Clémence Leleu - Publié le 10 avril 2016
ÉCHANGE - Le réseau social de troc entre particuliers, fondé par le Français Vincent de Montalivet optimise les échanges grâce un algorithme.
Des livres de cuisine contre une affiche de cinéma, un vêtement contre une vieille Nintendo, une cocotte en fonte contre une chaise... Rien ne se perd, tout se troque. Génération 2.0 oblige, cela se passe dorénavant sur internet.
Vincent de Montalivet et son associé Martin Rucker ont lancé il y a deux ans la nouvelle version de leur site Myrecyclestuff. La nouveauté ? La mise en place d'un algorithme qui permet aux utilisateurs de trouver plus facilement ce qu'ils cherchent en fonction de leurs pôles d'intérêts.
En 2009, les deux amis se sont lancé dans l'économie collaborative. À l'époque, aucun site de troc entre particuliers n'existe. Les deux comparses, pour l'un ingénieur et l'autre diplômé d'une école de commerce, créent alors un réseau social de troc et l'étrennent auprès de leurs amis.
Depuis, Myrecyclestuff a bien grandi et compte aujourd'hui dix milliers d'utilisateurs pour environ 100 000 trocs atteints en deux ans.
Comment fonctionne Myrecyclerstuff ?
C'est très simple, il suffit de s'inscrire sur le site, de se créer un profil en renseignant son nom, son prénom et sa ville. Ensuite, on choisit les univers de troc qui nous intéressent. Nous en avons créé douze dont déco, voyage, high-tech, enfance. Ensuite on met à jour sa vitrine avec les objets que l'on possède et ensuite on se met à troquer !
Et au niveau des transactions ?
Une fois que l'on a trouvé un objet qui nous intéresse dans la vitrine d'un des troqueurs, on lui fait part de notre envie de troc. Le détenteur de l'objet convoité sélectionne alors dans nos propres objets ceux qu'il estime de valeur égale et le (ou les) propose en échange du sien. Si cet objet ne convient pas, il est possible de proposer d'autres objets en contre-partie jusqu'à temps que le troc convienne aux deux membres. Par ailleurs, il n'y a aucune frontière concernant les univers des articles. On peut très bien troquer des livres contre du matériel de sport ou des objets pour enfants contre une lampe.
Pourquoi avoir intégré un algorithme à votre nouvelle version ?
Nous nous sommes assez vite heurté à la limite du troc classique : trouver au même moment deux personnes intéressées par l'échange de deux objets. Nous avons donc travaillé avec un expert en programmation non linéaire (ndlr : technique qui optimise les données) et l'aide précieuse d'Oséo afin de développer un outil qui permet d'échanger à plusieurs. C'est ce que nous appelons les trocs circulaires. L'offre et la demande sont ainsi mieux synchronisées. Ainsi, la personne à qui l'on donne n'est pas celle de qui on reçoit son objet. Pour être plus clairs : le troqueur A donne à B, qui donne à C qui donne à A. Ces multi trocs peuvent accueillir jusqu'à dix personnes. En moyenne, ce sont six utilisateurs qui se connectent dans ces grandes boucles de troc.
Avez-vous d'autres projets de ce genre ?
Le principal point noir de Myrecyclestuff est le modèle économique, car un tel site est difficile à monétiser dans la mesure où il n'y a aucune publicité et que l'inscription est gratuite. Nous arrivons à financer le projet par la formation auprès de grands comptes (ndlr : une grande entreprise, un client important) qui souhaitent se lancer dans les plateformes coopératives.
Nous travaillons depuis quelques temps sur le lancement d'une autre structure qui fonctionnerait de la même façon, mais dédiée aux professionnels et basée sur le co-business, avec un système d'abonnement. Il s'agirait de ventes par compensation entre entreprises : l'achat serait compensé par la réalisation d'une prestation.