Marie Tétrel - Publié le 16 mai 2018
POTAGER - Des fruits et des légumes toute le long de l'année sans bouger le petit doigt, ça vous intéresse ? Découvrez les conseils de nos experts pour vous lancer !
Prendre soin de la terre, de votre famille, le tout sans trop d'efforts sont des notions qui vous correspondent ? Lancez-vous dans la création de votre potager !
En adoptant la permaculture, cette philosophie respectueuse de l'environnement et très prisée au jardin, vous récolterez de bons fruits et légumes.
Votre jardin sera pensé de façon à minimiser vos interventions. En prenant votre temps et en observant votre environnement, vous prendrez plaisir à voir pousser ce que vous semez, sans pesticides !
1 - Pour un potager en permaculture : commencer par vérifier l'état du sol
Dans une terre pauvre, vous aurez du mal à faire pousser des plantes, même les plus robustes. Avant tout travail de la terre, il faut donc évaluer son état afin de lui apporter des fertilisants naturels.
Pas besoin d'être géologue pour analyser votre sol. Franck David, jardinier permaculteur, membre de la SCOP SaluTerre et auteur d'ouvrages sur la permaculture, partage quelques astuces
- Plus la terre de votre sol est foncée et plus elle sent bon la forêt, plus votre sol est en bonne santé. Au contraire, si la terre est très claire et qu'elle sent mauvais, elle aura besoin d'apports.
- Regardez ce qui pousse sur votre sol : plus il y a de plantes présentes, mieux c'est.
- Prenez un peu de terre humide dans votre main : si vous arrivez à former un boudin, c'est que votre terre contient de l'argile, et qu'elle est excellente.
- Le test de la verrine : mettez ⅓ de terre de votre jardin et ½ L d'eau dans une bouteille avec un bouchon. Secouez comme un cocktail, puis laissez décanter 24h. Vous pourrez observer les différentes strates qui composent votre sol et voir s'il y a de l'argile ou trop de sable.
2 - Ensoleillement et vent : bien choisir l'emplacement de son potager en permaculture
Observer l'environnement est un des principes fondamentaux de la permaculture. Pour que les plantes se développent au mieux, il faut être attentif notamment à l'ensoleillement de la parcelle, mais aussi à la présence de couloirs venteux.
Observez votre jardin pendant une année. En effet, la course du soleil sera différente en hiver et en été. Cela fait varier les ombres portées de vos bâtiments ou encore des arbres sur votre parcelle. Idem pour le vent, qui peut tourner en fonction des saisons. En fonction, vous pourrez déterminer l'emplacement de votre potager.
Sur un feuille, dessinez un plan d'orientation de votre futur potager. Vous pourrez annoter ainsi chaque événement, chaque ombre portée, chaque couloir de vent, ce qui vous aidera à organiser votre potager.
Une fois que vous aurez identifié tous les facteurs, vous pourrez imaginer des subterfuges afin de les contrer. Par exemple, un couloir de vent d'hiver sera réduit si vous plantez une haie d'arbustes feuillus au nord de votre potager.
3 - Préparez le terrain : aérer et nourrir le sol
Une fois que vous aurez analysé votre sol, il faut le préparer, surtout s'il a besoin d'apports pour être en parfaite santé.
Vous pouvez vous séparer de vos outils de jardinage classique, comme votre bêche, car “le bêchage est un non-sens biologique”, explique Franck David.
Pour aérer le sol sans le retourner, vous pouvez utiliser une Grelinette, sorte de fourche à deux manches munies de 3 à 5 dents.Il vous suffit de planter les dents dans le sol d'avant en arrière.
Pour les petites surfaces ou quand le sol est déjà bien préparé, vous pouvez utiliser un croc forgé à 3 dents.
Pour nourrir le sol, il faut le pailler. Tonte de gazon, paille, carton… de multiples éléments peuvent vous être utiles au paillage. N'hésitez pas non plus à épandre du fumier ou du compost. En 6 à 8 mois, votre sol sera de nouveau fertile.
Vous pouvez également installer des lasagnes (couches successives de matières organiques) dans le cas où votre sol est très pauvre, ou que vous souhaitez créer votre potager sur une terrasse.
Une fois que votre sol est nourri, ne le laissez jamais nu, pour maintenir une dynamique de vie. “Il faut prendre le réflexe de laisser in situ tous les déchets”, ajoute Serge Schall, jardinier et auteur de l'ouvrage Mon premier potager en permaculture (Larousse).
Dans nos jardins français, il n'est souvent pas nécessaire de réaliser des installations compliquées (comme des buttes avec des troncs enterrés) pour que le potager soit efficace. “À mon avis, cela est utile pour les terres à problème, ou pour celles et ceux qui ont plus d'expérience”, explique Serge Schall.
4 - Choisissez des plantes et semis bio et reproductibles pour un potager en permaculture
Vous avez envie de tout semer ? C'est tout à votre honneur. Mais sachez que faire ses semis soi-même demande beaucoup de temps, et est parfois très contraignant.
Pour les débutants, Franck David conseille de varier entre semis et plants de dernière minute.
De préférence, choisissez des pieds et des graines bio, reproductibles (donc non F1, que l'on trouve généralement dans le commerce), que vous pouvez retrouver chez des maraîchers bios ou des petits semenciers. N'hésitez pas aussi à échanger vos graines et plants, ou à utiliser des grainothèques !
La première année, vous pouvez planter dans votre potager des plantes pérennes, qui seront en place pour de nombreuses années, comme les herbes aromatiques ou les arbustes fruitiers.
Faites ensuite la liste des plantes annuelles (qui se reproduisent chaque année) et les plantes bi-annuelles (qui se reproduisent tous les deux ans) afin de contrôler et anticiper vos prochaines productions.
Avant de les planter et de les semer, dessinez-les sur votre plan d'orientation, afin de leur trouver le meilleur emplacement. Toutes les plantes doivent avoir la place de s'épanouir et recevoir la quantité de soleil nécessaire.
5 - Préparez l'arrosage pour un bon potager en permaculture
L'eau est bien évidemment un élément clé pour que votre plantes se développent et grandissent. Une méthode simple utilisée dans tous les jardins bios : le paillage. Nous l'avons évoqué plus haut car il nourrit la terre, mais il permet également de conserver un sol humide.
Néanmoins, si le climat de votre région est rude, vous pouvez, comme le conseil Serge Schall, installer un tuyau microporeux, qui distillera de l'eau dans votre potager.
6 - Accueillez les animaux pour repousser les nuisibles
Qui dit agriculture bio, dit culture sans pesticide. Et pour lutter contre les nuisibles, il est de bon ton de faire confiance à la nature. “Si vous observez beaucoup d'escargots ou de limaces dans votre jardin, c'est que la biodiversité est déséquilibrée”, analyse Franck David.
Pour remédier au problème des nuisibles, il suffit d'adopter quelques gestes simples :
- Le compagnonnage : les plantes, associées entre elles, se protègent mutuellement.
- Accueillir les oiseaux, les hérissons etc., qui mangent les insectes.
L'idéal : prévoir des refuges et des cachettes pour que vos compagnons sauvages puissent s'y installer. Laissez des tas de feuilles mortes et de bois, plantez des arbustes avec de petits fruits.
À retenir
- Vérifiez l'état de votre sol : plus la terre est foncée et qu'elle sent bon la forêt, plus elle est fertile.
- Faites un plan pour choisir l'emplacement de son potager : sur un plan d'orientation, notez les ombres portées, les couloirs de vent, la course du soleil.
- Préparez votre terrain : pour le rendre fertile, nourrissez-le avec du compost, du fumier et du paillage.
- Choisissez vos plants et semis bio et reproductible : en fonction de vos envies, et de vos compétences en jardinage.
- Créez un moyen d'arroser sans effort : un bon paillage retiendra l'eau, et un tuyau microporeux vous permettra d'arroser sans effort votre potager.
- Accueillez les oiseaux et animaux sauvages du jardin : ils éloigneront les nuisibles de votre potager. Installez-leur des refuges naturels.