Lisa Hör - Publié le 8 janvier 2019
ZÉRO DÉCHET - Près de 70 000 personnes qui ont participé au défi Rien de Neuf, lancé par l'association Zero Waste France en 2018. L'objectif : acheter d'occasion pour économiser les ressources environnementales.
Article mis à jour le 26 novembre 2021 : Nous remettons en avant cette initiative, toujours d'actualité, car il est encore possible de s'inscrire au défi, avec un suivi personnalisé.
Il y a encore un an, sans être une serial shoppeuse, Valentine, 38 ans, avait “des phases” durant lesquelles elle achetait sans réfléchir. “Quand j'avais besoin de quelque chose je m'orientais tout de suite vers du neuf, sans trop me poser de question”, reconnaît-elle aujourd'hui. Comme la plupart d'entre nous, en somme !
Mais début 2018, elle a décidé de relever le Défi Rien de Neuf, lancé par l'association Zero Waste France. Le principe : acheter le moins de produits de consommation courante neufs (mis à part l'alimentation et les produits d'hygiène) et ce, pendant un an. Depuis, près de 70 000 personnes se sont inscrites, c'est maintenant l'heure du bilan !
Prendre conscience de l'impact de chaque objet
“L'idée est de faire prendre conscience que les déchets ne sont pas seulement dans nos poubelles, explique Marine Foulon, chargée de communication de l'association. Derrière chaque objet neuf, il y a tout un tas de ressources utilisées, qu'on ne voit pas.”
Les matières premières, l'énergie dépensée pour la production et le transport… voilà ce que l'on préserve et économise lorsque l'on se tourne vers l'occasion, le partage ou encore la réparation.
L'étude récente de l'Ademe, qui dévoilait l'impact caché de 45 objets du quotidien, permet de se faire une idée. La fabrication d'un lave-linge, par exemple, mobilise 2,1 tonnes de matières première et pollue autant qu'un aller-retour Paris/Toulouse en avion.
Si Valentine a racheté un lave-vaisselle neuf, elle a tout de même cherché des alternatives le plus souvent possible. Et toute la famille a suivi : son mari s'est réfréné pour n'acheter qu'un jeu vidéo “et pas cinq”, ses enfants ont eu des jouets d'occasion pour Noël.
Même démarche chez Aude, 38 ans, autrice du blog Contes de fées, dont le fils de 6 ans a “demandé au Père Noël de faire un effort pour la planète, en offrant des jouets d'occasion, sans emballage”. Quant à la fois où le petit Noah a eu envie d'une crosse de hockey, ils se sont amusés à la fabriquer ensemble, avec du bois, quelques vis et une chaussette.
Trouver d'occasion : plus facile qu'on ne le pense
Aucune des personnes interrogées pour cet article n'a donc vécu ce défi comme longue série de contraintes. Il faut dire qu'elles étaient déjà dans une démarche zéro déchet depuis quelques temps.
“Je me suis rendue compte que j'achète très peu de choses neuves, ça fait des années que je vais à Emmaüs pour les vêtements, raconte ainsi Marlène, 30 ans. J'ai quand même acheté un soutien-gorge neuf, mais quand quelque chose est cassé, je le répare, je fais de la couture.”
Bien sûr, certains objets ne sont pas faciles à trouver d'occasion : une paire de chaussures pour l'une, des lunettes de soleil pour enfant pour l'autre… Marlène, elle, a craqué sur un legging pour faire du yoga. “Je me le suis fait voler, c'était un signe de l'univers, rigole-t-elle. Finalement, j'en ai retrouvé un de seconde main.”
Mais, bien souvent, trouver des objets d'occasion s'avère plus simple qu'on ne pourrait le croire. Valérie, 49 ans, et sa famille ont quitté la Réunion pour s'installer près de Bordeaux en août dernier et ont dû entièrement remeubler une maison pour cinq personnes. Ils n'ont acheté qu'un lit, tout le reste a été chiné ou donné par des amis ou de la famille.
En réalité, ils ont même refusé certains dons, qui ne leur convenaient pas. Car le risque, en achetant d'occasion, serait d'accumuler et de ne pas s'en tenir à ses seuls besoins, estime Valérie. Pour elle, zéro déchet et état d'esprit minimaliste vont de paire.
Poursuivre sur sa lancée
Quid du regard des autres ? L'entourage est le plus souvent bienveillant, et se laisse parfois entraîner dans l'aventure, mais Valentine a eu “quelques discussions assez lunaires” avec ses collègues. “Ils me disaient : “si tout le monde faisait comme toi, tout le monde serait au chômage, le pays serait ruiné”. Je leur répondais en leur donnant l'exemple de la fast fashion, des armoires remplies d'habits qu'on ne met jamais…”
Marlène, elle, s'est donné le droit de continuer à acheter chez les libraires, pour rémunérer les auteurs, chez les artisans et les boutiques locales, qui sont dans une démarche environnement.
Zero Waste France renouvelle l'opération chaque année l'opération, avec l'objectif d'arriver à 100 000 personnes mobilisées.
Aude, comme nos autres témoins, va poursuivre sur sa lancée. Mais le défi sera encore plus grand, puisqu'elle déménage avec sa famille dans une maison à rénover. “Forcément, on va devoir acheter du neuf, on a trouvé des radiateurs, des luminaires, de l'électroménager d'occasion mais pour la peinture c'est plus compliqué…”, se projette-t-elle. Mais, même dans ce domaine, il y a des solutions, à l'image de cette association, qui revend des matériaux de construction sauvés de la benne. Alors, tenté-e par l'expérience ?