Lisa Hör - Publié le 20 mars 2018
CONSTRUCTION - Les maisons passives coûtent-elles plus cher ? S'agit-il de maisons sans chauffage ? Le chantier est-il beaucoup plus compliqué ? Décryptage.
Une maison tellement bien isolée qu'elle ne consomme presque plus de chauffage, et dans laquelle il fait bon toute l'année, ça vous tente ? Ce sont les économies et le confort que permettent les maisons dites passives.
La première maison passive a été construite en Allemagne il y a 25 ans, et le label passif a été développé sous un nom allemand, “PassivHaus”. En France aussi, il existe un label déjà attribué à 250 bâtiments, qui consomment moins de 15 kwh par m2 et par an pour se chauffer.
Entre 2 000 et 3 000 maisons passives ont d'ailleurs été construites en France, sans pour autant avoir fait de demande de certification.
Mais les avantages de ce mode de construction ont beau être bien connus, les maisons passives véhiculent encore de nombreuses idées reçues.
Peut-être, vous retiennent-elles de vous lancer. Voici de quoi vous convaincre de faire construire votre maison en passif ou d'entamer des travaux de rénovation énergétique dans votre habitation actuelle !
Idée reçue n°1 : “Une maison passive coûte plus cher à construire”
Une maison passive permet d'économiser 90% des frais de chauffage. Là où les Français-es dépensent en moyenne un peu plus de 1600 euros par an pour se chauffer, dans une maison passive cette somme tombe facilement sous les 300 euros.
En hiver, lorsque les températures extérieures sont très froides, il faut prévoir un petit chauffage d'appoint, mais il peut être très peu puissant. “On peut chauffer une maison passive avec un sèche-serviette !”, s'exclame Jean-Michel Pupille.
Ces économies compensent dans le temps le léger surcoût à la construction. “Même s'il n'y a pas d'observatoire des coûts des maisons passives, on peut estimer à 8 ou 10% le surcoût d'une maison passive”, indique Madeleine Martin, responsable communication de l'association La Maison Passive.
Cependant, il existe des solutions clés en main pour faire construire une maison passive pour moins de 2000 euros du m2, comme avec cette maison qui se construit en 15 jours, ou même pour 1200 euros du m2, avec ces camions réfrigérés transformés en maison passive !
Cependant, pour définir votre projet, le prix au m2 n'est pas forcément le meilleur indicatif. Entre deux maisons de même surface, celle avec des grandes vitres coûtera plus cher au m2 que celle avec des petites vitres, illustre Jean-Michel Pupille, architecte spécialisé dans la construction des maisons passives avec son cabinet PassivAct.
Le prix d'une maison ne dépend pas que de sa surface, ni de son mode de construction, mais aussi des choix architecturaux (menuiseries, nombre de pièces…) comme Jean-Michel Pupille le détaille sur son blog.
Idée reçue n°2 : “Dans une maison passive, on ne peut pas ouvrir les fenêtres”
Voilà une idée reçue que Jean-Michel Pupille entend souvent : puisqu'une maison passive est isolée de façon à être complètement étanche, pour qu'il n'y ait aucune fuite d'air et que la température reste constante à l'intérieur, on ne pourrait pas ouvrir les fenêtres pour aérer.
Faux, répond Jean-Michel Pupille. Cependant, si on laisse les fenêtres ouvertes deux heures en hiver, la maison va mettre deux heures à chauffer, car le chauffage est moins puissant que dans une maison classique.
On peut donc ouvrir les fenêtres… mais on n'y est pas obligé. Une maison passive est toujours équipée d'une VMC double-flux, un système de ventilation mécanique qui renouvelle entièrement l'air de la maison en deux à trois heures, et ce, en continu.
Idée reçue n°3 : “Si la maison retient la chaleur, on doit étouffer en été”
Les murs, le toit et toute la maison sont tellement bien isolés, qu'aucun filet d'air ne peut s'échapper de la maison. Résultat, la maison retient la chaleur et l'été, ça doit être une vraie fournaise, pensez-vous.
Sauf que toutes les maisons passives sont équipées d'une VMC (une ventilation mécanique contrôlée) double flux, équipées d'un “by-pass”. L'été ce mode permet de rafraîchir l'air intérieur : l'air frais capté à l'extérieur pendant la nuit passe directement dans le logement sans être réchauffé par l'air chaud évacué du logement.
De plus l'épaisse couche d'isolant évite que la chaleur ne pénètre trop rapidement dans les murs. Et puis, il y a de nombreuses solutions pour éviter la surchauffe comme les brise-soleils devant les fenêtres ou la végétation devant les façades.
Résultat, on peut construire une maison passive dans une région très chaude, et il y fera une température très agréable même en période de canicule.
Idée reçue n°4 : “Construire une maison passive, c'est trop compliqué !”
Pour qu'une maison soit passive, il faut qu'elle soit étanche à l'air extérieur, et qu'il n'y ait pas de pont thermique, c'est-à-dire de déperdition de chaleur incontrôlé au niveau des nœuds de construction (par exemple à la jonction entre le mur et le plancher). Cela demande d'être vigilant tout au long du chantier.
Madeleine Martin conseille de s'adresser à des professionnels qui ont déjà construit des maisons labellisées passives pour s'assurer de leur savoir-faire, en consultant l'annuaire dédié.
Il y a beaucoup de maisons passives bâties en autoconstruction par leurs propriétaires, indique également Jean-Michel Pupille. Mieux vaut cependant faire appel à un architecte ou un bureau d'étude thermique spécialisé pour calculer les déperditions de chaleur et les apports solaires de la maison et s'assurer qu'elle respecte les normes exigées pour le label.
Idée reçue n°5 : “Ça ne sert à rien de construire une maison passive, les normes à respecter pour les constructions sont déjà bien suffisantes”
Actuellement, les maisons neuves doivent respecter la RT 2012. Cette réglementation thermique définit des normes pour consommer moins d'énergie. Peut-être vous dites-vous que c'est déjà amplement suffisant.
Mais une maison passive est bien plus performante et consomme deux fois moins d'énergie qu'une maison construite selon la RT 2012.
De plus, une maison passive garantit également un confort très appréciable. “La température dans la pièce est très homogène, il n'y a pas de sensation de mur froid”, indique Madeleine Martin.
Idée reçue n°6 : “Demander le label ne sert à rien !”
La plupart des personnes qui font construire une maison passive ne demandent pas le label, car il coûte entre 2000 et 2500 pour une maison individuelle de 150 m2. Cependant, c'est le seul moyen de s'assurer que sa maison est vraiment passive, car un bureau d'étude vérifie l'étanchéité à l'air de la maison et sa consommation d'énergie sur l'année.
Pour le moment, il n'y a pas assez de recul pour savoir si les maisons passives se revendent plus cher, mais les économies de chauffage qu'elles permettent peuvent cependant être un bon argument à présenter aux potentiels acheteurs.
Idée reçue n°7 : “La norme passive, c'est seulement pour les constructions neuves”
Il est tout à fait possible de rénover sa maison pour qu'elle atteigne les performances du passif. Pour tenir compte des contraintes de la rénovation, il existe un label spécifique. EnerPhit est accordé aux maisons qui consomment moins de 25 kwh / m2 / an.