Lisa Hör - Publié le 7 février 2019
DÉSENCOMBREMENT - Julien Home Organizer vient à domicile pour vous accompagner dans le tri et la réorganisation. Vers une vie plus légère !
Article mis à jour le 2 septembre 2020.
Sa devise pourrait être “Vivez libéré, désencombrez votre vie”. Son nom de code : Julien Home Organizer. Il intervient chez les particuliers qui ont besoin d'aide pour simplifier leur quotidien, les conseiller pour bien trier leurs affaires et réorganiser les espaces.
On a voulu en savoir plus sur ce métier encore peu connu et ce qu'il pouvait apporter aux gens.
18h39 : Ranger et organiser, n'est-ce pas simplement du bon sens ? Est-ce vraiment nécessaire de faire appel à un professionnel ?
Julien Home Organizer : Les personnes qui vont appeler un home organizer sont celles qui ont essayé seules mais qui n'y arrivent pas, parce qu'elles n'ont pas le temps ou le côté pratique. Parfois, les raisons sont plus profondes, de l'ordre de la psychologie. Cela peut être des personnes qui fantasment une organisation mais qui ne peuvent pas passer à l'action, parce qu'elles n'ont pas assez confiance en elles et se cachent derrière des excuses, de manque de temps ou autre. Le home organizer va stimuler la personne et l'accompagner dans ce désencombrement.
Les personnes qui m'appellent sont plutôt citadines, à 60 % de classes moyennes “moins”, ce ne sont pas des personnes super aisées, contrairement à ce que l'on pourrait penser.
Est-ce que vous prenez en charge les personnes qui sont atteintes du syndrome de Diogène ?
Non, ça ne m'est pas arrivé. Si l'on me sollicitait pour cela, je les redirigerais vers des professionnels de santé, car c'est un trouble psychologique lourd.
D'où vous est venue l'envie de devenir home organizer ? Vous adorez ranger, comme Marie Kondo, qui a fait connaître cette profession ?
Pas du tout, ce n'est vraiment pas du tout ça ! Ce qui me donne l'étincelle, c'est la mise en action, la prise de décision, la prise de conscience de ce qui est essentiel pour l'autre et la mise en place de nouvelles habitudes de consommation et organisation.
Je suis comédien, je me suis senti dans l'inaction pendant quelques mois, après un projet de théâtre tombé à l'eau. Au même moment, j'ai eu l'opportunité d'acheter un appartement à rénover. J'ai commencé aussi à voir des docus sur le traitement des enfants dans les usines textiles, sur le continent de plastique. Tu ne sais pas pourquoi, mais à ce moment-là tu écoutes et tu es touché.
Donc, je m'installe dans un appart et je veux qu'il soit le plus proche de moi, simple, sain, organisé. Le plus simple possible si un jour je veux tout plaquer. Je ne suis pas minimaliste mais je possède peu de choses dans chaque catégorie d'objets.
Plutôt que Marie Kondo, je conseille Dominique Loreau (autrice de l'Art de la Simplicité, éditions Laffont, 2005, ndlr.) Elle parle de revenir à des choses simples, naturelles, de ramener des matériaux nobles dans la maison pour se respecter soi.
On est blindés d'objets qui nous polluent l'esprit, qui nous complexifient la vie, qui nous font croire qu'il faut travailler plus pour gagner plus. Pour moi la liberté, c'est d'avoir très peu de choses, pour vivre le moment présent et se sentir fort.
Désencombrer et réorganiser sa maison, ça rend vraiment plus heureux ?
Plus heureux, je l'espère, mais en tout cas plus conscient de qui on est, de ce qu'on veut réellement et de ce qu'on ne veut pas, ça nous place en acteur fort de sa vie. Tu vas être plus heureux car tu vas connaître l'estime de soi, la gratitude, que tu n'as pas forcément quand tu es dans la passivité de l'achat. Tu vas te mettre à la rénovation de meubles, par exemple, alors que tu pensais ne pas être créatif, ça va te donner du pouvoir et une grande satisfaction. Peut-être que c'est ce qu'on appelle le bonheur, en tout cas, ça s'en approche.
Quelle est votre méthode pour y parvenir ?
C'est une méthode simple et efficace qui fait travailler sur 3 points :
- désencombrer
- trier
- réorganiser l'espace
Je fais en sorte que tout ce qui sort de la maison rentre dans l'économie circulaire, que la personne revende ou, mieux, donne les objets dont elle ne veut plus.
Commencer par les choses usuelles, sans valeur sentimentale. Si la personne est une fashionista par exemple, je ne commence pas par le dressing, mais par la cuisine, plus facile à désencombrer pour elle. Comme ça, on obtient un avant / après qui va la conforter. La personne va ressentir un bienfait et petit à petit, se dire “si je fais la même chose dans mon dressing, je vais être bien”.
C'est plutôt rare, un homme dans cette profession !
Il y en a très peu. Malheureusement, même si on parle beaucoup des problèmes de sexisme dans la société, les problèmes de surmenage et de charge mentale pèsent encore beaucoup sur les femmes. Ce sont donc elles qui décident de réorganiser leur maison.
Depuis un an que je me suis me lancé, je n'ai eu qu'un homme qui a fait appel à moi. Mais quand j'arrive dans une maison et que je travaille sur des pièces communes, je m'assure que le mari est au courant de mon existence et je veux connaître son point de vue sur la question. Je ne touche pas aux affaires de la personne sans sa présence. Donc s'il ne veut pas que je touche à ses affaires, je vais travailler sur ses objets à elle. Ce n'est pas un échec, car c'est une porte d'entrée dans la maison. Si je fais bien mon travail et qu'elle va vers la simplicité, ça va toucher tout le monde, peut-être que lui aussi va vouloir s'y mettre.