Matthieu M. - Publié le 4 avril 2019
ÉCOLOGIE - Certaines villes américaines submergées par les déchets ont décidé d'arrêter de recycler. Un spécialiste de l'Ademe nous a expliqué pourquoi un tel scénario était impossible en France.
Le 16 mars dernier, le quotidien américain The New York Times publiait un article intitulé “De plus en plus de villes américaines arrêtent de recycler”.
En cause ? La Chine qui refuse désormais de recycler les déchets des autres pays et rejette la casquette de “poubelle du monde”.
Certaines villes des États-Unis, comme Deltona en Floride ou Philadelphie en Pennsylvanie, qui avaient l'habitude d'exporter leurs déchets pour les recycler à l'étranger, investissent aujourd'hui dans de grandes décharges ou les incinèrent. Serions-nous en train de faire marche arrière ? La même chose est-elle envisageable en France ?
Rassurez-vous, la réponse est non ! On a demandé pourquoi à Jean-Charles Caudron, responsable du service produits et efficacité matières auprès de l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (Ademe).
Pourquoi est-ce que la décision de la Chine a-t-elle eu cet impact sur les villes américaines ?
Jean-Charles Caudron : Aux États-Unis, ils n'ont pas du tout la culture du recyclage, ils n'ont pas mis en place de dispositifs de collecte de tri sur leur territoire comme nous. Ils expédient leur collecte brute, l'équivalent de notre poubelle jaune, en Chine, car le pays était demandeur en matières premières.
Or, les autorités chinoises ont décidé de ne plus être considérées comme la poubelle du monde et n'autorisent désormais que l'importation de matières déjà triées et préparées.
Donc concrètement il est encore possible d'exporter ses déchets en Chine ?
Oui, si vous envoyez des bacs de cartons triés, ils continueront de vous les prendre mais ils ne prennent plus les déchets en vrac. Comme les États-Unis ne sont pas équipés pour trier leurs déchets, ils doivent trouver des alternatives.
Quelles conséquences peut avoir l'arrêt du recyclage outre-Atlantique ?
Dans un premier temps, un effet massif de sensibilisation. Aujourd'hui, le pays est dans une logique de consommation très poussée mais ne supporte pas la gestion de son produit. Désormais, quand ils consomment puis jettent, ils n'ont plus choix, ils doivent faire des décharges.
À moyen terme, cela entraînera une réflexion sur l'emballage et sur le sur-emballage puis l'installation de bacs de tri pour que les Américains puissent trier chez eux.
Ce scénario n'est donc pas envisageable en France ?
En France, nous n'avons pas du tout le modèle puisqu'on collecte, puis on trie les matériaux directement sur le territoire. On ne peut donc pas se retrouver dans la même situation. Impossible que l'on arrête de collecter les poubelles jaunes dans notre pays !