Clémence Leleu - Publié le 20 mai 2017
ZÉRO-DÉCHET - Aline s'est lancée depuis 3 ans dans le zéro déchet. Aujourd'hui, la jeune femme de la génération Y, ne produit plus qu'un sachet de détritus par an.
18h39 a décidé de mettre en lumière les initiatives et les projets de la génération Y. Ces jeunes de 25-35, qui bousculent les usages établis.
Une conscience environnementale, Aline, jeune française de 21 ans, en a toujours eu, grâce à des parents qui l'ont sensibilisé jeune à écologie.
C'est lorsqu'elle lit un article sur Lauren Singer, une jeune américaine qui n'avait pas de poubelle, que la jeune femme a une vraie prise de conscience.
“J'ai réalisé que mes actes ne reflétaient pas mes préoccupations environnementales. Remplir et vider sa poubelle est un acte tellement habituel, que je ne me rendais pas compte que ce n'était pas anodin, ni sans conséquences.”
Une grosse poubelle rime souvent avec une consommation importante, et surtout, engendre un traitement de ces déchets, le plus souvent par incinération, ce qui implique une augmentation de la pollution.
La jeune femme décide donc de se lancer, “autant que cela (lui) serait possible” dans la réduction drastique de ces déchets.
Confectionner ses produits soi-même
Elle commence par la salle de bains. Comme elle ne souhaite rien gâcher, elle finit d'abord ses tubes et bouteilles de cosmétiques et produits ménagers avant de les remplacer par leur version faite maison, confectionnée à l'aide de ses propres recettes.
“Une cuillère, un bol, et des ingrédients basiques de nos cuisines. Cela me suffit à faire la quasi-totalité de mes produits de beauté et de ménage”, explique la jeune femme, qui ne consacre désormais jamais plus de 5 euros de budget par mois à ses cosmétiques.
Puis Aline s'est mise à faire ses courses en apportant ses propres contenants : des sachets en tissu pour les fruits et légumes, des boîtes alimentaires pour les aliments humides comme par exemple les olives, et des sacs de courses en tissu.
Des nouvelles habitudes qui sont désormais totalement ancrées dans sa vie quotidienne. “Au début, j'étais timide et hésitante en demandant aux marchands de mettre les denrées dans mes boites.. Au bout de quelques mois, à force de recevoir beaucoup de compliments des caissiers, des marchands ou des clients sur ma démarche, c'est avec conviction, et même fierté que je les sors”.
Exit donc les achats dans la grande distribution, qui comportent beaucoup d'emballages. Plus aucun objet neuf ne passe le seuil de sa porte et pour les indispensables, elle se tourne vers l'occasion.
Peu à peu, Aline réduit son volume de déchets pour arriver à ne conserver qu'un 500 grammes de déchets par an. “Soit l'équivalent de ce que produit un Français en une demi-journée”, détaille-t-elle fièrement.
Moins de produits toxiques et plus d'expériences
“Mais cela n'empêche absolument pas de garder une vie (notamment sociale) totalement normale. Si je ne le dis pas, lorsqu'on me voit, il n'y a aucun moyen de se douter que je ne produis pas de déchets et que je n'achète jamais d'objets neufs”, tient-elle à préciser.
Le passage à un mode de vie zéro déchet a également d'autres avantages que ceux écologiques. “Fabriquer mes produits de beauté et de ménage, ne presque plus acheter d'aliments emballés, me passer de plastique, etc. me permet de ne presque plus être exposée aux produits toxiques”, explique la jeune femme, originaire de Bordeaux.
“J'ai aussi appris, à mon grand bonheur, à ne plus m'attarder sur ce qui est matériel, mais plus sur mes expériences. Par exemple, quand j'ai réalisé que je ne portais même pas les 2/3 des vêtements que je possédais, je les ai donnés à des associations. Cette logique appliquée à toute la maison rend la vie quotidienne tellement plus simple et rapide !”
Un partage via un blog
Pour partager sa démarche au plus grand nombre, la jeune femme, étudiante en environnement à la Sorbonne, a documenté son aventure sur son blog Consommons Sainement, sur lequel elle publie des articles conseils et des recettes.
Avec un objectif : “rendre le zéro-déchet accessible, rapide et très économique”. Aline a même édité en ligne un petit guide à télécharger gratuitement, qui recense les 8 actions faciles les plus efficace pour réduire ses déchets. Un succès, puisqu'il a été téléchargé 85 000 fois.
Aline, convaincue d'avoir fait le bon choix en éliminant de son quotidien les déchets, souhaite maintenant le faire à une échelle collective. Ce qu'elle fait actuellement auprès de la mairie de San-Francisco (États-Unis), où elle est en stage dans l'équipe zéro-déchet pour six mois.
Elle travaille principalement avec des petites entreprises locales, en les conseillant pour améliorer leur participation à la politique de réduction des déchets de la ville.
Et compte bien profiter de ce stage pour trouver de bonnes idées à rapatrier en France. Comme la présence, dans toutes les habitations, d'un bio seau pour les déchets organiques. La jeune femme disposant elle d'un composteur dans son jardin.
Aline est donc la preuve, s'il en fallait une, que l'on peut se lancer dans le zéro déchet à 21 ans, sans “devenir une personne marginale”. Et même oeuvrer pour la société !