Matthieu M. - Publié le 14 avril 2019
TINY HOUSE - Ressentant le besoin de donner un sens à leur vie, ce jeune couple a rénové un bus pour vivre à l'année sur les routes des États-Unis.
Tandis que certains rêvent d'une maison immense avec un jardin et une piscine, Ben et Meagan ont opté pour une vision un peu moins classique du bonheur puisqu'ils vivent à l'année, à bord d'un ancien bus de prison.
Ce couple de trentenaires a choisi de délaisser les schémas classiques de la réussite pour vivre la vie “qui leur ressemble”, une vie “plus saine et frugale”, pour reprendre leurs mots.
La tiny house : une quête de sens et de liberté
Le déclic se produit en 2013, après leur mariage. Ben et Meagan prennent conscience qu'ils ont accumulé une dette d'environ 100 000 dollars, en raison notamment de leur prêt étudiant respectif. Pour la rembourser le plus vite possible, ils adaptent leur mode de vie pour dépenser le moins possible. “C'est ce mode de vie qui a suscité notre intérêt pour les tiny houses”, nous explique Meagan.
Un quotidien de plus en plus minimaliste donc qui s'accompagne d'une vraie réflexion sur la notion de bonheur et une quête de sens. “On s'est demandé à quoi on voulait que notre vie ressemble une fois qu'on se serait débarrassé de la dette”, se souvient-elle.
Les deux Américains prennent conscience que la mobilité, mener une vie nomade et voyager à travers leur pays est une condition centrale de leur vie future. Ils se mettent alors à chercher un bus sur le site de petites annonces Craigslist. “On a trouvé un bus de prison en parfait état, que l'on a racheté à un homme d'affaires de 70 ans, qui l'avait acheté aux enchères et comptait en faire une tiny house, mais sa femme lui a demandé de laisser tomber ce projet”, explique Meagan.
Ils font l'acquisition du bus pour 8000 dollars (environ 7000 euros) dont la surface est d'environ 15 m². Mais pour transformer ce véhicule carcéral en maison sur roues, tout reste à faire ! Pendant deux ans, le couple met son projet en place : tandis que Ben, menuisier de formation, s'occupe de la rénovation du bus, Meagan quant à elle, se charge de créer un réseau, de trouver des opportunités pour leur vie nouvelle. “On fait une bonne équipe !”, s'exclament-ils.
Deux années passées à rénover un ancien bus de prison
Dans un premier temps, Ben a vidé l'intérieur du bus dans sa totalité. “J'ai retiré les fenêtres, l'habillage intérieur, arraché le sol”, précise-t-il. Et de poursuivre : “Puis j'ai tout installé de nouveau : la menuiserie, l'ébénisterie, j'ai tout fait moi-même. On a repeint. Nous sommes très heureux du résultat final.”
Résultat : un intérieur qui est un harmonieux mélange entre un style industriel et des touches très naturelles où le bois est omniprésent, pin blanc ou érable notamment. La particularité de ce bus ? L'absence de cloisons à l'intérieur. “Tout est ouvert, c'était important pour nous. Quand tu entres, tu vois le fond du bus, cela donne l'impression que l'endroit est bien plus grand”, ajoute Ben.
Alors, la première question que l'on se pose est : comment font-ils pour aller aux toilettes ou prendre leur douche ? Tout se fait à proximité de leur lit ! Les toilettes sont cachées dans un cube en bois qui ressemble à une table de nuit et la baignoire, en bois entièrement faite-maison, est dissimulée d'après le même principe. “On a passé la moitié de notre vie ensemble”, rappelle Meagan. Forcément, le concept d'intimité devient plus relatif.
L'élément central et préféré du couple reste le poêle à bois, qui trône au milieu du bus. “C'est important pour nous d'être confortables mais aussi de ne pas vivre dans un lieu aseptisé. On voulait recréer une ambiance cottage”, explique Ben. Au total, la rénovation aura coûté 18 000 dollars, en utilisant le plus de matériaux recyclés possibles.
Côté électricité, l'intérieur est alimenté grâce à deux panneaux solaires qui se trouvent sur le toit. “Lorsqu'il y a des nuages pendant trop longtemps, on utilise un générateur”, nous apprend-il. Et pour l'eau, le couple s'alimente gratuitement dans les parcs nationaux et tient en général un mois en remplissant leurs deux réservoirs.
Mettre en avant une autre idée du bonheur sur roues
Meagan et Ben, qui viennent de passer six mois sur les routes, ont garé leur bus de prison dans le New Hampshire, état américain de la côte Est duquel ils sont tous deux originaires. Ils en profitent pour passer du temps avec leurs amis. “C'est important de se retrouver. Tu peux te sentir un peu seule quand tu vis sur la route”, prévient Meagan.
Cette vie nomade, que ces deux free-lances documentent sur leur site internet The Wild Drive, a d'ailleurs été reçue de façon mitigée par leur famille au départ. “Ils ont eu une vie plus traditionnelle que la nôtre. Leur but a été de conserver le même travail pendant toute leur vie”, rappelle-t-elle.
“Aujourd'hui, ils sont super fiers de nous. Fiers que nous ayons trouvé un projet de vie qui ait du sens”, ajoute Meagan. Désormais, le couple s'efforce de venir en aide à celles et ceux qui souhaiteraient vivre sur la route. “On leur dit que ça va être un vrai challenge, que vivre dans un endroit plus petit n'est pas simple, au contraire. Mais ça vaut le coup !”, conclut Ben.