Matthieu M. - Publié le 3 août 2020
POTAGER - Les semences paysannes permettent aux fruits et légumes de développer des capacités d'apprentissage. Pascal Poot est un pionnier en France.
Si vous vous lancez dans l'aventure du potager, l'une des premières choses à faire est de connaître sur le bout des doigts la fréquence d'arrosage des fruits et légumes que vous venez de planter.
Pascal Poot lui, n'a pas ce problème. Depuis une quarantaine d'années, il fait pousser des légumes sur sa ferme de l'Hérault, sans jamais les arroser. Son secret ? Les semences paysannes qu'il défend depuis des années, alors que ces dernières étaient encore interdites aux particuliers jusqu'au 11 juin 2020.
Un précurseur que nous sommes allés rencontrer. Voici notre reportage vidéo pour comprendre comment cela fonctionne :
Les semences paysannes nourrissent l'humanité depuis la nuit des temps
Pascal Poot n'avait pas d'argent quand il a fait l'acquisition du terrain sur lequel se trouve sa ferme aujourd'hui. “Personne n'en voulait”, nous explique-t-il. La raison ? Pas une seule goutte d'eau dans les environs. A priori impossible d'y faire pousser quoi que ce soit. Pourtant, la terre aride est devenue un immense potager en quelques années.
Pour y parvenir, Pascal Poot plante des semences qui permettent aux plantes de s'habituer à pousser sans eau ou de vaincre certaines maladies. Ses fruits et légumes sont résilients. Pourquoi ? Les semences qu'il utilise et propose à la vente sur son site, ce sont des “semences paysannes”.
Définition
“Depuis le néolithique, les semences paysannes sont utilisées pour nourrir les hommes. Ces dernières ont trois particularités : une pollinisation libre, des variétés gustatives et une diversité génétique”, nous apprend le site de la Cité de l'Agriculture de Marseille.
Vous l'ignorez peut-être, mais la plupart des semences que l'on utilise en jardinerie sont des semences hybrides contrairement aux semences paysannes de Pascal Poot. Alors quelles différences ?
Les semences hybrides : homogènes mais transformées
Les semences paysannes sont directement prélevées sur les fruits et légumes récoltés, contrairement aux semences hybrides qui sont produites par les industriels. Car les semences hybrides répondent à des critères spécifiques, détaillés par un cahier des charges officiel. Les hybrides répondent à un besoin de rendement et de qualité important, voulu par les industriels pour l'agriculture classique.
“Chaque semence inscrite doit répondre à des conditions techniques de distinction, d'homogénéité et de stabilité mais aussi apporter un progrès agronomique et/ou technologique et/ou environnemental”, explique la Cité de l'Agriculture. Les semences hybrides F1 (de première génération) sont donc le croisement de deux variétés dont on estime les propriétés intéressantes. Pascal Poot les appelle les “semences RoboCop”.
C'est pour cette raison que toutes les tomates, carottes, aubergines, que l'on trouve dans la grande distribution se ressemblent. La diversité génétique des semences est abandonnée au profit de la standardisation. Ainsi, pas de déception quand les fruits et légumes poussent, ces derniers ressembleront à l'idée que vous vous faites d'eux. Pas de “fruit moche” ou d'une couleur bizarre à déplorer.
Mais le problème c'est que re-semer des semences hybrides entraîne un rendement médiocre. Autrement dit, si vous semez une graine issue d'un végétal de semence hybride, elle perd de sa vigueur. Conséquence, les particuliers et agriculteurs doivent chaque année, acheter de nouvelles semences hybrides.
Mais depuis le 11 juin 2020, les semences paysannes sont autorisées à la vente auprès des particuliers. Une aubaine pour les jardiniers, selon Pascal Poot, car en plus d'être résistants à la chaleur ou aux maladies, les fruits et légumes issus de ces semences gagnent en qualité gustative et nutritionnelle.
“Le résultat de cette sélection se traduit entre autres par le fait que nos variétés produisent de 10 à 20 fois plus de vitamines, d'antioxydants et de polyphénols que les variétés classiques ou hybrides”, peut on lire sur le site Internet de Pascal Poot.
Alors, vous vous lancez ?