Adèle Ponticelli - Publié le 27 janvier 2017
ÉCOLOGIE - Vous aurez toutes les clés pour choisir au mieux vos prochaines fenêtres, afin d'obtenir le meilleur bilan énergétique.
Que l'on soit en plein projet de construction, qu'on ambitionne de rénover son habitation, ou qu'on doive simplement changer ses fenêtres, c'est une question qui s'impose. Double ou triple vitrage ?
Des avantages thermiques évident
Selon Etienne Vekemans, président de l'association La maison passive, il y en a bien : “d'un point de vue uniquement thermique (UW) le triple vitrage reste plus intéressant que le double”. Et le spécialiste de l'habitat écologique de lister les avantages :
- L'hiver, le triple vitrage diminue les déperditions thermiques (les pertes de chaleur).
- Il améliore le confort et permet de supprimer les parois froides que sont généralement les fenêtres et leur environnement proche : il augmente ainsi la surface "confortablement habitable" du logement. Très utile en rénovation aussi, puisque cela permet de réduire les zones propices aux moisissures.
- L'été, il limite les entrées solaires inutiles qui sont sources de surchauffes estivales.
Le triple vitrage, c'est pas automatique
Mais l'équation des avantages et inconvénients est un peu plus compliquée que cela. Il y d'autres données à prendre en compte, comme le rappelle La maison passive, ainsi que l'Ademe (l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie).
“Il existe aujourd'hui des double vitrages très performants, il n'est pas toujours utile de mettre en place un triple vitrage. C'est une solution, certes, mais à n'envisager que lorsque la situation géographique, notamment, l'exige”, explique Samira Kherrouf, chef de projet bâtiment à l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie.
“En France, à part dans les régions où il fait beaucoup plus froid l'hiver comme le nord-est de la France par exemple, ou certaines régions très ventées, le triple vitrage n'est pas à généraliser”, précise-t-elle.
L'apport solaire des vitrages : une donnée importante
Qu'est-ce que cela fait si on met du triple vitrage alors qu'on n'en a pas réellement besoin ? “On peut se tromper en isolant trop, parce qu'on va perdre en apport solaire, et donc en performance énergétique, poursuit la chef de projet de l'Ademe. Autrement dit, on devra chauffer plus, au détriment de l'apport solaire, qui fonctionne comme un capteur passif et gratuit.”
C'est le facteur solaire (SW). Ça a l'air technique, mais c'est assez simple. Le facteur solaire correspond aux apports solaires permis par le vitrage, soit l'énergie, issue de rayons du soleil, qui entre par les surfaces vitrées.
Ce facteur varie en fonction de la qualité du vitrage, double ou triple. Il varie de 0 à 1, plus on est proche de 1 plus on a de rayons de soleil qui traversent.
Le triple vitrage a longtemps eu un facteur solaire bien en dessous des doubles vitrages et était donc moins avantageux, car le gain de chaleur gratuit que représente l'apport solaire était moindre.
“Le facteur solaire s'est beaucoup amélioré pour tous les vitrages, surtout le triple : on obtient des SW = 0,63”, indique Etienne Vekemans, de La maison passive. “Cela permet aussi d'améliorer la transparence des vitrages”. Un bon point pour les habitations qu'il juge souvent bien trop sombres.
Faire un choix informé grâce à une étude thermique dynamique
On résume : il faut donc arbitrer entre les apports solaires et l'isolation, et ce, compte tenu de la situation géographique de l'habitation et de son orientation.
Très bien, mais comment s'y prend-on ? Martin Morgeneyer qui édifie sa maison passive en autoconstruction, a opté pour du triple vitrage, avec châssis en PVC et volets roulants. Pour ce faire, il a fait faire une étude thermique de son projet de construction, c'est-à-dire une simulation qui vise à analyser les dépenses et déperdition thermique pour optimiser le bâti en conséquence.
Pour Martin, le message clé est que "tout se quantifie". Entre les données des fournisseurs et les études thermiques, chacun peut faire soi-même un choix informé. Et pour encore plus de précisions, Fabrice Fouriaux, conseiller info énergie climat, préconise une étude thermique dynamique, qui modélise le comportement de l'habitation sur une année.
"L'aspect dynamique permet de mieux prendre en compte l'inertie du bâtiment", argumente-t-il. C'est-à-dire leur capacité à stocker l'énergie thermique qui va ensuite être redistribuée dans le logement.
Le coût de la prestation, qui représente une journée et demie de travail, revient à 1500 euros, selon le conseiller qui rappelle que "cela va peut-être permettre une économie de 10% d'énergie". Un bon investissement donc, qui ne concerne pas que le vitrage.
Faire attention au poids des fenêtres
Reste la question du poids. Le triple vitrage est nécessairement plus épais (une vitre de plus) et plus lourd. Il existe des triples vitrages avec une vitre intermédiaire très fine, mais leur tenue et transparence dans le temps n'est pas encore connue.
C'est un point plus important pour les rénovations d'habitations. Il faut s'assurer que la fenêtre n'est pas trop lourde, et que le cadre de la fenêtre, plus épais, s'adapte. Sinon, la pose se fait comme pour le double vitrage.
À retenir
- L'intérêt de poser un triple vitrage dépend de sa situation géographique et de l'orientation de son habitation.
- Pour bien choisir son vitrage, il faut prendre en compte sa capacité d'isolation thermique (UW), mais aussi le facteur solaire (SW).
- Pour faire un choix informé, le mieux est de faire une simulation thermique dynamique.
- En rénovation, vérifier que le bâti peut soutenir un châssis de triple vitrage.