise, synonyme d'absence de contraintes. "Cela me permet de me ressourcer", assure-t-elle. Ainsi lors de ses pauses au bureau, elle contemple celui qu'elle a installé, tout en sirotant son thé.
Gwendoline veut transmettre sa passion. Présente à la dernière Maker Faire de Paris, elle cherche à passer son savoir d'autodidacte sur cet art végétal. Pour cela, elle vend des kits pour réaliser soi-même son kokedama, avec son propre mélange de terre. Car les matériaux traditionnellement utilisés proviennent du Japon et ne sont pas facilement accessibles.
L'origine du kokedama
L'art du kokedama nous vient du pays du soleil levant. "C'est un art récent, explique Adrien Bénard qui a ouvert une boutique de kokedama à Paris, Aquaphyte, en octobre 2014. Nous n'en connaissons pas la date précise de création, ni le lieu, mais il est apparu au début des années 1990."
À son origine, la rencontre de deux arts : celui du bonsaï et la technique Neirai, qui a plus de deux siècles. "À cette époque, pour donner un aspect naturel, ils posaient le bonsaï sur un plateau et laissaient faire, le substrat se couvrait naturellement de mousse." Un jour, quelqu'un à eu l'idée de transformer le dome en une sphère et ainsi sont nés les kokedamas.
Après un voyage au Japon et un changement de carrière, Adrien Bénard a voulu transposer le concept et en faire son activité principale. Il a choisi de développer un terreau sans argile et a obtenue une technique stable et fiable en 2010.
À présent, il fait des créations avec plusieurs plantes. Il faut cependant compter autour de 100 euros pour ces modèles très raffinés, ce qui explique que ses clients soient plutôt des professionnels (hôteliers, restaurateurs...).
Mais ils comptent aussi des passionnés, car on peut développer une addiction au kokedama ! Pour eux, il propose dorénavant des ateliers pour apprendre à en réaliser soi-même, selon la méthode traditionnelle.
Quelles plantes choisir pour son kokedama ?
"Pour le choix des plantes, soit ça marche, soit ça ne marche pas, explique Adrien Bénard, l'art du kokedama est très binaire." Il vaut mieux opter pour une plante "pas trop exigente", qui ne demande pas un arrosage trop fréquent et n'est pas réputée sensible des racines. Par exemple : les asparagus, les palmiers nains, les plantes grasses naines.
Ensuite, on arrose régulièrement (une fois par semaine en moyenne). Il ne suffit pas d'humidifier la mousse, qui a une valeur uniquement esthétique. Bien entretenu, le kokedama tient deux ou trois ans. Après quoi il faut refaire la sphère, car les nutriments à l'intérieur du terreau ont été consommés. Généralement, la nouvelle sphère est plus grande que la précédente car les racines ont poussé.
Suivant les climats et les plantes, les recettes de substrat (mélange de terreau et des autres éléments) varient. Cette science se met en place à travers le monde. Adrien Bénard est en relation avec des professionnels au Japon et en Europe. Il participe au développement d'un réseau pour échanger les techniques et faire progresser les connaissances sur cet art végétal.
Comment faire un kokedama ?
Quelques conseils avant de débuter :
- être prudent avec les racines : ne pas les laisser sécher, ni trop les presser lorsqu'on ajoute le terreau.
- ne pas travailler les plantes au moment où elles sont en fleur, et pour les plantes caduc, préférer le moment où elles n'ont pas de feuilles (comme pour le rempotage).
Voici le pas à pas écrit pour nous par Gwendoline. Il existe toutefois une variété de techniques (sans argile, avec de la mousse florale, avec différentes proportions suivant la plante), c'est ici une recette de base que vous pouvez adapter.
1 Diluer l'argile (grise ou rouge) toute une nuit avec un peu d'eau, afin d'obtenir une consistance proche d'une pâte à tartiner.
2 Mélanger la base de terreau (une grosse poignée de main, de la taille de la boule qu'on souhaite obtenir) avec une demie poignée de sphaigne coupée en morceaux, l'argile diluée et de l'eau. Il faut que le mélange ait plus la couleur du terreau que celle de l'argile.
3 Modeler le tout en boule pour voir si la taille convient (en sachant que les racines vont rajouter du volume).
4 Enlever la terre autour des racines de la plante choisie. Si les racines sont trop longues, on peut couper un peu.
5 Remodeler la boule de mélange autour de la plante.
6 Prendre la mousse qu'on a réhydratée et la coller sur la terre. Il ne faut pas de terreau apparent.
7 Avec un fil nilon, faire le tour de la sphère de multiples fois. Terminer par un petit noeud et l'enfoncer dans la mousse.
Précaution finale : ne pas placer son kokedama en plein soleil ou dans un courant d'air. La mousse étant purement décorative, elle ne protège pas la plante comme le fait habituellement un pot de fleur.
À consulter :
Omega Kokedama, le site de Gwendoline Chaudet.
L'Art du kokedama.
Aquaphyte, la boutique en ligne d'Adrien Bénard.
Aquaphyte, la boutique en dur :
157 Boulevard Malesherbes
Paris 75017