Matthieu M. - Publié le 7 décembre 2017
SOCIÉTÉ - Miroir brisé, fer à cheval, chat noir : les superstitions sont partout dans la maison. Voici quelques explications pour briller en société (et rompre la malédiction).
On a tendance à croire que les superstitions sont des peurs inexplicables et profondément irrationnelles. Vous serez surpris.e de découvrir que la plupart d'entre elles ont une origine historique, bien souvent religieuse.
D'ailleurs ces superstitions ne sont pas parfaitement inutiles car selon une étude menée par l'Université de Chicago, elles auraient même un effet positif sur le cerveau humain !
En nous persuadant que nous allons conjurer le mauvais sort, l'événement que nous cherchons à tout prix à éviter a moins de chance de se produire si l'on y croit dure comme fer. Une sorte de prophétie autoréalisatrice en somme !
1 - Le miroir brisé
Cassez un miroir et vous êtes parti pour 7 ans de malheur ! À l'origine de cette superstition, une croyance hérité de l'Empire Romain datant du Ier siècle.
À l'époque, les Romains étaient convaincus que le miroir, en plus de refléter l'image du corps, reflétait celle de l'esprit. Du coup, briser un miroir équivalait à détruire son âme... rien que ça !
La durée de la malédiction correspond aux cycles de vie des Romains qui pensaient que notre vie était divisée en différentes périodes de sept ans. Il fallait donc attendre la fin d'un cycle pour être libéré de ces terribles tribulations.
2 - Le pain à l'envers
Vous vous souvenez du savon que votre vieil oncle Roger vous avait passé, lorsque vous aviez déposé, nonchalamment, la baguette à l'envers sur la table ? Vous aviez d'ailleurs quitté le repas en rouspétant, ne comprenant pas pourquoi il accordait autant d'importance à ce geste aux conséquences apparemment anodines.
Mais ne blâmez pas trop oncle Roger, puisque cette angoisse remonte loin, très loin. Au Moyen Âge, les bourreaux qui se chargeaient des exécutions publiques avaient le droit à un morceau de pain, que leur réservait le boulanger.
Les gens se sont mis à penser que retourner le pain attirerait le bourreau chez eux. On associe depuis cette pratique au malheur. Un conseil donc, pour éviter de perdre une tête : vérifiez la position de votre baguette !
3 - Ouvrir un parapluie à l'intérieur de la maison
Contrairement aux superstitions précédentes, celle-ci est assez récente. Lorsque les premiers parapluies à armature en métal ont été commercialisés au Royaume-Uni au 18ème siècle, le système n'était pas aussi perfectionné qu'aujourd'hui.
Si on les ouvrait trop brusquement dans une pièce, on prenait le risque de blesser quelqu'un.
Aujourd'hui, à moins d'ouvrir votre parapluie en visant une autre personne, le seul risque est de salir votre intérieur.
4 - Renverser du sel
Alors que votre petit cousin a eu le malheur de renverser la salière sur la table, votre vieil oncle Roger (encore lui) s'empare d'une pincée de sel qu'il jette immédiatement derrière son épaule.
Comme le sel a, de tout temps, été une denrée rare, en gaspiller bêtement présageait une fin de mois difficile. Gaspiller du sel est donc synonyme de grand malheur, tandis que le sel lui porte chance. C'est pour conjurer le mauvais sort que Roger a failli vous faire perdre un oeil.
5 - Passer sous une échelle
Si vous pensiez que cette superstition était dûe au bon sens (quand on passe sous une échelle, on risque de prendre un objet sur la tête), vous faites erreur !
Cette superstition aurait une origine religieuse. Dans la religion chrétienne, le Dieu unique est représenté par trois figures : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Ce trio divin est souvent symbolisé par un triangle, forme que l'on retrouve lorsqu'une échelle est posée contre un mur.
Du coup, passer sous une échelle signifierait ni plus ni moins rompre la Sainte-Trinité, et s'attirer la colère de Dieu !
6 - Toucher du bois
“Je touche du bois !” Vérifiez bien qu'il y a du bois autour de vous avant de lancer cette phrase, on ne plaisante pas avec les dieux.
Eh oui encore eux ! Le bois est associé à l'expression de la force divine, à l'image des Perses qui y voyait la manifestation du dieu du feu. En le touchant, ils se mettaient sous sa protection.
L'idée fut reprise par les chrétiens, qui voient dans le bois la représentation de la croix sur laquelle est mort Jésus.
7 - Le fer à cheval
C'est l'incontournable de la panoplie ésotérique : le fer à cheval. Censé porter bonheur à la maison qui l'abrite, le fer à cheval est un symbole connu par toutes et tous.
Cette croyance trouve son origine dans un vieux mythe romain qui voudrait que Néron, empereur de Rome, avait imposé à ses forgerons d'équiper ses chevaux avec des fers en or. Mais comme la technique n'était pas encore au point, il arrivait que les chevaux perdent leurs fers.
Un paysan qui passait par là serait tombé par hasard sur l'un de ces fers en or, qui lui aurait apporté une vie heureuse. On se demande pourquoi...
8 - Le chat noir
Dans l'inconscient collectif, le chat noir est associé aux mauvais présages. Mais il ne mérite pas cette mauvaise réputation !
C'est à partir du Moyen Âge que les chats noirs sont diabolisés : les légendes de l'époque associent le petit félin à Lucifer, qui aurait envoyé sa fille sur Terre accompagnée d'un chat noir pour enseigner la magie “noire” aux mortels.
Le chat noir est alors devenu un animal de premier choix pour toutes sortes de sorcellerie, car considéré comme messager du diable. Pauvres petits chats !
9 - Ne jamais être treize à table
Malheureux hasard, le plan de table vous a condamné à passer l'entièreté du repas à côté de votre oncle Roger. Quand tout à coup, Monique, sa femme, remarque qu'il y a 13 convives. Il va falloir que quelqu'un quitte la table. Bon perdant, vous cédez votre place avec joie.
Tante Monique ne craint pas que la nourriture vienne à manquer, non elle se remémore le dernier repas de Jésus, la Cène. Le treizième convive de ce repas n'était autre que Judas, qui selon la Bible, aurait trahi Jésus, causant sa crucifiction.
10 - Trinquer les yeux dans les yeux
Fin des hostilités, on a trouvé une solution à la crise des 13 invités, Tatie Monique a séparé la tablée en deux. Il est l'heure de boire un coup.
Comme, dans le fond, vous êtes quelqu'un de bien, vous vous approchez de l'oncle Roger pour trinquer. “Dans les yeux !!!”, hurle-t-il. Vous manquez de lâcher votre coupe.
Diplomate, vous lui expliquez qu'il n'y a plus de raison de craindre un malheur quand un proche ne vous fixe pas au moment de trinquer. En fait, au Moyen Âge il était fort risqué de ne pas prêter attention à son verre (encore plus qu'aujourd'hui) car les tentatives d'empoisonnement étaient fréquentes.
Lorsque les verres s'entrechoquaient, le but était de renverser un peu de sa boisson dans le verre de l'autre pour prouver sa bonne foi. Il était d'ailleurs d'usage de se fixer dans les yeux en buvant la première gorgée pour montrer qu'on n'avait pas de mauvaise intention.
Trinquer dans les yeux est alors devenu une marque de confiance. On aime beaucoup l'idée, à la vôtre !