Lisa Hör - Publié le 26 août 2018
ENFANTS - Du lit Montessori, à l'espace jeu en passant par le dressing, piochez parmi ces idées pour créer une chambre qui favorise l'autonomie.
Après avoir développé sa pédagogie, Maria Montessori s'est intéressée aux tous petits enfants, pour favoriser leur apprentissage de l'autonomie.
On peut donc s'inspirer de l'approche Montessori pour aménager sa maison et en particulier la chambre de son enfant.
Celle-ci sera “sobre, épurée, esthétique”, selon les mots de Emanuelle Opezzo, autrice de Vivre la pensée Montessori à la maison, éditions Marabout 2015 et fondatrice de l'Atelier Koko Cabane.
Surtout, elle s'organisera selon des espaces différenciés, qui évolueront avec l'âge de l'enfant.
Une chambre désencombrée et zen
Une chambre Montessori est d'abord un espace à hauteur d'enfant. Il doit pouvoir accéder à ses jeux et ses livres par exemple. Mais cela ne veut pas dire, tout laisser à sa portée !
En effet, une chambre Montessori est aussi très désencombrée. Les jeux non utilisés sont stockés en hauteur, “dans des rangements fermés”, précise la décoratrice d'intérieur Aurélie Guitteny, spécialisée dans les chambres d'enfant. “Cela évite que ce soit trop attirant visuellement.”
Évitez les couleurs primaires trop nombreuses. “Vous pourrez alors attirer son attention sur des choses intéressantes plutôt que sur un environnement sur-stimulant”, décrypte Anouche Hovnanian, présidente de l'Association Montessori de France.
Puisque votre enfant est encouragé à explorer sa chambre, elle doit être parfaitement sécurisée, notamment au niveau des prises.
Enfin, les trois premières années, il est important que tout soit rangé à la même place à chaque fois, car c'est une période où l'ordre est important, selon Emmanuelle Opezzo. La chambre évolue au rythme de l'enfant et en même temps il ne pas tout bouleverser, pour créer des repères.
Le coin sommeil selon les principes Montessori
- De la naissance à 3 ans
L'approche Montessori recommande de faire dormir l'enfant, les premiers mois, dans un couffin suffisamment large pour permettre le mouvement comme le précise Anouche Hovnanian.
À partir de quelques mois, l'approche Montessori consiste à faire dormir l'enfant le plus proche possible du sol, d'abord dans son coussin posé sur un matelas, puis directement sur le matelas.
Pourquoi ne pas installer un lit à barreaux ? D'après l'approche Montessori, celui-ci peut entraver le développement de la vue de l'enfant, qui ne peut pas embrasser toute sa chambre du regard, comme l'explique Anouche Hovnanian.
L'idée est ensuite de lui permettre de monter dans son lit et d'en sortir tout seul, pour qu'il puisse apprendre à réguler son sommeil.
Bien sûr, tout dépend des possibilités de chacun. “Ce n'est pas parce qu'on met l'enfant dans un lit à barreaux qu'on sera un mauvais parent”, insiste Nathalie Petit, autrice du livre Montessori à la maison de 0 à 3 ans.
Pour aménager cet espace sommeil, Emmanuelle Opezzo conseille par exemple de placer le matelas sur un tatamis, et de poser un coussin d'allaitement autour du bébé. Souvent, un tapis est aussi placé à côté du matelas, au cas où le bébé roule au sol.
En revanche, aucun mobile dans cet espace : “moins il y a de choses mieux c'est, il ne faut pas de stimulation visuelle ou sonore”, explique Nathalie Petit.
- Après 3 ans
On peut laisser le matelas au sol aussi longtemps qu'on le souhaite, ou installer un lit classique, dès que l'enfant est capable de monter dessus seul.
Aurélie Guitteny déconseille en revanche les lits mezzanine ou superposés, du moins les premières années, car ils peuvent compliquer la tâche pour aller aux toilettes la nuit.
Un espace jeu pour développer la motricité
- De la naissance à 3 mois
Dans l'espace d'éveil, on trouvera “un tapis plutôt neutre, moelleux mais pas trop (il faut que l'enfant puisse se retourner), et un mobile Montessori accroché à un portique”, selon les conseils d'Emmanuelle Opezzo.
On peut également installer un miroir (bien fixé) au mur à côté du tapis d'éveil. “Ils adorent se voir dans le miroir, raconte Nathalie Petit. Ça fait de la lumière, ça bouge…”.
- À partir de 3 mois
Une fois que votre enfant peut se retourner et tenir des objets dans sa main, vous pouvez lui proposer des hochets. Emmanuelle Opezzo rappelle que, selon l'approche Montessori, chacun d'entre eux doit avoir une seule fonction. Pas de lumière et de musique en même temps !
“Proposez une chose à la fois pour ne pas le submerger d'infos”, ajoute-t-elle, en conseillant de lui en donner un nouveau seulement quand il a fait le tour des précédents.
On retrouve toujours un matelas, suffisamment rigide pour que sa colonne vertébrale puisse se renforcer et qu'il puisse prendre appui dessus, insiste Anouche Hovnanian, et un miroir, assez large et haut pour qu'il puisse se voir en entier quand il se met debout.
Pour l'aider à se relever, fixez une barre de rideau de part et d'autre de ce miroir. Il pourra s'y accrocher.
Vous pouvez déjà installer une petite bibliothèque, en disposant les livres à sa hauteur, par exemple dans une petite étagère à épices, comme le suggère Aurélie Guitteny. Ainsi, il voit les couvertures et peut plus facilement s'en saisir.
- Quand il marche
Disposez ces jeux et activités Montessori sur une petite étagère à sa hauteur. À nouveau, ne lui proposez que quelques jeux et opérez un roulement.
Emmanuelle Opezzo conseille de dérouler un tapis de 40x60 cm ou 50x80 cm à chaque fois que vous commencez une activité. Cela délimite l'espace pour jouer et aide votre enfant à se repérer. À la fin de l'activité, on range !
“On peut garder le matelas au sol assez longtemps, même jusqu'à 12 ans les enfants aiment bien s'allonger au sol avec un travail ou un livre”, estime quant à elle Anouche Hovnanian.
Le dressing : accessible à partir de 18 mois
Choisir ses vêtements fait partie de l'apprentissage de l'autonomie.
“On ne va pas mettre toute sa garde robe à disposition, trop de choix c'est déstabilisant, conseille Anouche Hoznanian. On range plutôt tous ses vêtements dans le haut de la penderie, et dans la partie accessible, on laisse quelques propositions différentes, adaptées à la sortie et à la météo, qui permettent à l'enfant de s'investir dans son quotidien.”
À chaque étape, expliquez pourquoi il a le choix entre ces différents vêtements, en fonction de la météo et de la saison. Laissez-le s'entraîner à s'habiller et surtout montrez-lui comment s'y prendre avant de laisser ses chaussettes à disposition par exemple.
L'approche Montessori reste une démarche et une philosophie, plus qu'un guide à suivre à la lettre. À vous de l'adapter selon vos possibilités et votre temps.
C'est d'ailleurs la dimension essentielle : montrer, accompagner, laisser votre enfant s'entraîner. Et cela peut se faire seulement le week-end et même sans aucun outil ou meuble particulier !