Emmanuel Chirache - Publié le 3 avril 2019
CONSTRUCTION SAUVAGE - Alors qu'il vit depuis 8 ans dans sa cabane perchée à Cléron, dans le Doubs, Xavier Marmier doit la détruire sur ordre de la mairie.
"La démolition, ça veut dire quoi, qu'on met tout par terre ?" demande Xavier Marmier, perplexe, à son avocate. "Oui, répond-elle, il faut tout remettre en état, qu'il n'y ait plus rien, qu'il n'y ait plus que les arbres." En effet, la cour d'appel vient de casser l'ancienne décision du tribunal de Besançon, qui avait soutenu cet ancien grimpeur-élagueur et sa femme contre la mairie de Cléron.
Un nouvel arrêt du 26 mars 2019 stipule que Xavier doit déconstruire son édifice, car il n'a pas de permis de construire dans cette zone Natura 2000. Il est vrai que la construction de la cabane avait été autorisée seulement à l'amiable en 2011 par les précédents administrateurs de la commune. À l'époque, personne ne s'offusquait de voir un amoureux de la nature se fabriquer un abri écolo dans la vallée de la Loue, sur un terrain qui lui appartient.
Loin d'être un radical prêt à tout pour combattre le système
Toilettes sèches, pas de rattachement à l'eau courante, des panneaux solaires et un poêle à bois... Le bilan carbone de Xavier est presque nul. Et même s'il est profondément engagé dans la cause écolo, il n'a rien d'un zadiste radical prêt à combattre le système. Dans un article pour le magazine Sparse, on apprend ainsi qu'il travaille toujours pour le Cirque Plume, qu'il roule en Fiat Panda et fait ses courses au supermarché.
Bref, difficile de comprendre l'acharnement de la mairie, qui se cache derrière la crainte d'une "jurisprudence Marmier" dont on perçoit mal la pertinence : selon leur logique décrite dans un reportage sur France 3 (voir ci-dessous), d'autres viendraient ensuite réclamer la régularisation "d'un bout d'abri à jardin ou un bout d'abri pour des chevaux". Pour les défenseurs de Xavier, ce n'est pas comparable avec la construction d'un logement dans les arbres.
Pour sauvegarder la cabane, une défense s'organise donc autour d'une pétition en ligne qui approche désormais les 5000 signatures. De son côté, Xavier se prépare à un pourvoi en cassation et il nous a confié qu'il recherche un avocat qui puisse lui venir en aide à Paris dans les prochaines semaines. Avis aux amateurs de causes perchées !