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INTERVIEW - Guest to Guest a révolutionné l'échange de maisons sur Internet. Son fondateur, Emmanuel Arnaud, nous donne la formule pour voyager à moindres frais et en toute liberté.

Des inconnus qui vous prêtent gratuitement leur riad avec piscine à Marrakech : le rêve. Pour Emmanuel Arnaud, rien de plus normal. Depuis qu'il a lancé il y a quatre ans Guest to Guest, un site Internet d'échange de logements, il voyage beaucoup plus confortablement qu'avant.

Ce site est aujourd'hui le leader mondial pour troquer sa maison ou son appartement le temps des vacances, que l'on soit locataire ou propriétaire. Sa grande idée : l'échange n'a plus besoin d'être réciproque ni simultané. Rien à voir avec Airbnb, qui permet à chacun de sous-louer son logement pour quelques jours : ici, pas question d'argent.

Comment vous est venue l'idée de lancer ce site ?

En 2011, je voulais passer le réveillon à Florence en Italie, en passant par un site d'échange de logements. J'ai repéré un logement, mais ses occupants ont refusé l'échange car ils ne voulaient pas venir chez moi à Paris. Je me suis dit que c'était dommage de ne permettre que les échanges réciproques, au même moment.

Quelles solutions avez-vous trouvées ?

Imaginons que vous habitiez à La Rochelle, en Charente-Maritime. La probabilité d'organiser un échange avec des gens de New York est proche de zéro. Les Américains n'ont pas envie de venir à La Rochelle. Mais avec Guest to Guest, vous pouvez accueillir un Parisien et gagner des points pour partir à New York par exemple.

Quand on s'inscrit sur le site, on gagne jusqu'à 750 points en remplissant sa fiche. Cela permet de partir une semaine, sachant qu'une maison moyenne est aux alentours de 100 Guest Points par nuit. Un algorithme calcule la valeur de chaque maison en fonction du nombre de couchages, des équipements (jacuzzi, piscine..) et de la localisation.

Si l'échange n'est pas réciproque, où sont les gens quand on vient chez eux ?

Dans 90% des cas, ils sont ailleurs. Dans une résidence secondaire, partis grâce à un autre échange, chez la famille, à l'hôtel... Mais les retraités sont souvent demandeurs pour rester chez eux pendant que leurs invités sont là. La maison est grande, les enfants sont partis... recevoir des gens qui viennent de partout, c'est sympa.

 

Qu'est-ce que l'échange de maisons apporte de plus qu'une location à un particulier ?

Nous proposons un produit plus démocratique que les services de location. L'inscription et l'échange sont complètement gratuits, seuls les services optionnels, comme l'assurance ou la caution sont payants. (Le principal concurrent, Home Exchange, a fait le choix de l'abonnement payant, ndlr.) Une fraction de nos membres ne pourraient pas partir en vacances sans nous. D'autres partent plus loin, plus longtemps ou de manière plus confortable.

Y a-t-il un échange qui vous a marqué ?

L'an dernier, une famille espagnole est venue chez moi. Ils m'ont laissé un mot pour dire que c'était les meilleures vacances de leur vie. Leurs enfants avaient insisté pour faire un cadeau aux miens, pour les remercier de leur avoir prêté leurs jouets. Ça m'a beaucoup touché. J'ai eu l'impression d'être un type formidable parce que je leur avais laissé mon appartement alors que ça ne m'avait rien coûté, et qu'ils m'avaient même rendu service en gardant mon appart, et en arrosant mes plantes vertes !

Comment être sûr que l'échange va aussi bien se passer ?

L'échange de maisons est anxiogène. On s'imagine assez facilement une horde de barbares qui viennent envahir son intimité et casser le vase de sa grand-mère. Le plus rassurant, c'est d'échanger avec quelqu'un qui nous ressemble. C'est pourquoi le site fonctionne comme un réseau social, avec des groupes : ceux qui aiment le thé, la littérature, le naturisme...

L'hôte peut aussi décider de mettre une caution sur sa maison ou demander à son invité de prendre une assurance. Mais je tiens à souligner que la caution en elle-même n'a été prélevée que quatre fois depuis notre création.

 

 

 

80 à 90% des échanges s'accompagnent d'un de ces services payants, cela vous suffit pour être rentable ?

Non, pas du tout, on est complètement déficitaires ! Mais tout va bien pour nous : on vient juste de lever 4 millions d'euros grâce à la Maif, l'assureur avec qui l'on travaille.

Nous voyons un futur avec des millions d'utilisateurs à travers le monde. Quatre ans après le lancement, nous avons déjà 130 000 maisons sur notre site. On ne fera jamais disparaître Airbnb, le camping ou l'hôtel, mais ça va devenir une vraie mode pour partir en vacances.

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