Matthieu M. - Publié le 16 janvier 2019
ÉCOLO - Limiter le chauffage et les douches, vivre “presque” sans frigo et réduire ses déchets : une routine à portée de toutes et tous selon la jeune femme qui a économisé 400 euros par an.
“Tout le monde devrait être écolo, sans se poser de question”, nous explique Claire, 28 ans, autrice du blog Bicarandco. Il est vrai que si tout le monde vivait comme elle, la planète se porterait sûrement bien mieux.
Car en plus de limiter de manière drastique sa consommation d'eau et d'électricité en vivant “presque” sans frigo, Claire est aussi une adepte du minimalisme et du zéro déchet. Mais la véritable prouesse tient dans le fait que la jeune femme parvienne à maintenir ce mode de vie en famille, en compagnie de son mari et de sa fille de 4 ans.
En passant la porte de son appartement rémois, nous nous attendions à pénétrer dans un décor un peu hippie à base d'odeur d'encens et de vieux meubles chinés. Les clichés ont parfois la vie dure car l'intérieur de Claire n'est rien de cela : la décoration y est soignée, colorée et un ordinateur dernier cri trône dans le salon.
A priori, rien ne diffère d'un logement classique, mais ce sont dans les détails que se cache le mode de vie écolo de la famille de Claire.
Une stratégie écolo qui paie : 400 euros d'économie sur un an
Une stratégie savamment rodée puisqu'elle a permis au couple de réaliser 400 euros d'économie sur leur facture d'énergie, la première année où ils ont entrepris un changement radical de leur mode de vie.
Il a fallu repenser entièrement leur quotidien et leur manière de se chauffer, de se laver. Dans un premier temps, la gestion de l'eau a été un élément central de leur nouvelle vie. “On a l'habitude de se laver avec un seau”, nous explique Claire, qui reconnaît s'autoriser de longues douches de temps en temps. “Mais avec un minimum d'eau”, rappelle-t-elle.
Pour cela, la famille a installé un "mousseur", une bague vissée entre l'arrivée d'eau et le pommeau de douche. Ces capsules qui envoient de l'air dans l'eau permettent de consommer moins d'eau tout en bénéficiant d'un débit similaire à une douche classique.
Côté chauffage, Claire et son mari sont tout aussi vigilants. Équipé de radiateurs électriques “qui consomment beaucoup”, le couple essaie de limiter le chauffage à la chambre de leur fille où “il fait environ 18 degrés.”
En journée, ils laissent les portes ouvertes pour laisser circuler la chaleur, dans leur chambre notamment qu'ils chauffent très peu. Dans le salon, la baie vitrée exposée sud chauffe la pièce.
Et pour ne pas laisser les appareils en veille, Claire a équipé son intérieur de multiprises avec interrupteur. C'est en accumulant tous ces petits réflexes écolo que la famille a réduit sa consommation énergétique.
Une cuisine zéro-déchet où l'on vit “presque” sans frigo
Mais c'est dans la cuisine que l'on remarque vraiment la différence. Alors que la plupart des familles s'équipent de frigo de plus en plus gros, Claire et son mari ont fait le choix de se contenter “d'un petit frigo d'étudiant.” L'absence d'un réfrigérateur classique, très gourmand en électricité, n'est pas sans conséquence sur leur facture annuelle.
Alors que trouve-t-on dans le frigo de Claire ? Essentiellement des produits cosmétiques que Claire prépare elle-même. Les produits frais et périssables, comme la viande, sont consommés rapidement, une fois que la famille rentre de sa mission course hebdomadaire. Les oeufs, le beurre, les fruits et légumes ne trônent pas dans le réfrigérateur.
“On peut aujourd'hui se permettre de manger bio”, ajoute Claire. La famille n'achète aucun plat préparé, se concentre sur les produits bruts et prépare tout elle-même. Une stratégie minimaliste qui s'inscrit dans une démarche zéro-déchet, chère à la famille écolo.
Claire nous présente fièrement un bocal, rempli à un tiers, dans lequel la famille a placé l'ensemble des déchets non recyclables qu'elle a produite depuis une dizaine de jours. “Et pour nous c'est déjà beaucoup”, s'exclame-t-elle. On est à deux doigts culpabiliser car on y trouve seulement quelques paquets de chips et des sachets de thé.
Une organisation qui ne s'est pas faite en un jour
Précisons que Claire et son mari travaillent depuis chez eux et leur fille est scolarisée à la maison, un gain de temps non négligeable. Mais Claire ne pense pas que cette organisation écolo est réservée à une poignée de jeunes parents bobo en freelance. “Quand on a commencé la démarche, on était tous les deux salariés aux 35h.”
Elle reconnait tout de même que cette transition de vie ne s'est pas faite en deux jours. “Cela prend du temps d'avoir des étagères remplies de bocaux. Il faut être patient, prendre de nouvelles habitudes, s'inventer une nouvelle routine”, précise Claire.
Comme préparer soi-même ses produits ménagers, qui a suscité au départ quelques réticences. Le produit vaisselle notamment : “mon mari voulait que ça mousse pour que cela soit bien propre.” Depuis, tout est fait maison et prend moins d'une heure par semaine à Claire pour tout faire.
Alors pourquoi sommes-nous si nombreux-ses à faire perdurer nos mauvaises habitudes ? Peut-être parce que nous attendons toujours notre “déclic”, qui nous fera basculer de l'autre côté de la force. Pour Claire et son mari, c'est la naissance de leur fille qui a été un élément déclencheur. “On a voulu éliminer tous les produits néfastes et toxiques, au niveau de l'alimentation, de l'hygiène, des produits ménagers”, se souvient-elle.
Et si la clé de la prise de conscience écologiste passait par la parentalité ? Pas si sûr. En décembre 2018, une infographie publiée par l'Agence France Presse avait été largement commentée puisqu'elle laissait entendre que ”avoir un enfant en moins” était la meilleure décision à prendre pour réduire son empreinte carbone.
Pas de panique, cette donnée issue d'une étude suédoise serait incomplète puisqu'elle omettait les conséquences économiques d'un tel geste. De nombreux scientifiques ont d'ailleurs expliqué qu'il était préférable de faire des enfants écolo plutôt que pas d'enfant du tout !