Lisa Hör - Publié le 9 juillet 2018
FABLAB - La France accueille deux évènements internationaux en juillet, Fab14 et Fab City Summit. Profitez-en pour découvrir l'univers des FabLabs : cela pourrait vous entraîner plus loin que vous ne le pensez.
Cet été, la France est au centre de la galaxie maker ! C'est là que les membres de ce mouvement qui prône le faire soi-même et surtout le “faire avec les autres”, selon l'expression du sociologue Michel Lallement, ont prévu de se rencontrer.
Après la Chine et le Chili, la 14e conférence internationale des FabLabs, Fab14, aura lieu à Toulouse, bastion du mouvement maker en France, et dans plusieurs autres villes de l'hexagone.
Ce grand rendez-vous s'ouvrira à Paris dès le 11 juillet 2018, avec le 3e rassemblement du réseau Fab City, le Fab City Summit. Une belle vitrine !
La France a un esprit maker
Ce n'est pas un hasard si la France a été choisie par la FabFoundation pour accueillir ces deux évènements. La France se classe deuxième en nombre de FabLabs. On en compte plus de 150 officiels, qui suivent une charte de valeurs communes.
“On a un esprit de makers, on est un pays de bricoleurs, c'est dans la culture. Aux États-Unis, ils ont le plus de FabLabs au monde, mais cela ne représente pas tant de lieux que cela par habitant”, estime Minh Man Nguyen, président de Fab City Grand Paris.
Les premiers FabLabs se sont ouverts au début des années 2000 autour d'une question, comme nous l'expliquait Camille Bosqué, spécialiste du sujet : qu'est-ce qui se passerait si tout le monde avait accès aux machines de fabrication numérique, dont l'emblématique imprimante 3D, pour réaliser ses projets personnels ?
“Pour nous, il est important que les gens aient accès gratuitement à ces machines”, affirme Sherry Lassiter, présidente de la FabFoudantion, depuis les États-Unis. Si tous les FabLabs ne sont pas gratuits, les abonnements ou les forfaits pour accéder aux machines se veulent le plus souvent accessibles.
Un public qui se diversifie : les familles à l'assaut des FabLabs
En permettant de créer, mais aussi de réparer, les FabLabs s'insèrent, aux côtés des Repair cafés, dans une vision plus large de reprise en main de son quotidien. Une plus grande autonomie, une consommation plus responsable, plus écologique : ces valeurs sont souvent partagées par les membres des FabLabs.
Au départ principalement prisés par les entrepreneur-euses et les étudiant-es, les FabLab français ont vu leur public se diversifier. Les familles viennent de plus en plus nombreuses. Elles sont attirées par les cours d'initiation à l'imprimante 3D ou à la découpeuse laser. Une fois qu'on en maîtrise les bases, l'imagination est quasiment la seule limite pour fabriquer ses propres objets.
“C'est extraordinaire le bénéfice que les gens peuvent retirent de leur fréquentation des FabLabs, s'enthousiasme Sherry Lassiter. C'est très valorisant de fabriquer quelque chose soi-même, cela prouve qu'on a les moyens de faire des choses. Il faut vous y rendre et emmener vos enfants !”
“Il y aura autant de FabLabs que d'écoles”
Cette démocratisation des outils ouvre des perspectives. “Les FabLabs relèvent les barrières mentales, décrypte Alexandre Rousselet, l'un des fondateurs du Réseau des FabLabs français. Vous prenez un village de 2000 habitants, les jeunes disent “je veux être boucher ou coiffeur” parce qu'ils n'ont pas eu l'opportunité de voir autre chose. À travers les FabLabs, ils vont ouvrir leur champ d'ambition.”
Travailler dans l'informatique, l'ingénierie ou même le spatial… “Il y a des gens qui se transforment et se disent finalement pourquoi pas, je pourrais peut-être le faire”, constate-t-il.
“Je crois vraiment qu'il y aura autant de FabLabs que de postes ou d'écoles en France”, se projette Alexandre Rousselet, en soulignant la diversité de nos lieux de fabrication, source d'inspiration à l'international.
Des FabLabs pour changer la ville aussi
L'impact sur le quotidien est d'autant plus fort qu'avec le réseau Fab City, dont font partie déjà Paris, Brest, Toulouse et la région Occitanie, les FabLabs changent d'échelle et font de toute la ville un terrain d'expérimentation et d'action.
“C'est l'occasion d'avoir plus de transparence à l'échelle de la ville, de comprendre comment les choses se décident, mais aussi comment les produits sont fabriqués”, répond Francesco Cingolani, porte-parole du Fab City Summit, quand on l'interroge sur l'intérêt principal du réseau Fab City pour les habitant-es.
Toute la ville est mise à contribution, “avec des friches d'agriculture urbaine, des petites entreprises, des think tanks…”, explique-t-il. Concrètement, les citoyen-nes sont invité-es à participer, que ce soit en découvrant comment les artisans travaillent, en cultivant un potager partagé, ou, comme à Paris, sur la Place des Fêtes, en fabriquant du mobilier urbain récup' pour se réapproprier la place publique.
Et de conclure, “le mouvement ne tient pas s'il n'y a pas de participation citoyenne.”