Lisa Hör - Publié le 28 septembre 2017
PHÉNOMÈNE - Se lever une heure plus tôt pour faire du sport, méditer, lire et écrire... cette routine promet de vous changer la vie. Mais peut-on la suivre dans la durée ?
Il y a un peu plus d'un an, en août 2016, Sephora décide de se lancer dans une nouvelle routine chaque matin. Plus question de dormir le plus longtemps possible, cette consultante en financement de l'innovation, âgée alors de 29 ans, règle son réveil une heure plus tôt que d'habitude, à 6 heures.
Au programme : yoga, méditation, visualisation de ses objectifs, affirmations positives (“Je suis forte, je suis solide” étant sa préférée), et écriture dans son carnet d'objectifs.
Sephora suit (presque) à la lettre la fameuse méthode du Miracle Morning (le matin miraculeux, en français), mise au point par l'auteur américain Hal Elrod.
“Au début on est très content, le monde nous appartient”, se souvient-elle. Mais avec la rentrée et ses déplacements professionnels qui l'obligent à se lever encore plus tôt, il devient de plus en plus difficile de suivre le rythme.
“On lisait partout que ça transformait la vie des gens. Je m'astreignais et je culpabilisais les jours où je n'y arrivais pas”. Sephora passe rapidement de l'enthousiasme à la déprime, comme elle le raconte sur son blog Instinct Vegan.
Quand elle décide finalement d'arrêter, c'est “une libération”. Pour elle, l'expérience aura duré trois mois.
Alors est-il vraiment possible de suivre cette routine exigeante sur le long terme ? Et quel impact a-t-elle sur le quotidien des personnes qui l'ont testée ?
Bien être et succès professionnel : les deux promesses du Miracle Morning
Depuis la parution du best-seller d'Hal Elrod en 2012 (traduit en français en 2016 sous le titre Miracle Morning, offrez-vous un supplément de vie), le phénomène Miracle Morning fait chaque jour de nouveaux adeptes.
En France, près de 40 000 fans s'échangent conseils et citations inspirantes au sein de la communauté dédiée sur Facebook.
Laura Mabille a grandement contribué à ce succès. À 26 ans, voilà deux ans qu'elle se lève tous les matins à 5h30, pour faire du sport et dérouler les six activités prescrites (appelées “life SAVERS”, sauveurs de vie en français).
“Cela m'apporte un bien être physique et mental. Je nourris mon cerveau avec la méditation et la lecture. C'est un moment pour moi, pour toutes ces choses qui passent au second plan habituellement dans la journée, et une habitude de vie que je veux conserver”.
Cette nouvelle routine lui a également apporté la réussite professionnelle (un point important dans la vision d'Hal Elrod, qui participe au mythe de la success story à l'américaine).
Devenue entrepreneure, elle a vendu son livre sur le sujet (Le Guide pratique Miracle Morning, éditions First, 2016) à des dizaines de milliers d'exemplaires, et propose sur son site des formations en ligne pour créer son propre rituel matinal.
Trouver son propre rythme et ses propres rituels
Pour Laura Mabille, que l'on cherche à progresser dans sa vie professionnelle ou que l'on vise avant tout l'épanouissement personnel, chacun peut trouver son bonheur grâce à la routine officielle mais il est également possible de l'adapter à son rythme de vie.
“Il peut y avoir une routine pour une mère de famille, ou une personne avec des horaires décalés”, indique-t-elle. Il n'est pas obligatoire de se lever à 5h30, l'essentiel est de se lever plus tôt (et de se coucher plus tôt, pour ne pas perdre d'heures de sommeil).
Et si l'on n'arrive pas à suivre les consignes et à accomplir tous les SAVERS ?
“Dès que je fermais les yeux pour méditer, je me rendormais”, raconte Roberta, 26 ans, auteure du blog Réglisse et Myrtilles. Cette éducatrice pour enfants s'est essayée au Miracle Morning l'an dernier, en se levant à 5h30 quotidiennement, pour lutter contre le sentiment de stress et l'impression de “ne rien faire de constructif de [sa] journée”.
“Être dans le calme ne me correspond pas tellement, j'ai besoin de bouger pour me réveiller”, estime-t-elle.
Elle a donc arrêté de suivre les préceptes du Miracle Morning au bout de deux mois, pour privilégier une routine sur-mesure : lever vers 7h quand elle commence le travail après 10h, liste de choses à faire, petit-déjeuner devant des vidéos sur Youtube... et jogging !
Cependant cette première expérience guidée par le livre d'Hal Elrod lui aura permis de s'habituer à se lever plus tôt, y compris le week-end, et à s'entraîner plus régulièrement. Jusqu'à courir son premier semi-marathon en octobre dernier !
Tenir la distance ou... faire appliquer le Miracle Morning à temps partiel
Aïta, 22 ans, étudiante en humanités et sciences politiques, a choisi quant à elle de pratiquer le Miracle Morning... à temps partiel !
“Le plus difficile, c'est d'essayer de mettre en place cette super routine et de vivre une vie nocturne... Il faut choisir !”, s'exclame-t-elle. Lorsqu'elle est de sortie, elle s'autorise donc à dormir plus longtemps le matin suivant.
“Je mets en place la routine du Miracle Morning lorsque je sais que j'ai des rendez-vous importants, une journée bien chargée ou des cours, et je me réserve des jours de "dévergondage"”, poursuit-elle.
De la même façon, Sephora, qui se reprochait de ne pas tenir le rythme, considère aujourd'hui le Miracle Morning comme “une boîte à outils”, qu'elle utilise lorsqu'elle en a le temps.
“C'est une méthode hyper positive dans le sens où elle amène à réfléchir sur ce que l'on veut”, développe-t-elle. “Mais il faut piocher dedans, en restant flexible et sans se culpabiliser.”
En conclusion, si vous êtes tenté-e, ne vous faites pas (trop) violence. “Il faut y aller progressivement”, insiste Laura Mabille. Avancer son réveil de 15 minutes la première semaine, 30 minutes la deuxième et ainsi de suite.
Et si vous abandonnez pendant un certain temps, recommencez en suivant ces paliers, et pas directement en vous levant une heure plus tôt !