| | |

ANCIEN RÂLEUR MAIS NÉO-RURAL - Parisiens, Lyonnais, Bordelais, Lillois, les citadins attirés par la campagne ont désormais l'occasion de "tester" cette vie de façon collective.

Le virus toucherait une grande partie de la population : votre frère, votre mère, votre voisin, votre collègue pourrait l'avoir contracté... Peut-être même êtes-vous atteint par cette fièvre sans le savoir ? On veut parler bien sûr de l'envie de quitter la ville pour vivre plus près de la nature. Selon une étude du site de recrutement Cadremploi cité par Ouest France en 2021, 82 % des cadres parisiens déclarent vouloir quitter la capitale. Une autre étude révélait la même année que 69% des Franciliens avaient déjà commencé des démarches pour déménager hors de la région.

Face à ce désir grandissant pour une nouvelle vie, Hugo Szpak et Noé Marguillard ont décidé de lancer KOS, une initiative originale pour aider et encourager toutes celles et ceux qui souhaitent vivre dans des villages et villes de taille modeste, entre 1000 et 10 000 habitants. Le concept, qui a mis du temps à se dessiner définitivement, est né d'une réflexion simple : le principal obstacle au déménagement vers la campagne, c'est la peur de l'isolement et de l'inconnu.

"On voulait donner une solution à nos proches qui râlent et veulent quitter les grandes villes", nous explique Noé Maguillard au téléphone. On connaît plein de jeunes actifs qui n'arrivent pas à sauter le pas, alors on s'est dits créons le camp de base idéal pour créer cette transition." Aujourd'hui, une double proposition structure l'offre de KOS : d'une part, la création d'une communauté de familles autour de ce changement de vie, certaines ayant fait la démarche depuis longtemps, d'autres souhaitant les imiter ; d'autre part, la possibilité d'expérimenter la vie à la campagne dans des maisons rénovées et en location meublée.

Exemples d'espaces communs pour prendre ses repas. © KOS

Redynamiser des territoires qui en ont besoin

Quitter la ville, oui, mais pas pour aller n'importe où ! Hugo et Noé ont bien conscience que les néo-ruraux d'aujourd'hui ont une certaine exigence en termes de confort ou d'accessibilité, ils n'iront pas forcément se couper du monde, même si le désir de ralentissement est bien présent. "On a passé du temps à caster les lieux, à décortiquer les villes qui cochent notre cahier des charges, explique Noé. On est parti de 400 entretiens avec des personnes intéressées et on est arrivé à une check-list de la ville idéale, avec des petits commerces de proximité, boulangerie, pharmacie, primeur... et si possible à moins de 2h30 porte à porte de Paris en train."

A priori, la tache est rude, mais les deux jeunes entrepreneurs, qui se sont rencontrés en école de commerce, ne chôment pas pour sillonner la France à la recherche de perles rares. Leur dernier coup de coeur, c'est en Bourgogne-Franche-Comté qu'ils l'ont découvert, dans un territoire vieillissant qui cherche à retrouver du dynamisme : Semur-en-Auxois, 4000 habitants. Ici, il fait bon vivre d'après eux : "C'est pas n'importe quelle petite ville, on constate un afflux de citadins depuis quelques temps, mais la population est vieillissante, il y a donc un enjeu de maintenir la ville en vie et d'attirer des gens plus jeunes pour redonner un souffle."

Une déco rustique mais aussi moderne, pour un confort total. © KOS

Des maisons et des expériences à partager dans toute la France

Pour l'aménagement, Noé et Hugo discutent avec des petites marques françaises de mobilier et d'accessoires pour agrémenter la maison, comme Ooni, une marque de four à pizza d'extérieur, ou Oyat, une marque de brasero pour la terrasse. "Cette façon de concevoir l'espace et de créer du lien à l'intérieur de cette communauté, c'est notre valeur ajoutée, conclut Noé. On garantit la même qualité de lieu de vie à l'échelle nationale et un accès à cette communauté de gens avec les mêmes envies."

Capables aussi de se remettre en question, les fondateurs ont reconnu récemment dans un billet de blog avoir fait fausse route au début en imaginant une location d'un mois occupé par des jeunes urbains. Aujourd'hui, ils ont appris de leur erreur et se recentrent sur les familles et les séjours longs, une preuve d'engagement qui saura, espérons-le pour eux, séduire de futurs habitants.

© KOS